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Pourquoi te plaindre?
A mon ami
Ne vois-ta pas la jeune Aurore
Remplir l'orient de clarté,
Et, par un nouveau jour encore,
Rendre à la terre sa beauté?
Ne vois-tu pas, cédant sa place
A l'astre éclatant qui la suit,
La blanche lune qui s'efface
Avec les voiles de la nuit?
Ne vois-tu pas, ô créature,
Onduler les flots des moissons,
Et partout la riche nature
Se plaire à prodiguer ses dons?
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Ne vois-tu pas, joyeux et leste,
Voltiger cet essaim d'oiseaux?
Leur voix, comme une hymne céleste,
Redit leur bonheur aux échos.
Et toi, tu gémis sans courage,
Sans espérance de secours!
Et, comme un front courbé par l'âge,
Tu traînes sombrement tes jours!
A quoi te servent ces alarmes?
Souvent la plainte offense Dieu.
Nos besoins valent-ils nos larmes?
Sur cette terre il faut si peu!
Est-ce toi qui, chassant les ombres
Dont le ciel s'enveloppe encor,
Dissipes les nuits les plus sombres,
Dans des torrens de pourpre et d'or?
Qui dota le globe où nous sommes?
Qui nous verse tant de présens?
Reconnais-tu la main des hommes,
Dans ces milleirs de fleurs des champs?
Eh bien! - L'auteur de toute chose,
En qui tout espoir est fondé,
Protège le chêne et la rose,
Et ce qu'il garde est bien gardé.
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Les oiseaux des bois et des plaines,
A son amour sont confiés:
Ils ne récoltent point de graines;
Nuls pourtant ne sont oubliés!
La tendre fleur, pour être belle,
N'a point fait tourner le fuseau,
Et pourtant nulle main mortelle
Ne fit jamais rien de si beau!
Et tu penses que le Grand-Être,
Qui fait briller ces fleurs au jour,
Ces fleurs qu'on, va, demain peut-être,
Jeter comme la paille au four,
Oubl îrait sa vivante image!
Lui, ton Dieu, qui t'a dit: ‘Mon fils,
Elève vers moi ton langage,
Et tes désirs seront remplis!’
Non! celui qui te sert de guide,
Par qui tes cheveux sont comptés,
Te couvrira de son égide,
En combattant à tes côtés......
Ainsi, quand le soleil se lève,
En colorant l'ombre des nuits,
Quand, riches de vie et de sève,
Les champs se couronnent de fruits;
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Que, dans l'éther que tu respires,
L'oiseau chante, libre de soins;
Quand des fleurs tu vois les sourires;
Rassure-toi sur tes besoins.
Ecarte, ô mortel! ce nuage
Qui pèse sur ton sombre coeur;
Sois sans effroi; reprends courage:
N'attends que d'en haut ton bonheur.
Ces biens, où l'homme, hélas! se fonde,
Ces biens, qui font tant de jaloux,
Sont peu de chose dans ce monde:
Vis en paix: Dieu soigne pour tous!
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