Brieven 1888-1961
(1997)–Alexander Cohen– Auteursrechtelijk beschermd
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Aan Kaya Batutaant.[Londres], 11 septembre 1895. Méchante fille, Comme c'est gentil de ne pas m'écrire. Rien depuis ta lettre de samedi dernier. J'avais cependant bien compté sur une lettre de toi aujourd'hui et avant d'aller au British Museum d'où je t'écris celle-ci j'ai attendu deux postes. Puis je suis parti pas du tout ‘gai et content’. - Tu sais, je ne puis plus rester chez Bernard. Ils auront du monde vers la fin de la semaine. Eux ne m'ont rien dit, mais cela m'ennuie d'y rester si longtemps. J'ai demandé hier à Olive si elle pouvait m'avoir pendant q.q. jours et elle à dit oui, très gentiment. Mais ce n'est pas la une solution, et les choses ne peuvent pas s'éterniser ainsi. Il est temps que tu reviennes. Si le manque d'argent pour le voyage te retient à Paris, dis-le-moi, et je tacherai de trouver les 25 ou 30 frs qu'il te faut pour cela. J'aimerais mieux éviter cela mais s'il le faut je m'efforcerai de dégotter eet argent. Si nous sommes condamnés à rester à Londres encore q.q. temps je demanderai une carte permanente pour le British pour toi et pour moi. Si mon esprit abattu me le permet j'y travaillerai. Mais toujours avec l'espoir de nous en aller de ce désolant pays. Il me faut du soleil, des couleurs et de la vie, trois choses manquant totalement ici. Et puis, ga fourmille d'Anglais! Ce qui achève de rendre ce patelin inhabitable. Vraiment, Paul AdamGa naar eindnoot1 exagère l'antipatriotisme. C'est du DeroulèdismeGa naar eindnoot2 a rebours, et aussi ridicule. Quel dommage que, pour aimer la France, et le prouver, il faille être cosaque! Je me demande si Tolstoï qui si véhémentement ridiculisa les manifestations franco-russes dans sa brochure Christianity and PatriotismGa naar eindnoot3 ne serait pas arrêté, fourré au Dépôt, anthropométré et finalement expulsé de France si jamais il y mettait les pieds. C'est probable. Ne penses-tu pas que je pourrais peut-être trouver des ‘Correspondances de Londres’ pour un journal parisien n'ayant pas de correspondant ici? Le JournalGa naar eindnoot4 peut-être. Une chronique anglaise par semaine. B. LazareGa naar eindnoot5 pourrait peut-être en parler a XauGa naar eindnoot6 et Mirbeau aussi. Cela serait toujours q.q. | |
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chose en attendant le jour où nous secouerons la poussière britannique de nos pantoufles. Demande un peu à Félix ce qu'il pense de cela. Cela me paraît assez possible. Et je serais si content d'avoir q.q. chose de régulier a faire. J'aimerais tant t'éviter l'atelier et ses abominations. Si le Journal ne veut pas on pourrait essayer ailleurs. A l'Intransigeant peut-être. Il faudrait voir en ce cas Rochefort, ou, en son absence le secrétaire de la rédaction. Si Thurey est a Paris il pourrait peut-être te donner une idée. On pourrait peut-être voir au MatinGa naar eindnoot7 si Félix les connaît, ou a l'EclairGa naar eindnoot8 par Arsène Alexandre.Ga naar eindnoot9 Je pense pouvoir écrire des chroniques intéressantes du moment où j'ai la certitude de ne pas crever de faim. Essaye, ma Kaya chérie. Sans occupation régulière je m'abrutirais complètement. - Ecris-moi vite, maintenant. Si seulement j'avais une lettre de toi tous les jours, je m'ennuierais moins. Bernard te salue bien. Ainsi Olive et Helen. Je t'embrasse de tout mon coeur
Sandro
Ecris-moi toujours à la même adresse. Ci-clos encore une enveloppe.
Ton S.
Pour toute éventualité: si on demande combien je voudrais pour 4 chroniques par mois (une par semaine) il faudrait au moins dire 200 à 250 frs. Félix verra bien. Ce n'est qu'un indice. |
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