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■ Paul Wackers
Que pour les enfants?
REINAART DE VOS est une histoire passionnante. C'est aussi une histoire célèbre. Chaque fille et chaque garçon devrait l'avoir lue.
C'est de cette manière que J. Algera justifie sa décision d'adapter l'histoire de Reynaert pour les enfants qui ne savent pas encore très bien lire. Ceci pour deux raisons: parce que non seulement l'histoire elle-même vaut la peine d'être lue, mais en plus parce qu'il s'agit d'un chef-d'oeuvre de la tradition littéraire néerlandaise. Ces deux arguments prouvent l'importance du texte pour les enfants. Dans notre siècle, peu de gens mettraient en doute cette intention et il n'y aurait guère d'opposition à la conclusion qui en est tirée. Mais peut-on pour autant affirmer qu'originairement le texte ait été pensé et écrit pour des enfants? La réponse à cette question est tout simplement: non, pas du tout.
La tradition de Reynaert tire son origine du Moyen Age, où le support de l'écriture (parchemin, puis papier) était à l'époque assez rare et cher. Nous ignorons si des récits spécifiquement destinés aux enfants existaient en ce temps. Cela ne paraît pas improblable, mais aucun de ces récits ne nous est parvenu, car ils n'étaient pas considérés comme suffisamment importants pour être mis par écrit. Seuls les textes pour adultes, et même de loin pas tous, étaient couchés par écrit.
Cela mis à part, lorsqu'on observe les histoires en moyen néerlandais consacrées à Reynaert, il ne fait aucun doute qu'elles demandent beaucoup à leur public. Elles sont donc en effet passionnantes, mais aussi ambiguës, mystérieuses et très cyniques en certains endroits. Des connaissances préliminaires et une compétence littéraire sont ainsi nécessaires, ce qui est le propre d'un public adulte.
L'utilisation faite des mots montre un premier niveau de cette complexité. Dès le début du texte, son ambiguïté ne fait aucun doute. Willem justifie son travail de narrateur en affirmant que le récit des aventures de Reynaert en néerlandais est demeuré incomplet. Pour cette raison, il a fait effectuer des recherches sur sa vite (A 7; vie), sur lesquelles se base son récit. Or le mot latin vita signifie littéralement ‘la vie’, mais est aussi un terme technique pour un genre littéraire, la vie des saints. Lorsque Reynaert est nommé pour la première fois dans le récit, l'auteur met cependant l'accent sur sa méchanceté. La vita narre donc l'histoire d'un ‘antisaint’.
Cette transformation de la signification des mots est un phénomène récurrent. La caractérisation de Reynaert et du roi en est un exemple. Reynaert est souvent appelé fel, ce qui ne signifie pas seulement ‘agressif’, ‘vil’, mais aussi ‘traitre’ (Bouwman, voir plus bas). L'accent est aussi mis sur sa lust, c'est-à-dire sa ruse et son intelligence. Le roi par contre, est souvent nommé vroet, ce qui signifie ‘sensé’, ‘sage’, ‘intègre’. On constate cependant, lors de l'épisode du trésor, que Reynaert décrit le roi comme lustich ende vroet (A 2048), alors que le roi lui parle
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fel (A 2140). Ce choix de mots rapproche les deux antagonistes (Janssens). Pour celui qui pense jusqu'au bout le comportement du roi, il s'avère que cette correspondance avec Reynaert existe à un niveau structurel plus profond. La vroetheit du roi, son intégrité, n'est rien d'autre, surtout dans la deuxième partie de l'oeuvre, que la capacité d'exacerber son propre égoïsme et de manipuler son entourage. Ces mêmes capacités sont le propre de Reynaert. Le roi et le renard font donc le plus souvent preuve d'un comportement semblable, si ce n'est que Reynaert est (encore) plus malin et intelligent.
Un dernier exemple d'une utilisation ambiguë de mots se trouve dans le dernier vers, qui explique que les animaux de la cour maecten pays van allen dinghen (‘conclurent la paix en toute chose’, A 3469). La paix représente un idéal très élevé dans la littérature médiévale. Garantir et préserver la paix est une des obligations les plus importantes pour un souverain. On pourrait donc lire ce vers en forme de happy end. Mais si Firapeel suggère à Nobel de décréter la réconciliation, ce n'est que pour servir les intérêts propres à chacun des partis (Van Daele). Nobel peut à chaque instant décider de revoir sa position et demander quelque chose de différent. De plus, cette paix n'est aucunement universelle. Reynaert et les membres de sa famille ne sont plus sous la protection de la loi, alors que jusqu'au jour du jugement dernier, tous les béliers et les moutons sont jetés comme autant de victimes expiatoires en pâture à l'ours et au loup (A 3441-3454); et cela sur la base d'un témoignage accusant le bélier de complicité, ce qui de toute évidence est un mensonge. Combien d'injustice une paix peut-elle supporter? Si maecten pays van allen dinghen est donc l'apogée parfait d'une histoire dont le thème central est de truquer le réel à l'aide des mots.
