Brieven 1888-1961
(1997)–Alexander Cohen– Auteursrechtelijk beschermdAan Kaya Batutaant.Sch.[iermonnikoog] 22.6.99 (jeudi) Kaya chérie, Reçu ta lettre de lundi soir. Laisse-moi te dire tout de suite que j'étais déjà très malheureux avant la réception de ta lettre. La soirée d'hier et la journée d'aujourd'hui ont été des plus mauvaises. Mon Dieu, que je suis malheureux. Ta lettre, chérie, n'est pas dure ni méchante. Mais pas consolante non plus. Tu as raison: je nepeux pas vivre sans affection. Tout ce que j'ai a te dire a ce sujet est: donne-moi ce que tupeux et sous la forme que tu voudras. Est-ce bien ainsi, Kaya chérie? - Quel ennui avec ton argent volé. Mais ga se répare. Je t'envoie par le même courrier un mandat de 20 fr.: car je sais qu'il est très ennuyeux d'être sans la sou, et tu dois aimer - oh comme je comprends cela - a payer ta mère recta. Comme je ne dépense rien, pas un ‘kwartje’ par jour, je peux facilement me passer de 20 fr. Ne te fais donc pas de bile pour cela. Mathilde est toujours très malade. Elle délire sans cesse. Hier soir j'ai télégraphié a Dokkum pour des citrons. Je les ai reçus tantót et les ai envoyés par Wiebe. Je suis très heureux d'avoir pu faire ga, et plus encore d'y avoir pensé. Toujours pas de ministère! Comment tout cela finira-t-il, et quand? Je suis absolument a bout d'endurance, et dans un état de sombre désespoir. Voici trois nuits consécutives que je n'ai pas dormi une heure. Cela me brise. Impossible d'être seul une minute. Je veux dire que d'être seul m'est devenu absolument intolérable. Le petit Wie- | |
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be est plaqué sur un des sofas pendant des heures entières. Je lui donne des cigarettes et ne lui dis rien ou guère. Il est très patient. Lorsque Visser est à la maison (nous ne sommes pas allés a Oostmahorn, le vent était trop fort) ou dans son jardin, je vais auprès de lui. Je ne peux même pas être seul dans le jardin. Ce matin j'ai fait une petite promenade avec le secrétaire, qui décidément est la bonté et la gentillesse mêmes. II passé tous les jours plusieurs heures avec moi. II s'étend sur un sofa, moi sur un autre et nous fumons en buvant du thé. Il est fiancé, son amie est ici en visite chez sa soeur et son beau-frère, et lui (le secrétaire) vient tout de même chez moi pendant des heures. N'est-ce pas que c'est gentil? - Crois-tu toujours que je pourrai rentrer à Paris? Et vite, vite? Pense un peu ce que ce serait si un jour j'apprenais qu'il faut renoncer a cette illusion. C'est alors la mort sans rémission, et immédiate. Abandonné comme je suis.. Envoie-moi des journaux, veux-tu? J'aimerais avoir (mais une seule fois uniquement) le FigaroGa naar eindnoot1 et le ‘Temps’.Ga naar eindnoot2 C'est pour voir un peu deux nuances un peu autres que l'‘Aurore’. J'aime beaucoup l'‘Aurore’ et je suis très content de lire ce journal batailleur et crane, mais il me faut une fois voir le ‘Fig’ et le ‘Temps’. Mais une fois seulement, ça me suffit et ces journaux sont trop chers. Mais toujours F‘Aurore’ si tu veux bien. Non, je ne peux pas travailler, et c'est ce qu'il y a justement de plus terrible. Je ne peux rien faire, absolument et quoi que ce soit. C'est atroce, n'est-ce pas? Comme ta petite carte d'hier était douce et gentille. Ta lettre d'aujourd'hui aussi est tendre a des endroits. Et ce:Ga naar eindnoot3 ta Kaya ‘intentionnellement'souligné. Je te bénis, Kaya chérie. M'écriras-tu bientôt encore? - Ci-clos de petites fleurs, des immortelles et q.q. myosotis (ne m'oublie pas). Te verrai-je bientôt? De tout mon coeur reconnaissant ton Sandro |
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