Brieven 1888-1961
(1997)–Alexander Cohen– Auteursrechtelijk beschermd[Brieven 1896]Aan Kaya Batutaant.W[estzaan],Ga naar eindnoot1 17.7.96.
Kaya aimée,
Reçu ta lettre. Le sort en est donc jeté: n'allant pas à Londres j'aime autant précipiter les choses. Ce sera d'autant plus vite fini. - J'arriverai donc à A. demain (samedi) soir à la gare et vers 9 à 10 heures je serai chez Domela. Je ne sais pas exactement quand le train arrivé. Ne viens donc pas me chercher à la gare. - J'écrirai encore q.q. lettres aujourd'hui et demain. A Bernard et a Félisque. A ce dernier je demanderai de faire, si possible, un peu de bruit dans q.q. journaux français. Cela ne peut que me faire du bien. - Si cela est possible je voudrais passer la nuit de samedi | |
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à dimanche ailleurs qu'a la maison. Si tu as vu des ‘caractères douteux’ postés sur le pont, il est possible qu'on me pince tout de suite et avant que nous ayons eu le temps de causer. - J'ai été à la maison tous les jours depuis ton départ. J'étais terriblement enrhumé mais je me sens mieux aujourd'hui. Ce pauvre Piet est très malade. Il est au lit depuis deux jours, avec des douleurs atroces. - Dis à Domela que je viendrai demain soir et que j'espère le trouver à la maison. Avec lui aussi j'ai encore a causer. - Je suis content de te savoir courageuse et ne crois pas du tout que ce courage te sois facile.Ga naar eindnoot2 Tu en es d'autant plus méritoire, chérie. - Je t'aime, je t'aime, je t'aime. Espérons que celle-ci soit la dernière épreuve et qu'après nous connaîtrons, enfin, la tranquillité, c.-à-d. la vie sans trop de soucis et de tristesses -! Au cas très improbable où je serais pris avant de t'avoir revue, garde-moi un bon souvenir et continue a m'aimer comme je sens que tu m'aimes a ce moment. Essaye - quoique ce soit bien difficile! - d'oublier quelques-unes de mes méchancetés et de mes colères irraisonnées pour ne te souvenir que des trop rares moments où j'étais bon et tendre avec toi. Tu vois, chérie, qu'avant d'être en prison le remords me ronge déjà de t'avoir si souvent fait souffrir. Ne sois pas trop triste, écris-moi souvent dès que tu auras mon adresse et, ma chère petite légitime, viens me voir tous les quinze jours. Tu te muniras - ne l'oublie pas! - de ton acte de naissance que tu trouveras dans la petite boîte a cigares (en bois) dans mon placard aux livres. - Tu demanderas à voir ton mari en montrant ton acte de naissance - preuve incontestable de ton existence. Je me charge du reste. - Il est vraiment dommage que nous ayons laissé à Londres, avec nos autres affaires, notre acte de mariage.Ga naar eindnoot3 Mais, tant pis. Essayons de nous en passer. A demain donc, et bon courage. - Des baisers sur tes yeux, ta bouche, tes cheveux, ta nuque et sur les ampoules de tes petites menottes chéries. Plus que jamais
ton Sandro.
Mets mes lettres de côté et ne les laisse pas traîner. Cela m'est toujours très douloureux. |
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