Septentrion. Jaargang 42
(2013)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
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ActuellesCentre d'études des francophones en FlandreEn 2008 a été fondé le Centre d'études des francophones en Flandre - Studiecentrum Franstaligen in Vlaanderen (CEFF - SFV). Ce centre se consacre à l'étude scientifique et pluridisciplinaire des locuteurs de langue française depuis leur apparition sur le territoire actuel de la Région flamande et de la Région Bruxelles-Capitale jusqu'à aujourd'hui, et ceci dans toutes leurs expressions. La création du Centre est née d'une constatation: l'étude des francophones dans l'espace linguistique néerlandais était entourée d'une sorte de tabou. Le CEFF - SVF organise des journées d'études, possède son propre bulletin électronique ainsi qu'une revue périodique, FrancoFonie. Le no 4 de FrancoFonie, paru au printemps 2013, est consacré à ‘La Littérature francophone en Flandre depuis 1970’. Ce numéro contient entre autres des articles sur l'écrivaine francophone Nicole Verschoore (o 1939) et sur Eric De Kuyper (o 1942), auteur qui publie en néerlandais et assure lui-même la traduction / adaptation française de ses publications. Un autre article intéressant est consacré à la manière dont l'intellectuel bilingue David Gullentops, poète et professeur de littérature française à la Vrije Universiteit Brussel, vit le phénomène bruxellois. La rubrique Varia commente les résultats d'une enquête sociolinguistique réalisée auprès de jeunes francophones gantois. Ce numéro thématique s'ouvre sur un éditorial signé Paul Dirkx et Christian Berg. Tous les articles sont rédigés en français et en néerlandais. Le numéro peut être lu gratuitement dans son intégralité et téléchargé à partir du site CEFF - SFV. www.ceff-sfv.be | |
Bois du CazierIl y a de ces sujets qui échappent à la vigilance et vous glissent entre les doigts. Mais il arrive aussi qu'on veuille en parler après coup parce que le sujet vous tient toujours à coeur. Récemment j'ai eu l'attention attirée par l'exposition Vlamingrant qui s'est tenue de janvier à avril 2013 sur le site minier du Bois du Cazier non loin de Charleroi (province du Hainaut). Or je venais de visiter ce site en compagnie des collègues de Ons Erfdeel vzw, l'association flamando-néerlandaise éditrice de la présente revue. Le nom de ‘Bois du Cazier’ est lié pour toujours à la catastrophe minière du 8 août 1956. Pas moins de 262 personnes avaient perdu la vie dans l'incendie qui avait éclaté dans la mine. Parmi les victimes, on dénombra 136 Italiens, 95 Belges et des mineurs de dix autres nationalités. Exposition bilingue (français - néerlandais) sur l'émigration des Flamands en Wallonie et ailleurs, Vlamingrant a permis de découvrir qui sont ces émigrés, pourquoi ils ont quitté leur région, où ils se sont installés, comment ils ont été accueillis et quels préjugés, quels problèmes | |
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d'adaptation ils ont rencontrés. Cette exposition était organisée en collaboration avec Linx+, le département culturel du syndicat socialiste ABVV. Par ailleurs, les organisateurs de Vlamingrant ont conçu le projet de donner la forme d'un livre à un ancien reportage consacré à la vie dans les mines. Il s'agit de Mannen met zwarte gezichten (Gueules noires), série de treize reportages parue en octobre 1956 dans le quotidien flamand De Standaard. L'auteur deMannen met zwarte gezichten, Gaston Durnez (o 1928), n'a pas craint de retourner au fond de la mine avec des mineurs et de dénoncer les conditions dans lesquelles ils accomplissaient leur tâche périlleuse. Cette série valut à Durnez le tout premier prix des Journalistes décerné en Flandre. D'autre part, Durnez a été longtemps rédacteur de Septentrion. www.leboisducazier.be | |
Alain GermozFin juin 2013 est décéde l'écrivain et journaliste Alain Germoz (pseudonyme de Alain Avermaete). Il avait 92 ans. Alain Germoz était Anversois de pure souche, mais toute son oeuvre a été écrite en français. Au début de sa carrière, il a signé plusieurs textes destinés au ballet. Dans la suite, il a surtout publié des recueils de poésie et d'aphorismes ainsi que des pièces de théâtre. Sa pièce Les Résidus a également été jouée à Paris, tandis qu'une autre, Le Témoin, a été représentée à Kinshasa. Germoz aLe Bois du Cazier vu depuis un terril.
