Verslagen en mededelingen van de Koninklijke Vlaamse Academie voor Taal- en Letterkunde 1920
(1920)– [tijdschrift] Verslagen en mededelingen van de Koninklijke Vlaamse Academie voor Taal- en Letterkunde– Gedeeltelijk auteursrechtelijk beschermd
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Zaak Eupen.
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houden zal dat in die Oostelijke streek van het Vlaamsche taalgebied, voor Bestuur en Onderwijs, naar het beginsel der gelijkheid in rechte en in feite tusschen Vlaanderen en Wallonië, geen opgedrongen vreemde taal de toenadering belemmere en de aanwenning bemoeilijke van de nieuw bijgekomen bevolking tot den Belgischen Staat, waar zij van natuurswege zich bij het Vlaamsche gedeelte aansluit. Met alle hoogachting.
De Onderbestuurder. C. Lecoutere. De Bestuurder. Nap. de Pauw.
De Bestendige Secretaris. Edw. Gailliard.
Aan den Heer Minister van Geidwezen, te Brussel. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Bijlagen.a) Al de plaatsen in de Provincie Luik, waar geen Waalsch gesproken wordt, zijn Nederlandsch:
‘In den neun Lütticher Gemeinden Aubel, Gemmenich, Homburg, Montzen, Moresnet, Sippenaeken, Baelen, Henri-Chapelle, Membach und Welkenraedt, ist eigentlich die lokale Mundart nicht hochdeutsch, sondern niederdeutsch, oder wie man hüben zu sagen pflegt niederländisch, das heiszt vlämisch. Die aus der Vorzeit dieser Dörfer erhaltenen Urkunden sind vlämisch verfasst, und alle sprachlichen Merkmale rechnen die Einwohnerschaft dem Gebiete des niederländischen, nicht demjenigen des deutschen zu.’ G. Kurth, Deutsch-Belgien, I, 1899, blz. 85.
b) Herbesthat, Loutzen, Astenet, Walhorn, Kettenis, Niespert, Stockem, Eupen, liggen ten Westen van de Benrather lijn, welke de taalgrens vormt tusschen de Nederlandsche en de Hoogduitsche dialckten, en niet overeenkomt met de voormalige Belgisch-Duitsche politieke grens: | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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‘Ganz seltsamer Weise kommt unsre Benrather Linie noch einmal über die holländische Grenze zurück, und zwar zwischen Aachen und Eupen, und schneidet den westlichen Theil des Kreises Eupen ab, denn hier finden wir ebenfalls ein k in Kuchen, machen, suchen, u.s.w., aber in ich und auch ein ch.’ Dr. G. Wencker, bewerker van den ‘Sprachatlas des deutschen Reichs’, in ‘das Reinische Platt’, Düsseldorf, 1877, blzz. 8-9.
‘Die Eupener Mundart stimmt in ihrer Breite vielfach mit dem Holländischen bzw. Altflämischen überein.’ A. Tonnar und W. Evers: ‘Wörterbuch der Eupener Sprache’, Eupen, 1899, Einleitung.
Bij het vergelijken van den inhoud van dit Woordenboek met dien van het ‘Wörterbuch der Aachener Mundart’ van Prof. Dr. L. Rovenhagen, - Aachen, 1912, - loopt het groot verschil dadelijk in het oog. Zie b.v. voor de overeenkomst van de taal te Eupen met het Nederlandsch, tegenover het samengaan van de taal te Aken met het Hoogduitsch:
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II.
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III.
