Impressions de l'âme. Mélange de traductions du Hollandais, de l'Allemand, de l'Anglais et de poésies du traducteur
(1841)–Aug. J.Th.A. Clavareau– Auteursrechtvrij
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I.O Père universel, ô Dieu partout présent,
Qui règnes dans les cieux ainsi que sur la terre;
Dieu, principe de vie et source de lumière;
Êtres des êtres, Tout-Puissant!
Toi, dont la sagesse profonde,
D'an seul mot, fait surgir ou s'écrouler un monde;
Dont le nom trois fois saint et trois fois glorieux,
Retentit dans les choeurs des Séraphins joyeux,
Lorsque leurs hymnes d'allégresse
S'élèvent vers Celui qui, par de-là les cieux,
Est, fut, et sera sans cesse!
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Tu parles! tout se crée; et ta divine main
Nous verse tes bienfaits sans nombre.
L'ombre, quand il te plaît, Arbitre souverain,
Se transforme en lumière et la lumière en ombre;
Les cieux annoncent ta splendeur;
Leur vaste immensité révèlent tes ouvrages;
Et sur l'Eternité, cet abîme des âges,
Est érigé le trône où siège ta grandeur!
Les vents te portent sur leurs ailes;
C'est ton bras qui déchaîne ou calme leur fureur;
La foudre, sillonnant les voûtes éternelles,
A ton ordre éclate ou s'endort,
Et le noir ouragan mugit ou fait silence.
Grand Dieu, que l'âme émue, avec un saint transport.
Reconnaît bien partout ta sublime présence!
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II.Le jour raconte au soir et le soir au matin
Tes soins et ton amour! - Le soleil qui s'efface,
L'étoile qui change de place,
Ou qui penche vers son déclin;
Le simple passereau qui tombe sur la terre,
Le cheveu détaché de mon front de poussière,
Tout, Seigneur, est prévu par toi!
Le sort de l'univers repose en ta sagesse;
Car l'aveugle hasard obéit à ta loi.
C'est à toi qu'aujourd'hui tout un peuple s'adresse;
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Être incompréhensible, ô Monarque des cieux,
Devant toi la Néerlande, à genoux, te supplie
De protéger le Roi, le Peuple et la Patrie;
Des dômes étoilés jette un regard sur eux!
Daigne, daigne agréer notre reconnaissance,
Toi, qui nous fais présent d'un roi chéri de tous!
Affermis dans ses mains la royale puissance,
Comme autrefois son glaive en combattant pour nous;
Eclaire sa sagesse, afin que son génie
D'un difficile emploi soutienne les fardeaux;
Entretiens dans son coeur cette noble énergie
Qui hait des courtisans la basse flatterie;
De succès, chaque jour, couronne ses travaux;
Que, par une sévère et sage économie,
Des charges de son peuple il soulage le poids;
Qu'il bannisse le faste, ignoré des bons rois;
Sous son règne adoré, que la libre pensée,
Jamais, dans son essor, ne soit embarrassée;
Qu'il veille avec amour au maintien de nos droits!
Couvre aussi de ton aile une reine accomplie;
Dicte-lui les devoirs de sa nouvelle vie,
Surtout en ce grand jour où les décrets divins
Dans une haute sphère ont placé ses destins.
Oh! bénis-la toujours! D'un sublime modèle,
Qu'elle soit, à nos yeux, une image fidèle,
Pour le bien du pays, pour le bonheur de tous;
Et, dans le charme heureux du lien le plus doux,
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Le Prince, consolé des fatigues du trône,
Sentira s'alléger le poids de sa couronne!
Éloigne de sa cour, ô Dieu de nos aïeux,
Tout ce qui peut blesser un peuple généreux!
Tu réserves tes biens à celui qui te prie,
Mais ton juste courroux les refuse à l'impie:
Si le Prince et le Peuple, admirable union,
Te gardent le respect que l'on doit à ton nom,
Tu béniras encor notre ohère Patrie!
Dans les affreux malheurs dont la guerre est suivie,
Dans les contagions, dans la fureur des flots,
Tu verseras, Seigneur, ton baume sur nos maux!
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III.Quand le siècle est saisi d'un esprit de vertige,
Rassurons-nous! - Le chef que ta droite dirige,
Guerrier de Waterloo, de Hasselt, de Louvain,
Du même glaive encor saurait armer sa main,
Et nos voix, entonnant l'hymne de la victoire,
Te rendraient grâce encor en célébrant sa gloire!
Qu'un mutuel accord entre les citoyens,
Dans ces jours orageux, resserre leurs liens;
Que la paix nous prépare un bonheur sans mélange!
Que le Peuple, abrité sous le drapeau d'Orange,
Encense les Beaux-Arts, les talens, l'équité,
Ces sources de bien-être et de félicité!
Aimons, d'âme et de coeur, cette belle Patrie,
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Grande par ses vertus que l'univers publie;
Et que son nouveau roi se dise: ‘J'ai promis
De régner comme un père au milieu de ses fils,
De respecter des lois le sacré caractère,
Afin que, si la mort vient fermer ma paupière,
Déposant ici bas le sceptre sans retour,
Je puisse, sans remords, au mémorable jour
Où nous entendrons tous l'éternelle sentence,
Au Dieu que je servais ouvrir ma conscience,
Lorsque, dans sa justice, ou terrible ou clément,
Il me demandera compte de mon serment.’
Oui, voilà, Dieu puissant, ce que, du fond de l'âme,
Le pays, par nos voix, de ton amour réclame,
De Toi, qui fus toujours notre asile, Seigneur,
Dans la prospérité comme dans le malheur;
Qui diriges le coeur des Princes de ce monde,
Comme le flot d'azur d'une source féconde:
Permets donc que nos voeux arrivent jusqu'à Toi,
Et protège à jamais la Néerlande et son Roi!
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