Brieven 1888-1961
(1997)–Alexander Cohen– Auteursrechtelijk beschermdAan Kaya Batutaant.Bois-le-Duc 3.7.99 (Mme Polak, Pensmarkt) Kaya chérie, En rentrant d'une petite excursion avec ma soeur je trouve ta lettre d'hier, dimanche. J'ai tes lettres vite maintenant, en moins de 24 heures. -Je ne comprends pas ton reproche: d'avoir fait mon petit dossier en ‘journaliste’. Rien n'est moins éloigné de moi que de faire le ‘journaleur’, tu le sais bien. J'ai raconté les faits plutôt furieusement, au courant de la plume, et je te jure que je n'ai pas pensé une seconde a faire parade de mon journalisme. Si j'y ai parlé du ‘Paradox’, ce n'était pas non plus dans l'intention de me vanter de cette publication, mais pour, au besoin, convaincre Cl.[emenceau] que mes sentiments francophiles ne sont pas ‘d'occasion’ ou bien manifestés uniquement pour le décider a marcher. Rien ne me répugnerait que de rentrer en France grâce aux démarches de C. si ce même C. n'est pas absolument convaincu de mes très sincères sympathies pour son pays... qu'il aime avec raison. Voilà, si je me | |
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rappelle bien, pourquoi j'ai cité le ‘Paradox’.Ga naar eindnoot1 N'est-ce pas? que c'est par rapport a C. que je dite le ‘P’.? Quelle coïncidence! Nous sommes allés aujourd'hui, ma soeur et moi, voir un très vieux, très beau et très vénérable petit chateau a q.q. distance de B.-l.-D. Ce chateau renferme des collections artistiques de toute espèce et de toute beauté. Je t'envoie ci-joint une petite photographie du chateau.Ga naar eindnoot2 Nous sommes sortis à 11 heures ce matin et rentrès a 5 h. p.m. Au retour, le long des champs de blé, j'ai cueuilli des... bleuets, a ton intention. Je voulais en mettre dans ma prochaine lettre. Et voilà que dans la tienne je trouve... des bleuets. N'est-ce pas curieux? - Comme le récit de tes discussions à l'atelier me plait. J'entends ga d'ici. Tu penses comme je brüle d'impatience d'être à Paris pour prendre ma part à la lutte, que n'est pas finie il me semble. Oui, quelle fangeuse crapule, ce monsieur de la ‘Patrie’Ga naar eindnoot3 dont l'âme honnête se révoltait à l'idée que ce malheureux DreyfusGa naar eindnoot4 avait mis pied a terre en France. Comme on aimerait se trouver face a groin avec ces assassins pour les faire taire. Si l'on en vient aux mains, je te garantis que je n'attendrai pas l'autorisation pour venir à Paris. - Si le petit historique ne te plaît pas tel que je l'ai fait, ne le donne pas, et copie seulement les dates des événements essentiels. D'ailleurs je ne pensais plus du tout, quand je Vavais terminé, que tu devais le donner tel quel. Il suffit de le relire pour être convaincu du fait que, si du commencement mon intention était de simplement énumérer les événements et te munir d'un petit historique que tu pouvais tel quel remettre a Cl. - j'avais complètement perdu de vue ce but en continuant d'écrire. Et lorsque j'avais fini et relu le document, j'ai bien vu ga, mais le courage me manqua pour recommencer. - Merci pour les journaux reçus ce matin. J'y ai vu que tu avais reçu ma lettre. Ci-clos donc des bleuets et la photo du petit chateau. Je l'ai achetée pour te l'envoyer. Veux-tu la conserver bien et ne pas la perdre? Cette nuit la petite a encore couché avec moi. Mais j'ai bien dormi cette fois et sans l'horrible peur de l'écraser. Elle aussi a dormi toute la nuit, et rien n'était drôle que de voir son étonnement (ce matin) de ne pas se réveiller dans sa chambre a coucher habituelle. Non, elle ne parle pas encore: elle balbutie: mèmmè (maman) et pèppè. Je l'ai tout le temps et je chante avec elle, dors, l'enfant, do. Elle dit alors doo, doo. Sa bouchette est grande comme un dubbeltje. Ma soeur te salue bien. J'ai la première fois mangé des cerises aujourd'hui. Pas besoin de te demander si tu t'en as payé déjà Mille bons baisers de ton affectueux Sandro. | |
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Que surtout Cl. insiste sur une prompte réponse de W.[aldeck]-R.[ousseau]. Je ne peux plus attendre. Je suis trop las. |
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