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I. - Arguments utilitaires.Tous les habitants se trouveraient lésés si on leur imposait, de force, une langue qu'ils ne comprennent pas, qui ne leur serait d'aucune utilité, pour leurs relations avec leurs voisins de | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Verviers ou d'Aix-la-Chapelle. Ils se considéreraient comme des victimes au même titre que les Polonais et les Wallons du pays de Malmédy, que les Allemands ont cherché à germaniser. Remplacer leur langue maternelle par une langue qui, pour les habitants, est une langue étrangère, serait une entreprisé impolitique, artificielle, odieuse qui provoquerait une révolution justifiée. La promesse que j'ai faite, au nom du Gouvernement, de respecter la langue est une de celles qui font le plus d'impression, parce que déjà des propagandistes allemands avaient fait circuler le bruit que la Belgique interdirait l'usage de l'allemand. J'ai annoncé dans la suite que la langue véhiculaire serait, pour l'enseignement, le français dans les cantons wallons, et l'allemand dans les cantons de langue allemande, le français étant seconde langue à Eupen, l'allemand seconde langue à Malmédy. Dès notre arrivée, des cours de français facultatifs, pour adultes ont eu un succès inattendu. Ceci prouve que les habitants d'Eupen se rendant compte qu'une deuxième langue leur est nécessaire ont, proprio motu, choisi le français que beaucoup avaient déjà appris à l'école, tandis qu'aucun d'eux n'y avait appris le flamand. Bref le régime suivi dans les cantons de langue allemande aux environs d'Arlon et d'Aubel est adopté à la satisfaction générale. Le flamand sera cependant enseigné aux jeunes gens qui aspirent à entrer dans les administrations publiques belges.
Ci-dessous extrait du procès-verbal de la première séance du Conseil supérieur:
Le Haut Commissaire du Roi informe l'assemblée, que l'Académie Flamande de Belgique vient de lui adresser une demande tendant à l'introduction du flamand comme langue véhiculaire dans le distriet d'Eupen, ces régions étant d'origme flamande. M.M. Franssen et Hermans, délégués d'Eupen, déclarent s'y opposer. Ils demandent que l'allemand soit maintenu comme langue véhiculaire et que le français soit la seconde langue, dont l'enseignment serait obligatoire dans toutes les écoles. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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‘M. Troclet estime qu'il y a lieu de placer les populations de la partie allemande des territoires d'Eupen et de Malmédy sur le même pied que les 48 mille habitants des communes frontières de la province de Luxembourg, pour lesquels l'allemand est resté la langue véhiculaire. Le Haut Commissaire dit qu'il ne peut être question d'imposer le flamand comme langue véhiculaire dans le district d'Eupen. Dans la partie wallonne des territoires, dit-il, le français sera la langue véhiculaire, tandis que dans les autres parties la langue allemande sera maintenue avec l'introduction du français comme seconde langue. Des cours de de flamand seront organisés dans les écoles, afin de permettre aux jeunes gens l'accès aux carrières administratives dans toutes les parties de la Belgique. Tous les membres du Conseil supérieur sont d'accord sur ce point’. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
II. - Arguments linguistiques.A Eupen, le patois employé est le même que celui en usage à Aix-la-Chapelle; il s'y rencontre cependant quelques vocables qui ont de la ressemblance avec le hollandais. Ce mélange s'explique par le fait qu'au XVe siècle, au temps des luttes dans les Flandres et plus tard, pendant le règne du Duc d'Albe, et enfin au XVIIIe siècle, un grand nombre de tisserands et de fabricants de draps ont quitté les Flandres et sont venus travailler dans les industries similaires à Eupen
Un ouvrage très documenté de Herman Ritter ‘Rheinisches Grenzland’ fait des constatations analogues, p. 526: Drüben (N.D. der Provinz Lüttich) spricht man Platt-deutsch das sich von dem der Aachener Gegend nur durch reichlicher eingestreute flämische Brocken unterscheidet. - p. 527: Die in Aubel schon im 65 Jahrgange erscheinende Zeitung ist berechnet für die vom Kantonorte nach der deutschen Grenze hinliegenden 13 reindeutschen Dörfer, deren Sprache rein ist und nur hier und da etwas mehr eingeschleppte flämische Brocken zeigt. Il serait téméraire donc d'affirmer que la langue maternelle des habitants d'Aubel et d'Eupen est le flamand, parce que dans leur patois il se rencontre quelques ‘Brocken’ flamands. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Les exemples cités dans l'annexe de la lettre de l'Académie sont contredits par de plus probants: Tous les mots renfermant les sons st et sch ne se prononcent pas st et sch comme en flamand, mais bien cht et ch comme en allemand (Stuhl - Schule etc....). Dans la conjugaison des verbes à la 2e personne du singulier la forme du a été conservée; elle a été supprimée en flamand. La terminaison ie (provincie, statie) qui se rencontre dans les mots étrangers employés en flamand, n'existe pas dans le patois local qui prononce provinz, station, etc.... Voici, à titre d'exemple, quelques mots recueillis dans le patois local, leur similitude avec l'allemand est frappante.