aussi traduit en français des pièces de théâtre des auteurs flamands Piet Sterckx et Tone Brulin. Germoz a interrompu sa carrière littéraire pour se consacrer exclusivement au journalisme. Il a été longtemps attaché aux journaux francophones anversois aujourd'hui disparus Le Matin et La Métropole. En 1992, Germoz a fondé la revue littéraire Archipel, ‘pour se compliquer la vie’, comme il l'a dit lui-même. Archipel, qui paraissait deux fois par an, était une sorte de cahier international de la création littéraire. La revue entendait offrir un éventail aussi large que possible de la littérature, ouvrant pratiquement ses colonnes à tous les genres et ne négligeant jamais de s'intéresser à la literature de langue néerlandaise. Dans les ‘Actuelles’ ont paru plusieurs brèves recensions de numéros d' Archipel. | |
Paix d'UtrechtDans les ‘Actuelles’ du numéro précédent de Septentrion, j'ai parlé de Frontière / Grens 1713-2013, ouvrage édité par Ons Erfdeel vzw, l'association flamando-néerlandaise éditrice de Septentrion. Ce livre entend reconnaître et explorer la frontière entre la France et les Pays-Bas autrichiens déterminée en 1713 par la grande conférence diplomatique européenne de la paix d'Utrecht. L'expression paix d'Utrecht recouvre une série de traités signés à Utrecht au printemps 1713. Ces accords marquaient la fin de la guerre de | |
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Jan Decleir, photo N. Goyvaerts
Succession d'Espagne et d'interminables guerres de religion. Ce traité de paix sonnait aussi la fin de la République néerlandaise en tant que grande puissance. Ceci fut illustré avec beaucoup de subtilité par cette phrase du diplomate français Melchior de Polignac: ‘Nous traiterons chez vous, de vous et sans vous.’ Il y a longtemps que tout ceci ne touche plus les Néerlandais. Pour commémorer dignement le trois centième anniversaire de la ‘Paix’, on a institué la Stichting Vrede van Utrecht (Fondation paix d'Utrecht). En collaboration avec d'autres organisations, cette fondation a conçu un remarquable programme culturel pour Utrecht et sa région. On peut consulter ce programme aux multiples facettes sur le site Vrede van Utrecht 2013: il s'étend jusqu'à fin 2013 et comporte des expositions, des conférences, des représentations théâtrales, des concerts et des événements extrêmement variés. www.vredevanutrecht2013.nl | |
Jan DecleirLe numéro précédent de Septentrion était à peine sous presse que la nouvelle tomba: l'acteur Jan Decleir (o 1946) venait de remporter le prix 2012-2013 du Mérite culturel de la Communauté flamande. Decleir s'est vu remettre cette récompense par Joke Schauvliege, la ministerFrans Floris, Étude pour l'une des filles de Loth, vers 1550, collection privée © Jacques Quecq d'Henripret.
flamande de la Culture. À ce prix est attachée une somme de 20 0000 euros. Jan Decleir est sans conteste l'un des acteurs flamands les plus en vue de la dernière décennie. Il doit notamment sa célébrité auprès du grand public aux rôles qu'il tient dans de nombreux films et séries télévisées. C'est lui qui était le héros de Daens (1993), film réalisé par Stijn Coninx. Daens retrace la vie d'Adolf Daens (1839-1907), prêtre socialement très engagé. Le film fut même nominé pour un Oscar mais non primé. Ce n'était que partie remise. Quelques années plus tard, le film Karakter du Néerlandais Mike van Diem fut nominé à son tour et récompensé par un Oscar. Dans cette production, Decleir joue le rôle d'un père tyrannique qui ne recule devant rien. En 2003, il est à nouveau remarqué dans La Mémoire du tueur qui remporte un grand succès. Dans cette oeuvre signée Eric Van Looy, Decleir se met dans la peau d'Angelo Ledda, un tueur à gages atteint de la maladie d'Alzheimer. Jan Decleir a déclaré plus d'une fois son amour du théâtre, de la scène simplement. Comme il trouvait plus important de monter sur les planches, il renonça à un grand rôle dans un James Bond. Au cours des années 1980, il présenta une série de monologues très remarqués dans l'espace linguistique néerlandais. C'est ainsi qu'il mit en scène Fables obscènes de Dario Fo de même que Gilles!, où le gentilhomme français Gilles de Rais revoit toute sa vie avant d'être pendu. C'est Hugo Claus qui écrivit ce monologue de deux heures et demie à l'intention de Decleir. | |
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Arno Kramer, Échappée(s), détail, musée de la Chasse et de la Nature, Paris.
voir Septentrion, XXXIII, no 1, 2004, pp. 90-91 | |
ManiérismeIl n'a pas fallu longtemps au musée de Flandre de Cassel, dans le nord de la France, pour acquérir une véritable notoriété en Flandre française mais aussi dans toute la Belgique. Ce succès tient surtout à des campagnes de presse bien orchestrées (aussi en néerlandais!) et à l'organisation d'expositions temporaires pleines d'intérêt. Jusqu'au 29 septembre 2013, le musée de Flandre présente l'exposition Splendeurs du maniérisme en Flandre. Dès le dernier quart du xve siècle, les prémices du maniérisme se font jour par l'introduction de décors extrêmement raffinés, d'éléments exotiques et d'une recherche dans le mouvement et les poses, et ce dans la continuité des Primitifs flamands. Il s'agit davantage d'un style que d'un mouvement. Si le terme maniera renvoie à l'Italie, il reste que le maniérisme en Flandre possède des caractéristiques qui lui sont propres: un goût assumé pour la bizarrerie, une exagération maîtrisée dans les poses contrariées des personnages, un univers à la fois extravagant et poétique au travers duquel le paysage envoûtant se déploie. Splendeurs du maniérisme en Flandre permet au visiteur de s'immerger au coeur de cette période à travers un parcours muséographique ambitieux qui réunit plus de quatre-vingt-dix chefs-d'oeuvre de la peinture flamande provenant généralement de collections privées, inconnues du grand public. http://museedeflandre.cg59.fr | |
Arno KramerLe musée de la Chasse et de la Nature de Paris a invité le plasticien et commissaire d'exposition néerlandais Arno Kramer (o 1945) à investir l'escalier d'honneur de l'hôtel de Guénégaud avec une installation graphique aussi monumentale qu'éphémère. L'hôtel de Guénégaud fut construit par François Mansart au milieu du xviie siècle. Le paysage habité et onirique que l'artiste propose jusqu'au 29 septembre 2013 envahit les murs du palier supérieur de l'escalier et renouvelle le regard des visiteurs sur ce chef-d'oeuvre du ‘dieu de l'architecture française’. Le musée de la Chasse et de la Nature invite régulièrement des artistes à dialoguer avec ses collections patrimoniales, avec l'architecture des hôtels anciens qu'il occupe, ou encore avec sa muséographie singulière. Les oeuvres présentées par ces artistes contribuent au caractère étrange de ce cabinet de curiosités moderne. www.chassenature.org |
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