Brieven 1888-1961
(1997)–Alexander Cohen– Auteursrechtelijk beschermd[Brieven 1905]Aan Kaya Batutaant.Batavia (Hôtel des Indes) Samedi, 14.1.'05.
Kaya chérie,
Te voici partie depuis exactement 3× 24 heures, et ce me semble une éternité déjà - Comme j'ai pas mal de courses a faire, la journée se passé sans trop d'ennui, mais les soirées sans toi sont terribles. La nuit je me réveille tout le temps et il m'arrive de causer au bantel goulingGa naar eindnoot1 - qui ne répond pas - en me figurant une seconde que c'est toi - J'ai fini ici a Batavia. Hier, vendredi, j'ai été voir le Gouverneur général a Buitenzorg.Ga naar eindnoot2 J'ai causé très librement avec lui, comme c'est mon habitude, et il ne semblait pas en éprouver de déplaisir - d'autant qu'il a lui-même un parler plutôt soldatesque. Demain, dimanche, je pars pour GaroutGa naar eindnoot3 que je compte quitter mardi dans l'après-midi. En route vers l'est de Java, je m'arrêterai sans doute a Gombong (école des pupilles = enfants de troupe (métis). Je ne sais pas encore au juste si je passerai a Sourabaya, en route pour Bali. - J'ai photographié avec plein succes le jeune Jantje Moltzer avec sa familie et sa suite. - Je t'envoie - soit dans cette lettre, soit par petit paquet recommandé (je ne sais encore au juste) - quelques-unes des photos prises la veille de ton départ. (Je dois passer les prendre ce soir). Tu es le mieux sur le kiekje où mon frèreGa naar eindnoot4 se tient a genoux. C'est facheux, car cette image est plutôt bébête. Mais je suis bien content néanmoins de te voir ‘le sourire sur les lèvres’. Mais je trouve facheux, par contre, de ne pas posséder de nous deux, toi et moi, de photo potable. - Je ne te demande pas, chérie, de quelle façon tu as passé tes premières journées a bord. J'espère l'apprendre ce soir ou demain par là lettre que tu n'auras pas manqué de m'envoyer de Padang. L'aurai-je, seu9lement, cette lettre, avant d'avoir quitté Garout? | |
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Kayouchka chérie. - J'ai bien sommeil, je suis bien fatigué, il faut que je fasse encore mes malles - lever demain matin à 4 1/2 h. - mais je ne veux cependant pas ne pas achever cette lettre. Si je l'emporte a Garout, au lieu de la poster ici, tu la recevrais plus tard... Je t'expédie par le même courrier, recommandé, un petit paquet contenant cinq photos. J'espère qu'elles te feront plaisir. - Il y en a une pour ta mère - lisse ou mat a ton choix - de celles dont il y en a deux. Eh bien, chérie, la ‘liberté’ te plaît-elle?Ga naar eindnoot5 Sérieusement: l'une des raisons pourquoi, finalement, je t'ai laissé partir, c'était que je sentais chez toi le désir, la nécessité d'être soustraite, pendant q.q. semaines au moins, à ma tyrannie - tyrannie bien intentionnée toujours, mais tyrannie tout de même. Et c'est pour cela - pour cela surtout - que j'ai cédé enfin. Et je sais bien aussi que chez toi ce n'était pas seulement cela, mais aussi, et beaucoup, la très belle et très tendre intention de me rendre l'arrivée à Paris et le travail ensuite plus agréables. Car ça été tout de même un sacrifice pour toi de ne pas continuer a voyager dans ce merveilleux pays. Je te remercie de tout mon coeur de cette nouvelle preuve de désintéressement. Bonsoir, Kaya chérie, je m'en vais faire mes paquets. Cinq bons baisers: deux sur les yeux, un sur la bouche, deux dans le cou,
de ton solitaire Sandro
Amitiés a ta mère, à la familie KukuGa naar eindnoot6, les petites Meillié, les Bastié etc. etc. Comment va Grip Ne marche pas dans la neige. Ne te laisse pas coller de fausses pièces de cent sous. Ne laisse pas brüler la soupe. Ne perds pas tes petits peignes. Ecris lisiblement mon adresse. Ne te promène pas sur le balcon en chemise de nuit. Ne perds pas les clés. Ne mange pas trop de Klappa mouda.Ga naar eindnoot7 Ne prends pas froid. Ferme le gaz. Ecris-moi souvent. Envoie-moi des journaux. |
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