Jusqu'à maintenant, nous nous sommes penchés sur des ambiguïtés liées aux mots, qui influencent la compréhension de l'oeuvre dans sa totalité. Mais ce phénomème se retrouve aussi à une échelle plus réduite. Ainsi Bruun, qui veut convaincre Reynaert de le suivre à la cour, dit à la fin de son discours que, s'il ne vient pas, le roi le fera rouer. Et il s'arrête sur le conseil suivant: Reynaerd doet dat ic u rade / Ende gaet met mi te hove waert (A 532-533). Cette phrase peut se comprendre de deux manières, soit ‘Fais ce que je te conseille et accompagne-moi à la cour’, soit ‘Agis en sorte que je puisse te rouer’. Un choix de mots plutôt maladroit dans une situation aussi critique.
Comme dernier exemple (parmi une multitude de possibilités), quelques remarques sur les noms propres dans l'histoire. Surtout les noms des femmes, qui sont souvent connotés sexuellement. La concubine du pasteur du village s'appelle Julocke (jou lok ik, ‘je t'affriole’), la hye (épouse ou brebis) de Belijn s'appelle Ha Wy (‘Ah, oui’), le nom de la louve, Haersent (het zinde haar) peut se comprendre comme ‘cela lui convenait; elle aimait ça’. Une des femmes du village s'appelle Ogerne (oui, volontiers) et son métier est de redresser des bougies courbées ... Ainsi, si le jeu sur le double sens structure l'ensemble du récit, il peut aussi s'appliquer de façon ponctuelle en vue de provoquer un effet particulier.
Un deuxième aspect qui exige beaucoup du public: l'obligation qu'il a de mettre en parallèle diverses scènes. Citons pour exemple la description de Reynaert en ermite que donnent Grimbeert et Cantecleer. Grimbeert achève sa défense de Reynaert par la description suivante. II dit qu'il porte une chemise de poil sur son corps nu, qu'il ne mange plus de viande, qu'il a quitté Malpertuus pour un ermitage et ne vit plus que de dons. II fait cela en pénitence pour la rémission de ses péchés (A 269-278). C'est à ce moment que Grimbeert est interrompu par l'arrivée
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du cortège funèbre de Coppe. Le public se doute bien que l'image de Reynaert donnée par Grimbeert est faussée, mais il n'en a aucune certitude. Cantecleer raconte que Reynaert a longtemps cherché à s'en prendre aux membres de sa famille, sans aucun succès. Mais un jour, il parut en habit d'ermite. II lui montra une lettre avec un cachet et lorsque Cantecleer se mit à la lire, il lui sembla que Nobel annonçait une paix générale. Ce ‘sembla’ attire l'attention et suggère que Cantecleer ne sait pas lire, ou du moins qu'il ne lit pas bien. Cette paix mise en avant ici, annonce en outre la fin de l'histoire où, comme nous l'avons déjà vu, la paix est conclue. Reynaert raconta ensuite qu'il est devenu ermite en raison de ses nombreux péchés et il montra ses attributs de pèlerin à Cantecleer. Le personnage religieux que Reynaert présente dans le récit de Cantecleer est donc ambigu, puisqu'il est à la fois ermite et pèlerin. Ce pèlerin annonce la fin du récit, où Reynaert joue à nouveau le même rôle. Finalement Reynaert raconte, qu'il a fait voeu de renoncer à la viande et à la graisse. Ensuite il prend congé, en prétextant devoir dire les heures canoniales (A 340-385). Les images dressées par Cantecleer et par Grimbeert se recoupent donc au détail près. Ainsi le public reçoit un nouvel avertissement, puisqu'il sait la description de Grimbeert erronée. II peut s'attendre à ce que le tableau de Cantecleer s'avère tout aussi discutable. Et tel est le cas. Persuadées qu'elles n'ont plus rien à craindre du renard, les poules quittent leur abri et deviennent une proie facile pour Reynaert. II est donc inexact que le renard ne mange plus de viande. Le fait qu'il
vive de dons s'avère cependant partiellement vrai, puisque les poules ont été assez aimables, pour s'offrir elles-mêmes en pâture. Ces deux descriptions doivent donc être mises en parallèle, puisqu'elles font système en un point particulier du récit, mais se réfèrent en outre à l'histoire en son ensemble, parce qu'elles annoncent des éléments qui ne joueront un rôle que plus tard.
