Brieven 1888-1961

Aan Kaya Batutaant.

44 Albany Street.

London w.

[juillet 1896]

Kaya adorée,

Comme tu es méchante, tu penses donc que c'est pour mon plaisir que je ne t'écris que des cartes? Mais, malheureuse, je n'ai pas le temps! Je n'ai pas une minute à moi, et ne sais littéralement pas où donner de la tête! Tiré par ici, bousculé par là. Comme je regrette d'être venu. Toi tu as le temps de m'écrire! - J'ai vu ici les personnes suivantes, qui te saluent bien: Bernard (brave et noble comme toujours), Papillon, Turot, Tcherkessof,¹ Nettlau. En outre j'ai vu mon Gérault-Richard² et quelques crapules de socialos. Ce matin le congrès a commencé: c'était délicieux vraiment. La même ignoble comédie de toujours. Finalement les socialos, qui voulaient étrangler toute discussion, nous ont menacé de la police! Délicieux!

Pas le temps, chérie, de t'écrire davantage. Il faut que je sorte. Traduire encore et toujours. Merde, merde, merde! Je ne suis pas à la noce. Ecris-moi, et bientôt. Et beaucoup.

Mille millions de baisers affectueux,

ton Sandro qui t'adore.

Pardonne ce sale papier. Il n'y a pas d'autre!

1 De communistisch-anarchistische prins Varlaam Tcherkessof (1846-1925) woonde in ballingschap te Londen. Cohen leerde hem bij Kropotkin kennen.

2 De onafhankelijke socialist Alfred Léon Gérault-Richard (1860-1911) had op 20 september 1894 een heftig artikel ‘A bas Casimir’ (weg met Casimir) geschreven. Wegens belediging van de president werd hij door het hof van assizen van de Seine tot een jaar gevangenisstraf en een hoge boete veroordeeld. In januari 1895 werd hij in de kamer gekozen als afgevaardigde van het xiiie arrondissement van Parijs. President Casimir-Périer trad af. Cohen schreef over hem ‘Politieke cameleonaden’ in De paradox, 14, 4 juni, 1898, p. 103-104.