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Une Larme.
Dans l'aimable saison du printemps de la vie,
Aux chaînes d'une amante, aux liens d'un ami,
Le coeur aisément se confie
Ét ne craint pas d'être trahi.
Dans cet âge fragile, où tout n'est que chimère,
Un sourire, un regard, peut tromper un moment:
Une larme est toujours sincère;
C'est la marque du sentiment.
Hélas! ne voit-on pas la sombre hypocrisie,
D'un air doux et riant, surprendre la candeur,
Revêtir ce masque imposteur?
Veux-tu par tes attraits me charmer, me séduire?
Laisse errer sur ta bouche un souris gracieux;
Mais il me faut plus qu'un sourire:
Qu'une larme mouille tes yeux!
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Vois-tu ce fier guerrier poursuivant la victoire?
Il cherche les périls, brave les coups du sort,
Et, pour les palmes de la gloire,
Affronte mille fois la mort.
Son ennemi succombe; altéré de carnage
Il le frappe, à ses pieds, sur'l'arène étendu;
Mais la; pitié calme sa rage:
Il donne une larme au vaincu.
De retour, triomphant, au sein de sa patrie,
Il dépose sa lance; et, fidèle à sa foi,
Pour voler près de son amie,
Quitte les drapeaux de son Roi.
Il se lève le jour si cher à son envie!
Et, lorsque de ses feux l'amour vient l'embraser,
Dans ces doux momens, il essuie
Tendre fille du ciel, Charité bienfaisante,
Tu peuples l'univers de mortels généreux,
Gémit avec les malheureux.
Sur l'être infortuné que le chagrin dévore,
Tu répands une larme et soulages son coeur,
Comme on voit les pleurs de l'aurore
Ranimer une faible fleur.
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Lee pilote incertain a déployé ses voiles;
Son regard inquiet interroge les cieux,
Et le pâle front des. étoiles
Lui rèvéle un orage affreux,
La tempête; se lève; ou jette un cri d'alarme.
Intrépide, au, milieu des gouffres écumans,
Le nautonnier verse une larme;
Il se rappelle ses enfans!
O jours d'illusions, ô temps de ma jeunesse,
Vous remplissiez mon coeur des plus doux sentimens!
Me fuyez-vous, bonheur, ivresse,
Me fuyez-vous, rêes charmans?....
A ces tristes pensers, de mon âme abattue,
Je sens, avec douleur s'échapper des soupirs;
Et me dérobe les plaisirs.
Accablé sous le poids de sa mélancolie,
Eloigné de l'objet d'un invincible amour,
L'amant nourrit sa rêverie
De l'espérance du retour.
Il voit le frais vallon, la rive enchanteresse,
Qui lui prêtaient naguère un abri protecteur,
Verse une larme de tendresse,
Et goûte un instant de bonheur.
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Dans le plaisir secret qui console son âme,
Le présent, le passé, remplit son souvenir,
Et l'ardent amour qui l'enflamme
Le transporte dans l'avenir......
Malheureux! si jamais cet espoir qui le charme,
Si son voeu le plus cher devait être décu,
Qu'il lui reste au moins une larme
Pour l'objet qu'il aurait perdu!
Vous, de qui les liens embellirent ma vie,
Avant que du trépas je subisse la loi,
Ah! puisse l'amitié chérie
Vous ramener auprès de moi!
Mes amis! loin de vous, j'ai gardé l'espérance;
Une larme a charmé nos pénibles adieux;
Qu'au dernier jour de notre absence,
Une larme nous rende heureux!
Quand l'éternel sommeil fermera ma paupiere,
Quand j'irai dans les lieux d'une profonde, paix,
Ici-bas un peu de poussière
Me remplacera pour jamais.
O mes amis! venez, à ma tombe paisible,
Déposer vos soupirs, confier vos douleurs;
Venez, sur ma cendre sensible,
Répandre une larme et des fleurs!
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