Un troisième aspect du récit, qui demande beaucoup au public, concerne les références aux autres genres littéraires dont il est riche. Les romans arthuriens débutent assez régulièrement par un jour d'audience du roi lors de la Pentecôte. Le début de Van den vos Reynaerde participe donc d'une convention littéraire (Janssens). Et ce n'est pas là le seul point commun. Souvent lors du jour d'audience du roi Arthur, la cour constate un manque. Pour rétablir l'idéalité, il faut combler ce manque. Or à la cour du roi Nobel, c'est Reynaert qui manque. II faut donc aller le chercher, et c'est pour cette raison que Bruun quitte la cour, comme un chevalier lors d'une queste. II est aussi sûr de lui qu'un chevalier arthurien, sait comment se comporter, comme le prouvent à la fois la citation conforme aux règles adressée à Reynaert et sa formulation de l'idéal courtois traditionnel: Mate es tallen spele goet (A 672; La modération est essentielle en toute chose). Mais ça finit mal, car sa connaissance de l'idéal courtois n'est qu'extérieure. Même l'arrivée de Reynaert à la cour ne remet pas les choses à leur place. Au contraire, elle marque le début du processus qui mène à démasquer les prétentions des animaux courtisans et qui causera un grand nombre d'injustices. Toujours encore dans le cadre des références au genre arthurien, la fin de Van den vos Reynaerde reflète la fin de toute une série de romans arthuriens. Ceux-ci s'achèvent sur une réconciliation et un accomplissement. Si maecten pays van allen dingen (ils conclurent la paix en toute chose) en est la formulation parfaite. Mais nous avons déjà vu quel
sens cette phrase prend dans le contexte de Van den vos Reynaerde.
Van den vos Reynaerde renvoie aussi aux gestes de France. Deux élements jouent un rôle essentiel dans ce genre de textes: Premièrement, les rapports entre
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suzerain et vassal, qui sont diversement thématisés. Deuxièmement, le personnage du traître, qui joue un rôle central pour le développement de l'intrigue dans toute une série de romans tissés autour de l'empereur (Bouwman, Janssens). Dans Van den vos Reynaerde, les rapports entre le roi et ses barons se transforment au cours de l'histoire. Au début, Nobel n'agit jamais sans avoir auparavant demandé conseil à ses barons. II se veut ‘primus inter pares’ et se voit comme exécuteur de résolutions prises en commun. Mais dès qu'il a entendu parler du trésor, sa femme et lui prennent Reynaert à part et Nobel n'agit plus que de son propre chef et à son propre profit. Cela marque la fin des conseils. Dans la tradition des gestes de France, agir de sa propre autorité mène inéluctablement à la catastrophe, il en va de même dans Van den vos Reynaerde, même si cette conséquence y est plus suggérée qu'explicitement développée.
Dans cette tradition de Charlemagne, la rupture entre suzerain et vassal est souvent l'oeuvre d'un traître, qui donne des informations erronées et de faux conseils. Le rôle joué par Reynaert correspond en de nombreux points à ce schéma. C'est sur son mauvais conseil que Bruun et Isegrim sont faits prisonniers puis maltraités. Dans une tradition de Charlemagne plus tardive, des problèmes surgissent parce que le roi est obstiné et ne s'en tient pas à la loi, ce qui amène un vassal pourtant loyal, à s'élever contre lui jusqu'à ce qu'il se fasse bannir. Ces éléments paraissent en transparence dans Van den vos Reynaerde. Nobel ne méprise pas les lois au début du récit et Reynaert ne ressemble en rien à un loyal vassal. C'est surtout parce que Reynaert choisit lui-même l'exil à la fin de l'histoire que l'on peut dire que ce thème, tiré des récits épiques autour de Charlemagne, est utilisé ici, mais à l'envers.
Le public des récits renardiens ne doit pas seulement pouvoir saisir des références à d'autres genres littéraires, mais il a aussi besoin de connaissances extralittéraires. Toute une série de termes juridiques sont utilisés dans le cadre du procès contre Reynaert, mais aussi pour décrire les rapports entre Nobel et ses barons. II a même été affirmé, que le récit reproduit exactement le droit de procédure flamand du 13ème siècle. Cela semble cependant assez improbable, car beaucoup d'éléments juridiques ont été repris par l'auteur flamand à ses sources françaises. Mais l'importance du conflit juridique est renforcée dans le texte néerlandais par rapport à sa source, et il ne fait aucun doute que le public d'origine devait avoir de bonnes connaissances en droit (Bouwman).