L'annexe reproduit une citation de l'éminent professeur Kurth; s'en servir pour prouver qu'il faut remplacer l'allemand par le flamand touche au paradoxe: en effet, en 1906, le professeur Kurth s'est mis à la tête d'un mouvement de langue | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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allemande dans le canton d'Aubel et il suffit de parcourir les articles publiés par lui dans le XXe Siècle, numéros de 1906: 225, 232 et 239, dans lesquels il réclame pour les Belges parlant l'allemand le maintien et la protection de la langue allemande. C'est une histoire de Belgique en allemand, par Kurth, qui vient, par mon ordre, d'être introduite dans les écoles. Ce mouvement a étè appuyé, à ce moment et dans la suite, par de nombreux Représentants et Sénateurs: MM. Lorand, de Limbourg-Stirum, Delvaux, Heynen, Orban de Xivry, Pirard, Destrée, Descamps-David, Fléchet, Simonis, Borboux, etc....
Ces constatations linguistiques et les manifestations des populations montrent bien que l'allemand n'est pas une langue imposée par l'étranger, que la langue maternelle de ces régions est bien l'allemand et qu'il ne peut être question de décréter que les habitants du domaine d'Eupen doivent être assimilés à des Flamands pour l'enseignement et les relations administratives. Les Eupenois ne sont ni wallons ni flamands, mais belges, de langue allemande.
Les arguments qui précèdent servent surtout à réfuter les allégations des Membres de l'Académie flamande, mais il faut, me semble-t-il, considérer la question de plus haut. Il ne faut pas se demander si tel patois ressemble plus à telle ou telle langue, mais se demander quelle est la langue parlée dans une région. Il ne faut pas faire confusion entre patois et langue, travers dans lequel tombe l'Académie. Autrefois quand les populations vivaient sur elles-mêmes, sans s'intéresser au monde extérieur, et quand l'instruction était peu développée, le patois et la langue étaient les mêmes, la langue littéraire était presque une langue étrangère pour le peuple; l'instituteur et le curé employaient surtout le patois. Aujourd'hui le patois n'est qu'un accessoire de la langue; tout homme civilisé, instruit ou non, comprend la langue littéraire. Il ne faut donc pas se demander quel aspect a le patois Eupenois, mais quel aspect littéraire a la langue à Eupen. Il est indubitable que cette langue est l'allemand; ce n'est ni le nederdeutsch, ni le néerlandais, ni le flamand, mais le hochdeutsch, et cette langue ne pourrait en être éliminée que par la violence et par des méthodes usitées par les Allemands en Alsace-Lorraine et en Pologne, mais qu'ils n'employèrent jamais, parce que inutiles, dans la région d'Eupen. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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III. - Arguments historiques.Eupen a fait partie du Duché de Limbourg; c'est à cette époque que remontent probablement les documents rédigés en néerlandais trouvés dans les archives. L'Académie ne peut ignorer qu'il s'y trouve aussi des actes officiels rédigés en français. Ce sont ceux qui furent établis de 1804 à 1815. Personne ne songera cependant à tirer argument de ce fait pour déclarer que le français fut la langue véhiculaire à Eupen. Dans le Grand-Duché de Luxembourg se trouvent aussi des traces officielles de la domination hollandaise: traces d'un essai linguistique qui fut pitoyable, très mal accueilli et négatif. Cette tentative tomba avec le régime Ne faisons pas à Eupen la même faute. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Conclusion.Il serait impolitique, dangereux, injuste, contraire aux données linguistiques de vouloir substituer par la violence, à Eupen, une langue étrangère à la langue maternelle. Ce serait introduire des ferments de discorde dans un pays où il faut réserver toute notre activité à la solution de nombreux autres problèmes. Le Haut Commissaire Royal, Gouverneur,
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IV.
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