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Adore le Seigneur!
Homme! c'est vainement que l'encens d'Idumée
Monte, brûlé par toi, vers la voûte embaumée;
Hommel c'est vainement que tu pares l'autel
De candélabres d'or et de riches guirlandes,
Si tu ne viens porter, avec tes mille offrandes,
Une âme pure à l'Eternel!
Dieu lit au fond des coeurs: juge de la pensée,
Il regarde en pitié cette foule empressée
Qui couvre ses parvis de profanes trésors.
Rien n'est caché pour lui; seul il remplit l'espace;
Il sait tout! du coupable il détourne sa face,
Et le livre en proie aux remords.
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Que lui font ces parfums qui montent vers son trône?
C'est la main qui l'encense, ou le coeur qui les donne,
Qui sont tout à ses yeux! Présomptueux mortel,
Sais-tu que, dans les cieux, les timides Archanges
Ne chantent, qu'en tremblant, leurs sublimes louanges,
Aux pieds du Maître universel?
Dans tout ce que tu fais ton Dieu te laisse libre:
Des oeuvres de ses mains si tu romps l'équilibre,
Toi seul en répondras devant son tribunal.
Là, tout sera connu: ta conduite, en ce monde,
Viendra s'y dévoiler, seconde par seconde,
Pour séparer le bien du mal.
Aux pieds de ses autels, ce zèle qui t'enflamme,
Réponds, s'allume-t-il au foyer de ton âme,
Ou n'est ce qu'un orgueil, qu'un amour emprunté?
Ce vernis peut tromper l'oeil mortel qui t'admire
Mais celui qui commande à tout ce qui respire,
Voit dans ton coeur la vérité.
Ecoute ces accens de la tendre innocence,
Vers ces dômes de feux s'élevant en, cadence!
Harmonieux accords! mystérieux concerts!
Ecoute! on n'entend plus que les sons d'une lyre
Qui porte un nom sacré sur l'aile du délire,
Et remplit encore les airs!
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Des immortels rayons de la grandeur divine,
Si ta faible raison un moment, s'illumine,
Laisse, laisse donc là tous ces riches présens;
L'or et les diamans ne lui sont que poussière;
Pour lui, de la vertu la touchante prière
Est le plus agréable encens.
Sourd aux voix des méchans, il ne veut, dans son temple,
Que des coeurs vertueux de pensée et d'exemple,
Sévères pour eux-même, indulgens pour autrui:
Il compte, dans les cieux, nos heures de souffrance,
Et les premiers accens échappés à l'enfance,
Sont une prière; pour lui.
Que te sert de prier, d'offrir des sacrifices?
Insensé! penses-tu rendre les cieux propices,
Lorsque, rouge de sang, ta criminelle main
Pèse sur l'innocence; et que ta bouche impure
Ajoute insolemment le parjure au parjure,
A la honte du genre humain;
Quand d'un masque trompeur recouvrant ton visage,
Tu veux que la vertu te juge à ton langage,
Quand tu démens le soir tes discours du matin;
Quand ton âme jamais ne savoure les charmes
D'alléger le malheur, de recueillir des larmes,
Sous le toit du pauvre sans pain;
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Quand ta cupidité, protectrice des crimes,
N'amasse des trésors qu'en volant tes victimes;
Quand l'honneur te désigne au mépris général;
Enfin, quand, artisan de tes forfaits sans nombre,
Jetant partout l'effroi, partout, comme ton ombre,
Te suit un génie infernal?
Et tu crois que ton Dieu, de la voûte céleste,
S'abaisse à regarder tes présens qn'il déteste!
Et tu crois, par ton or, apaiser son courroux!
Ton bras favorisa les meurtres, les pillages;
D'irréparables maux sont tes affreux ouvrages;
Et déjà tu te crois absous!......
Misérable! du Christ est-ce là la doctrine?
Peux-tu comprendre ainsi la parole divine?
Que le temple de Dieu soit bâti dans ton coeur;
Pardonne à ton prochain; soulage l'indigence;
Sois juste; ne connais ni haine, ni vengeance;
Et puis, adore le Seigneur!
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