| |
| |
| |
Dernier Asile.
Voilà donc, ô mortel, le terme de la vie!
Après tant de labour, et d'orgueil, et d'envie,
Voilà la fin de l'homme!.... O terrible tableau!
Richesse ou pauvreté, tout n'était que chimère!
De tant de voeux formés sur ce globe éphémère,
Que lui reste-t-il? un tombeau!
Etait-ce là le but de ses soins, de ses peines?
Les plaisirs, les chagrins, les amitiés, les haines,
Dans ce gouffre sans fond tout vient donc s'engloutir!
Mortel! où sont ces biens où ta gloire se fonde?
Jette un oeil de pitié sur la grandeur du monde:
Elle ne vaut pas un soupir.
| |
| |
Approche-toi; regarde! ici la haine expire;
La mort réunit tout dans son avide empire.
Ici, point de rivaux; ici, point d'ennemis,
Le maître est sans orgueil et l'esclave sans honte.
Libre d'un vain effroi que ton âme surmonte,
Contemple ces muets débris.
Naissance, rang, beauté, perdus dans la poussière,
Qu'est devenu l'encens qu'on vous brûlait naguère?
Avec le bruit du monde il est donc emporté!
La mort ne connaît pas les préjugés des hommes,
Et la première loi, dans les, lieux où nous sommes,
C'est l'éternelle égalité!
Le temps, environné des heures endormies,
S'arrête et ferme ici ses ailes engourdies;
Partout la paix! partout l'immobile repos!
Seul, le vent de l'automne, à l'approche des ombres
Gémit lugubrement à travers ces murs sombres,
En berçant l'arbre des tombeaux.
Tyrans, qui vous jouez des pleurs de, l'innocence,
Qui, cimentant d'horreurs votre, infâme puissance,
Dévorez les trésors des peuples dans les fers;
Qu'êtes-vous quand la mort, éteint votre délire?
Quelques restes hideux que le remords déchire,
Et qu'attendent ici les vers!
| |
| |
Superbe conquérant qu'enhardit la victoire,
Qui, de carnage avide, et, sous le nom de gloire,
Remplis le monde entier de tes affreux excès;
L'ange exterminateur sur toi suspend son glaive;
L'heure vient; ta grandeur s'éclipse comme un rêve,
Et tes exploits sont des forfaits!
Terrible dénoûment! leçon grande et tardive!.....
Toi, qui vois d'ici-bas la gloire fugitive,
Avant l'heure fatale apprends donc à mourir.
Ecoute avec amour la voix de la sagesse;
Cultive les vertus: c'est la seule richesse
Que la mort ne peut te ravir.
Grand Dieu! l'Eternité, dans cet enclos immense,
Où des siècles éteints repose la semence,
Doit-elle moissonner pour un monde nouveau?
Parmi ces ossemens, cette poudre insensible,
Doit-elle de la vie, à ton signe invisible,
Rallumer un jour le flambeau?
Envain je veux chasser un doute que j'abjure:
Au millieu des débris de l'humaine nature,
Mon esprit chancelant recule épouvanté.
Tout ici du néant l'image m'est tracée:
Est-ce quand tout périt que ma raison blessée
Peut croire à l'immortalité?
| |
| |
Réveil de la poussière! espoir d'une autre vie!
Envain vous souriez à mon âme ennoblie;
Vous révoltez mes sens à l'aspect de la mort.
L'atome d'un moment qui passe sur la terre,
Ne reprend pas son vol vers l'éternelle sphère,
Et le néant...... voilà mon sort!
Le néant!.... mot horrible! asile affreux du crime!
Quoi! c'est là que la mort plongerait sa victime!
Qui te l'a révélé cet odieux destin?....
Vers la céleste voûte élève ta paupière;
Regarde, malheureux! la divine lumière
Brille déjà sur ton chemin.
Oui! c'est là seulement que le jour prend sa source:
Il éclaire tes pas; il protège ta course,
Et sur ces froids tombeaux épanche tous ses feux.
Rassure-toi, mortel! Dieu parle; sa puissance
Rend à ton coeur troublé la force et l'espérance,
Et ta patrie est dans les cieux!
|
|