Les éléments religieux jouent aussi un rôle important. Beaucoup sont d'ordre très général (confession, enterrement etc.) et ne nécessitent pas de connaissances spécifiques de la part du public. Mais la manière dont toute une série de ces élements religieux sont intégrés dans l'histoire étonne les chercheurs actuels. Beaucoup de questions sont liées à Cuwaert, le lièvre. Si l'on en croit Pancer, le castor, au début du récit, Reynaert veut faire un chapelain de Cuwaert, en lui apprenant le credo (A 140-148). II fait prendre place au lapin entre ses jambes et ils s'exercent ensemble. Beaucoup de chercheurs supposent que cette scène a une connotation sexuelle, surtout en vue de la position corporelle des deux animaux. Mais il est tout à fait possible qu'on s'y moque du niveau intellectuel des religieux. Le credo est en effet la base de la foi, que tout chrétien se doit de connaître. Or cette connaissance basique suffit, ici, pour devenir chapelain! A la fin de l'histoire, Cuwaert se fait dévorer par la famille du renard, or le vocabulaire utilisé rapproche ce repas de l'Eucharistie, durant laquelle le fidèle mange le corps du Christ et boit de son sang (A 3134). Est-ce censé être blasphématoire? Est-ce lié au commen- | |
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cement, où l'élément religieux joue aussi un rôle? Pour compliquer le tout: Cuwaert est lié à Kriekeputte. C'est lui qui confirme l'existence de ce lieu (A 2658-2674). Or Arendt a démontré, que la description de Kriekeputte est liée à un passage d'lsaïe (chap. 34), dans lequel est évoqué un pays damné par Dieu. II existe donc un troisième lien, indirect, entre Cuwaert et le religieux, et la description qu'il fait de Kriekeputte avec
ses références à la fausse monnaie, à un chien de chasse et au chien Rijn, qui lui a permis de s'échapper de ce lieu, est parmi les passages les moins clairs de Van den vos Reynaerde. Aucun chercheur moderne n'a pu donner d'interprétation unanimement acceptée à cette scène. II ne fait aucun doute que, pour le public de l'époque, ce passage avec Cuwaert était plus facile à comprendre que pour le public moderne, car il disposait de connaissances plus ciblées. Mais le mystère qui plane autour de ce point met en évidence la compétence du public originel.
Tous les phénomènes que nous avons montré pour Van den vos Reynaerde se retrouvent aussi dans Reynaerts historie. Ce deuxième récit comporte en outre des complications supplémentaires. Les plus significatives se situent au niveau de la technique narrative; il est parfois difficile de suivre le fil de Reynaerts historie. Difficulté provoquée non pas, comme l'affirmait l'ancienne recherche, par manque de compétence du narrateur, mais plutôt à comprendre comme un élément du message au centre duquel se trouvent la puissance et les possibilités de mensonges intelligents (voir aussi Que des animaux?). L'auteur de Reynaerts historie nous montre des personnages qui cachent leurs intentions intentionnellement.
L'utilisation de ce qu'on appelle dans le vocabulaire cinématographique technique du ‘flash-back’, combinée au discours direct sont les deux méthodes permettant d'atteindre ce but. Cette combinaison est particulièrement frappante dans le récit que Reynaert fait à Nobel de sa rencontre avec Mertijn, le singe. Au moment où il parle de cette entrevue, c'est-à-dire directement après sa deuxième venue à la cour, il doit réfuter les accusations portées contre lui par Lapeel et Corbout (voir aussi Que des animaux?). En outre, il lui faut donner une tournure crédible aux mensonges sur son bannissement, qu'il avait racontés pour ne pas devoir se rendre à Kriekeputte, cela afin d'éviter qu'on lui demande des comptes maintenant. II ne le fait pas en abordant directement ce thème avec le roi, mais lui parle du désespoir qui s'empara de lui, lorsqu'il se rendit compte de sa situation embarrassante: il lui fallait retourner à la cour de Nobel pour réfuter ces - d'après lui - fausses accusations, ce qui lui était impossible, comme il était en route pour Rome. Ensuite Reynaert décrit comment pris de désespoir, il erre çà et là jusqu'à ce qu'il rencontre son oncle Mertijn, à qui il expose son dilemme. Devant la cour, Reynaert rend en discours direct la conversation qu'ils avaient menée. II joue donc une scène tirée du passé. Or durant sa conversation avec Mertijn, il parle aussi des accusations de Lapeel et de Corbout, en utilisant la même technique, il lui joue sa rencontre avec les deux animaux. Cela signifie, que Reynaert donne sa propre interprétation de ce qui s'est passé. Nobel entend donc un flash-back dans un flash-back, que le public du récit découvre en
même temps que lui. Le compte-rendu de Reynaert est construit avec art (Goossens), et un auditeur attentif n'éprouvera pas de difficultés à le suivre. Par contre l'attention nécessaire donne un aperçu de l'étrangeté du contenu. Nobel et sa cour se laissent tromper, alors qu'on attend du public qu'il ne se laisse pas prendre et perce à jour le mensonge. Le public est aidé par la confession de Reynaert à Grimbeert sur le chemin de la cour, où Reynaert avait reconnu la véricacité des accusations de Lapeel et Corbout.
