Brieven 1888-1961
(1997)–Alexander Cohen– Auteursrechtelijk beschermdAan W. van Ravesteynaant.Toulon, ce 9.v.'58
Mon cher Ravesteyn,
Me voici debout - pour combien de temps? - Après avoir passé plusieurs jours dans mon lit où une fort douloureuse crise de rhumatisme me tent cloué, et je m'empresse maintenant de vous écrire et bien chaleureusement vous remercier de l'aimable souvenir, que, sous la forme d'une contribution au recueil: ‘Opstellen’, offert au Dr Kossmann,Ga naar eindnoot1 vous avez voué au Paradox, ce petit brûlot lancé par moi il y a une bonne soixantaine d'années, et dont, hormis vous, bien peu de nos contemporains doivent se rappeler l'éphémère existence. Parmi les citations empruntées par vous a eet agressif petit écrit, première manifestation de l'esprit de ‘non-conformisme’ - Menno ter Braak dixit - de ‘rébellion’, dirai-je, contre toute forme d'oppression, de droite comme de gauche, qui a caractérisé toute ma longue vie, il en | |
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est une qui m'a été particulièrement agréable. Celle-ci: ‘In de plaats van de nog slechts uit sleur en kracht-van-gewoonte voortbestaande regeeringsvormen: constitutioneele en andere monarchieën en republieken, die elken dag iets van haar prestige verliezen, staat ons eerstdaags de yzeren scepter der volksregeering te wachten. (Dit “eerstdaags” kan nog een jaar of dertig verwyderd zyn. Misschien vyftig. Liefst honderd!).’ (Or, c'est a trois jours pres, vingt ans exactement après cette prédiction, datant du 20 novembre 1897, a savoir: le 17 novembre 1917, que fut forgé, en Russie, le sceptre de fer, du gouvernement du peuple, qui, depuis lors, tient courbée sous son poids toute l'Europe oriëntale, et, nouvelle épée de Damoclès, est suspendu sur le reste d'un monde désaxé.) On m'objectera, a juste raison, que le régime tsariste n'avait rien de particulièrement attrayant, et qu'il pouvait disparaître sans laisser de regrets. D'accord! Mais toute liberté individuelle, avant la prise de pouvoir des communistes, n'y était pas radicalement extirpée. On y pouvait respirer! Tandis qu'à présent la notion même de liberté de l'être humain est abolie, à l'instar de la métropole moscovite, dans presque tous les pays de l'est européen, tels que la Hongrie, la Pologne, la Boulgarie, la Roumanie et la Tchéco-Slavie. (Quant a ce dernier pays, dont le régime, par le canal de son journal officiel, se glorifiait, il y a quelques mois, de disposer ‘déjà’ - c'est-a-dire: en attendant mieux - de ‘quarante mille juges populaires’, je vous fais tenir, ci-joint, pour le cas où la presse hollandaise aurait omis de publier cette ahurissante information, une coupure du Monde, soit une dépêche de l'Agence Française de Presse, datée de Prague, 6 mai, et dont la lecture m'a grandement diverti.Ga naar eindnoot2) Comme moi, mon cher Ravesteyn, vous vous souvenez, sans doute, que ces mêmes Tchèques, qui, a présent, supportent si allègrement le plus immonde régime gouvernemental que l'on puisse s'imaginer, se sont plaints, naguère de ‘l'intolérable oppression’ que leur faisait subir le bien débonnaire gouvernement impérial autrichien. Et je ne puis pas ne pas me rappeler eet incommensurable crétin de Benèsj, proclamé ‘grand démocrate’ par tous les imbéciles du vieux et du nouveau monde, et qui, quelques semaines a peine avant la guerre mondiale no ii, cria sur tous les toits de Prague, qu'il préférait l'‘Anschluss’ au rétablissement des Habsburgs.) J'ai constaté, avec une bien vive satisfaction, que la définition de ma | |
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personne comme ‘de Jacques Gans van vroeger’, n'était pas de votre fait à vous, mais du stupide cacographe, auteur de l'article du n.r.c.t en date du 1 avril dernier. Cette anachronique identification ne me flatte pas le moins du monde.Ga naar eindnoot3 Et maintenant, cher vieil ami, je veux vous demander la permission de vous adresser... comment dirai-je? ... une legére critique, ayant trait a en fin de votre article, qui, dans son ensemble, m'a fait un si grand plaisir. Vous m'y appelez ‘een waarlyk groot man’ et un ‘waarlyk groot Nederlander’. Et cela m'a paru - pardonnez-moi ma franchise! - outré et prêtant a rire. Un ‘grand homme’, moi? Voyons, Ravesteyn! Cela me gêne. J'accepte bien volontiers, le reste de vos louanges. Je crois être, en effet, ‘un homme courageux’, ‘een onzer beste stylisten’, ‘als schryver even scherp als geestig’, ‘onverschrokken’, et doué, begaafd met ‘een diepe rechtvaardigheidszin’. Vous voyez que je ne suis pas modeste, ni ne feins de l'être. Mais ‘un grand homme’, non! Peut-être suis-je, dans le fin fond, et bien que je préfère la France a mon pays de naissance, un ‘goed Nederlander’. Mais ‘een groot Nederlander’, non! Pour terminer cette déjà longue lettre, que, courbé comme je suis obligé de me tenir sur ma table de travail, je n'écris pas sans assez vives douleurs dans le dos, quelque chose qui vous fera plaisir: une définition du communisme moscovite et du hitlerisme, formulée par A. Roland Holst dans une lettre adressée, en octobre '39, a van Deyssel, et que publie le plus récent no de Maatstaf, en date d'avril: Juist thans, dat onze oude, West-Europeesche wereld steeds meer onder den voet dreigt te worden geloopen door de gedrilde collectivisten, de onafzienbare horden van derderangsch-kordaten, de eindelooze cohorten van volslagen onpersoonlyke knechten, voorafgegaan door reuzen, die gehoorzaam en slordig jongleeren met hamer, hakenkruis en sikkel... juist thans’, etc.Ga naar eindnoot4 Ziedaar dus alles voor van-daag, en in gespannen afwachting iets van u en de uwen te hooren. p.s. - Van myn neef J.B. Polak in Deventer, die u onlangs schreef, vernam ik, eenige dagen geleden, dat gy, verleden winter, een been hebt gebroken en geruimen tyd, met groote pynen, te-bed hebt gelegen. Hoe is het nù met u gesteld? - Ik kan, met ‘kennis van zaken’, van deze soort mésaventures spreken, na twee maal myn rechterarm te | |
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hebben gebroken, de eerste keer door een val van ruim 3 meter hoog, op een rotsigen bodem, by welke gelegenheid ik tegelykertyd drie ribben brak, en een oogenblik bewusteloos bleef liggen. In november '42, een paar dagen na de overrompeling van Toulon door de Moffen, is myn vrouw, by het olyven plukken, uit den boom gevallen, brak haar linker-bovenarm op twee plaatsen en liep, bovendien, een gelukkigerwyze niet te ernstige verwonding aan haar achterhoofd op. Het is alles, by haar en by my, ‘goed afgeloopen’ en terechtgekomen, by myn vrouw voornamelyk door zaak-kundige massage. Met de hartelykste groeten van ons beiden aan u-zèlf, uw vrouw en uw zoon, dien wy met groot genoegen weer zouden zien.
t.t. Alexandre Cohen
U zult myn hier en daar onduidelyk schrift, en, vooral, myn talryke doorhalingen etc. wel willen excuseeren. |
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