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Une autre technique dans Reynaerts Historie, qui provoque ce sentiment de complexité, consiste à intégrer des renseignements qui peuvent paraître sans importance à une argumentation. Rukenau la guenon et Reynaert sont les champions dans cette catégorie. Mais lorsqu'on y regarde de plus près, force est de constater que ce qui semble n'être qu'un détour par un détail semblant insignifiant, se justifie souvent. Pour le démontrer, nous allons analyser de plus près le discours tenu par Reynaert sur les trois bijoux, qu'il aurait envoyé dans sa sacoche de pèlerin au couple royal, afin d'expliquer l'arrivée de la tête de Cuwaert dans cette même sacoche (B 5317-5918). Reynaert affirme avoir envoyé une bague, un peigne et un miroir, les objets les plus précieux que l'on puisse imaginer, non seulement à cause de leurs matériaux précieux, mais surtout en raison de leurs pouvoirs magiques. II décrit ces objets jusque dans le moindre détail. A un moment, il résume même l'histoire d'un cheval volant, qui est fait dans une variété de bois ressemblant à celui utilisé pour le bord du miroir (B 5591-5672). Le peigne et le miroir sont en outre décorés de dessins, et Reynaert raconte, par le menu, les histoires ainsi représentées. Le lecteur, qui se laisse rebuter, aura rapidement l'impression d'être confronté à quelque chose d'incohérent et de pédant. Mais cette pléthore de détails remplit des fonctions, et même à deux niveaux différents. Au niveau de la réalité narrative, Reynaert accomplit son plus grand tour de force. II doit à nouveau tromper le roi, et pour cela, il utilise une seconde histoire de trésor, qui se
doit donc d'être extraordinaire. D'ailleurs, la meilleure manière de prouver la réalité d'objets mensongers et inventés, est de montrer des connaissances approfondies sur la question. Est-ce que ce genre de connaissances ne paraît pas d'autant plus crédible, qu'elle s'accompagne de détails, qui ne jouent aucun rôle? De plus, le public du récit se rend compte, que toutes les informations données par Reynaert sur les matériaux et les dessins peuvent se lire comme autant de commentaires et de critiques cachées sur la situation à la cour. S'attarder plus longtemps sur ce thème, nous mènerait trop loin. Du moins, il ne fait plus aucun doute que le public devait avoir de fortes compétences littéraires, pour interpréter un message à double sens, avec deux types de facteurs compliquants.
Finalement, le fait que l'érudition joue un tel rôle dans le récit, représente une dernière raison de supposer que le public originel de Reynaerts historie avait une bonne formation. L'auteur maîtrise le latin et le français, qu'il utilise correctement dans son oeuvre, et sa grande culture livresque ne fait aucun doute. D'autre part il thématise à diverses reprises un certain type d'intellectuels. Dans le récit, il les qualifie de scalcken (vilains). Ce mot sert à qualifier les gens formés intellectuellement, qui se mettent au service des autres et qui utilisent leur formation et leur culture à mauvais escient: soit parce qu'ils aident leur patron de manière illégitime, pour en tirer eux aussi du bénéfice, soit parce qu'ils trompent leur patron, et travaillent à leur propre profit en donnant l'impression de veiller à ses intérêts. II s'agit du type humain, qui de nos jours, devient avocat, fonctionnaire ou politicien pour des raisons égoïstes. L'auteur est très conscient du pouvoir, que leur confère leur fonction, et de l'abus qu'en font un grand nombre.
Au cours du 14ème siècle, ce type d'intellectuels exerce une influence croissante sur la société, due à l'augmentation du rôle de l'écriture et à la professionnalisation des organes administratifs et bureaucratiques. Tant les gens qui s'estiment victimes de mesures administratives qu'ils ne comprennent pas, que les érudits, pour lesquels le rôle du savoir est d'améliorer l'être humain sur le plan religieux, moral et qui se méfient d'une intelligence mise au service de la politique et de
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l'économie, observent ce phénomène d'un oeil très critique. Cette même suspicion se lit dans Reynaerts historie.
L'histoire du loup et de la jument, que Reynaert raconte à Grimbeert dans sa deuxième confession, en témoigne (B 3990-4107). Isegrim et lui font chemin ensemble, lorsqu'ils voient une jument et son poulain. Le loup a faim et envoie Reynaert demander à la jument si elle veut vendre son poulain. Elle se déclare d'accord, et affirme que le prix est écrit sous le sabot de sa patte arrière droite. Reynaert lui répond, qu'il ne sait pas lire. II décrit la situation à Isegrim, qui se vante de son érudition. II sait le français, le néerlandais et le latin, a bénéficié d'un enseignement universitaire et a obtenu un grade en droit. Il se rend vers la jument, celleci se retourne, lève sa patte et lorsque Isegrim se baisse pour lire le prix, lui assène un énorme coup sur la tête. La jument et le poulain se sauvent aussi rapidement que possible, alors que Reynaert reste auprès du loup. Lorsque celui-ci est revenu à lui, il lui demande en quel style d'écriture le prix était écrit. Isegrim reconnaît alors qu'il avait pris les clous du fer à cheval pour des lettres. Reynaert se dit très surpris, car il considérait le loup comme le besten clerc die nu leeft (‘le meilleur érudit actuel’, B 4099). Mais ensuite, il affirme se souvenir de quelqu'un, qui lui avait lu quelque chose dans des livres, qui s'avère être vrai, à savoir que les plus grands savants ne doivent pas être les humains les plus sensés.
Cette dernière parole et l'anecdote qui l'accompagne, nous apprend beaucoup sur Reynaerts historie. En premier lieu nous constatons que l'auteur ne considère pas l'érudition comme une valeur en soi. L'intelligence lui semble plus importante que la culture. De plus, il ajoute une magnifique touche ironique à ce récit, en laissant Reynaert critiquer les érudits dans le cadre de la tradition érudite. En effet, Reynaert s'est fait lire quelque chose, or la tradition écrite et érudite se rejoignent pour un laïc; le mot ‘laïc’ étant pris dans son sens médiéval, nous dirions aujour-d'hui analphabète. L'ironie se situe aussi à un deuxième niveau: nous savons de l'ensemble de Reynaerts historie, que le renard a les connaissances d'un érudit, et donc qu'il prend ici une pose. Il peut donc s'avérer avantageux de se faire passer pour plus bête qu'on ne l'est. Cela semble être une des techniques du parfait menteur, dont Reynaert a esquissé le portrait dans un autre passage de Reynaerts historie (B 4179-4265; voir aussi Que des animaux? et Que le renard?, stratagème 27).
Jusqu'à maintenant, nous avons affirmé, que Van den vos Reynaerde et Reynaerts historie n'ont pas été écrits pour des enfants, mais pour des adultes. Cela ne signifie pas pour autant que des enfants ne pouvaient pas être membres du public. Ce genre d'histoires étaient en effet souvent récitées au Moyen Age, à un groupe de personnes. Nous ne savons pas grand-chose des règles qui régissaient cette réception collective de la littérature, mais il ne semble pas y avoir eu de fortes restrictions d'accès et, d'une manière générale, on peut dire que la vie des enfants et celle des adultes étaient moins étrangères l'une à l'autre à cette époque que de nos jours. Nous avons donc toutes les raisons de penser que les enfants faisaient aussi partie du public qui écoutait les récits de Reynaert.
Il est même imaginable que ces récits aient eu leur place dans l'enseignement médiéval. Nous savons que, de la fable latine aux brefs récits latins, ce genre de textes étaient utilisés dans les écoles. Ils étaient considérés comme appropriés à la formation des écoliers plus avancés, parce qu'ils ne présentaient pas de difficultés langagières majeures et que leur morale était simple. Rien ne permet d'affirmer la même chose pour les récits moyen-néerlandais. Nous n'avons pas le soup- | |
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çon d'une preuve qui permettrait d'affirmer, qu'ils ont été utilisés au 13ème ou au 14ème siècle dans une quelconque situation scolaire.
Par contre, nous savons que beaucoup de matières narratives médiévales ont trouvé leur place dans les écoles des 15ème et 16ème siècles, lorsque l'enseignement était donné en néerlandais. Nous savons aussi, qu'il s'agissait souvent de versions adaptées de récits médiévaux, qui étaient souvent accessibles sous forme imprimée. Les récits de Reynaert s'adaptent et se simplifient aisément, et nous trouvons de nombreuses preuves de leur usage scolaire dans l'histoire des imprimés de la matière de Reynaert. II ne s'agit pas des livres du 15ème siècle, avec lesquels la tradition des imprimés de Reynaert débute, mais de deux éditions du 16ème siècle, issues de la célèbre imprimerie de Plantin. En 1564, cet imprimeur sort, pour un collègue marchand de livres, une édition de Reynaert portant ce titre, dont l'orthographe a été modernisée: Reynaert de vos, een seer ghenuechlicke ende vermakelicke historie, met haar Moralisatien ende corte uutlegghinghen (‘Le goupil Reynaert, une histoire agréable et réjouissante avec sa morale et de courts commentaires’). En voyant ce livret, l'observateur moderne s'arrête en premier lieu sur les étranges caractères utilisés, qui ressemblent davantage à des caractères manuscrits qu'imprimés. Le nom de cette sorte de caractères est ‘civilité’, qui fut développée durant la deuxième moitié du 16ème siècle à partir des conventions d'écriture de l'époque (ill. 1). Ces caractères furent spécialement développés pour rendre la lecture plus agréable aux gens qui savaient lire et écrire,
mais ne maîtrisaient pas encore les caractères romains, employés pour les imprimés de l'époque. Ce genre de caractères était d'ailleurs souvent utilisé dans les livres scolaires. De plus, on peut lire dans la préface qu'on apprend mieux ce qu'on apprend avec plaisir, raison pour laquelle le livre a été imprimé. Ces deux éléments parleraient en faveur d'une utilisation du livre à l'école. II faut cependant tenir compte de certaines réserves, parce que la littérature populaire était souvent elle aussi imprimée en caractères civilité et que la littérature narrative se réclamait souvent de la combinaison enseignement-plaisir.
Deux années plus tard, en 1566, Plantin imprime à nouveau l'histoire de Reynaert et, cette fois-ci, il s'agit sans aucun doute d'un livre scolaire, pour l'apprentissage du français. Ce livre porte un double titre Reynaert de vos. Reynier le renard, et est bilingue. Le récit est imprimé sur deux colonnes, une en néerlandais, une en français. Il est donc facile de comparer les deux versions, ce qui permet aux jonghers, aux écolíers auxquels ce livre est destiné, d'accroître leur connaissance du français tout en s'amusant. Le texte néerlandais se base sur l'édition précédente de Plantin, alors que le texte français a été fait par Johannes Florianus, enseignant dans une des écoles latines d'Anvers. Il s'agit d'une école d'élite, et le livre était sans doute aussi destiné à des écoliers élitaires. Tant le texte que les illustrations ont été faits avec grand soin, et le livre n'était certainement pas bon marché.
Les deux imprimés de Plantijn reprennent les récits de Reynaerts historie, mais dans une forme simplifiée. (Il n'est guère surprenant qu'il s'agisse d'une adaptation de Reynaerts historie et non de Van den vos Reynaerde, qui a disparu de la vie littéraire au cours du 15ème siècle. Les manuscrits restants semblent croupir dans les bibliothèques sans trouver de lecteur, et cela, durant 400 ans). Dans ces imprimés, on assiste à une réduction des éléments qui faisaient la complexité de Reynaerts historie; la compléxité narrative, le style ironisant et le double fond en sont les premières victimes. II ne reste que le cadre du récit. Le texte est divisé en chapitres, grande nouveauté du 15ème siècle, et chaque chapitre se clôt par une
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III. 1. Imprimé Plantin (1564) en lettre civilité.
courte morale. Les mêmes critères, qui rendaient les fables latines utilisables durant les cours, se retrouvent donc dans cette version de l'histoire du renard. Par sa langue et sa structure, le texte est relativement facile, les enseignements moraux sont explicités et correspondent au niveau moral élémentaire du bon sens commun. II n'est donc guère étonnant que sous cette forme révisée, le texte ait fait son entrée à l'école.
Dès le 17ème siècle, le texte joue sans doute un rôle tant à l'école que dans les familles, et il n'a jamais été plus populaire qu'au cours des 17ème et 18ème siècles. Cette énorme popularité peut se mesurer au très grand nombre de réimpressions, tant dans le nord que dans le sud des Pays-Bas (ill. 2). Au nord, le texte fut au moins imprimé vingt fois entre 1589 et 1795, alors que nous connaissons une trentaine d'imprimés du sud, parus entre le 17ème et le 19ème siècle (Menke). Il n'est pas possible de comparer de manière satisfaisante ces chiffres avec ceux d'autres récits du même genre, dont les bibliographies sont bien moins précises, mais cette impression que Reynaert est un classique, un ‘golden oldie’ semble bien être justifiée.
Mais cette appréciation n'est pas valable pour toutes les couches de la population. Le récit naît bien dans un cadre élitaire, mais à cette époque, sa réception se
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fait par un public tout à fait commun. Pour cette raison, les chercheurs donnent le nom de livres populaires (volksboeken, Volksbücher) aux imprimés des récits de Reynaert du 17ème siècle. Leur façonnage est très simple et bon marché; la composition est de qualité médiocre à mauvaise et il en est de même pour les illustrations et le papier utilisé. Les cercles élitaires s'intéressent à d'autres genres de textes. Seuls les textes classiques, certains textes contemporains et dans le nord des Pays-Bas, la littérature de l'âge d'or, sont considérés comme de la ‘vraie littérature’.
Quand l'élite se consacre malgré tout aux récits médiévaux, elle en parle généralement avec dédain. Dans le meilleur des cas, on dit de cette littérature, qu'elle n'est pas désagréable, qu'elle convient à la foule, et on considère les récits de Reynaert comme des textes pour la chambre d'enfants ou l'école. Une personne aisée du 18ème siècle répondrait sans l'ombre d'une hésitation oui à la question du titre de cet article. Par hasard, mais par un fort beau hasard, nous pouvons prouver cette affirmation à l'aide d'un texte d'un des premiers personnages, à cheval entre le 18ème et le 19ème siècle, qui s'intéresse à nouveau à la culture médiévale néerlandaise, Hendrik van Wijn.
Hendrick van Wijn était le juriste en chef de la ville de Gouda. Lorsqu'il fut mis au chômage en 1787, il décida de donner forme à sa passion, le passé de sa patrie, en écrivant un livre, dont le titre s'étire environ sur une page, mais qu'on résume aujourd'hui de la manière suivante, Historische en letterkundige Avondstonden (Amsterdam 1800; Soirées historiques et littéraires). Dans ce livre, Van Wijn donne
III. 2. Bruun part pour Malpertuus. III. par E. Quelijn et J.C. Jegher (Livre populaire autour de 1700).
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des dates et des faits concernant la littérature nationale et structure sa discours sous la forme d'un dialogue entre trois personnes. Lui-même se donne le nom de Volkhart, alors qu'il nomme ses deux partenaires de discussion imaginaires Reinout et Aleide, un jeune couple d'intellectuels qui s'intéressent à ses connaissances, parce qu'eux-mêmes n'ont qu'une vague idée du sujet. Cela correspond tout à fait à la réalité de l'époque. A un certain moment, Reinout demande s'il y a une littérature, qui vient originairement des Pays-Bas. Volkhart répond affirmativement, mais dit qu'il n'ose presque pas la nommer. A la question pourquoi, succède cet extrait de dialogue:
VOLKHART. Que diriez-vous, si je vous parlais du Ridder van de Zwaanen, des Vier Heemskinderen?...Regardez ...! Aleide se met à rire.
ALEIDE. Pardonne-moi. Je suis persuadée qu'en empruntant ce chemin, nous nous retrouverions sur la route du jardin d'enfant, par exemple avec un Reintjen den Vos. Vous avez donc tout à fait raison de ne pas vous arrêter à ce genre de fadaises.
Pour Aleide, une représentante typique des cercles aisés de la fin du 18ème siècle, le corpus des récits médiévaux n'est qu'un vulgaire ramassis d'ordures et pour elle, l'histoire de Reynaert est faite pour les enfants. Volkhart défend une position contraire dans la suite du récit. Il montre que les récits médiévaux sont très intéressants, parce qu'ils donnent une bonne image de l'esprit et de la mentalité de cette époque. Quant à Reintje de vos, il affirme qu'il s'agit d'un chef d'oeuvre. Cette affirmation fait de Van Wijn le premier chercheur dans l'histoire littéraire néerlandaise à défendre ce point de vue, aujourd'hui largement admis.
Après Van Wijn, la tradition populaire des récits renardiens se perpétue encore, avant de finalement s'éteindre. Au cours du 19ème siècle, trois sortes de livres sur Reynaert voient le jour: premièrement, depuis les années 30, un nombre croissant d'ouvrages scientifiques consacrés au Reynaert moyen néerlandais. Van den vos Reynaerde est redécouvert et d'abord considéré comme une sorte de version résumée de Reynaerts historie. Mais rapidement, on se rend compte, qu'il s'agit d'un texte plus ancien et Van den vos Reynaerde est alors considéré par la recherche comme un texte supérieur. Puis, progressivement, l'intérêt et donc l'estime pour Reynaerts historie diminuent. Il ne fait d'ailleurs aucun doute que Van den vos Reynaerde est resté le texte en moyen néerlandais le plus étudié au cours de notre siècle. Les recherches de Heeroma et de Wackers ont sans doute permis de réviser le jugement négatif porté sur Reynaerts historie, mais sans entraîner une large répercussion scientifique.
Deuxièmement, on trouve des livres pour adultes intéressés. Il s'agit d'éditions pour personnes curieuses, qui ne connaissent pas bien le néerlandais médiéval, mais qui désirent malgré tout lire l'histoire. Ces éditions cherchent à rendre les résultats de la recherche agréable à lire et faciles à comprendre, mais produisent aussi des ouvrages pour bibliophiles, avec de belles illustrations, une mise en forme soignée, des reliures spéciales etc.
Et finalement se vendent toute une série d'adaptations des récits de Reynaert pour les enfants. On trouve aussi de nombreuses variantes: certaines adaptations restent près du texte, d'autres ajoutent toutes sortes d'inventions ou laissent beaucoup d'éléments de côté. On change de ton, la tendance est adaptée aux inten- | |
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tions, le niveau de la langue, avec laquelle les auteurs de livres pour enfants s'adressent à leur public, présente de fortes variations, la forme des livres est très changeante. Certains livres se veulent le moins cher possible, d'autres sont faits avec beaucoup de soin et d'amour, ce qui se reflète d'habitude le plus nettement dans la qualité des illustrations. Il existe enfin tout un lot de versions très particulières: bandes dessinées, livres d'images, livres dans lesquels on peut coller des illustrations obtenues en achetant des biscuits ou du chocolat etc.
Dans ces deux dernières catégories, les adaptations pour adultes et pour enfants, on trouve plus de 150 titres, parus ces deux derniers siècles. Aucune autre oeuvre en moyen néerlandais n'a connu une réception aussi différenciée. Le large spectre de cette tradition montre en outre, que les récits de Reynaert sont encore très vivants. Et pas que pour les enfants.
III. 3. Dessin de W. Heskes dans l'édition P.A.E. Oosterhoff (Reinaert de vos voor kinderen bewerkt, ca. 1935).
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