Septentrion. Jaargang 42
(2013)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
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ActuellesAccord de coopération culturelleDébut décembre 2012, la Belgique a poussé un gros soupir de soulagement. Les Communautés flamande et française de Belgique venaient de signer un accord-cadre de coopération culturelle. Le ministre flamand de la Culture, Joke Schauvliege, et son homologue francophone Fadila Laanan l'ont qualifié d'accord ‘historique’. Il est vrai que cet accord mettait un terme à une situation pour le moins incongrue. Au fil des ans, les deux Communautés avaient conclu des accords de coopération culturelle avec les pays et les régions les plus divers aux quatre coins du monde, mais elles n'avaient pas encore conclu d'accord entre elles. Dans la pratique, une coopération culturelle avait toujours existé entre néerlandophones et francophones. Mais les exemples de coopération structurelle étaient peu nombreux, comme celle qui existe entre le Théâtre royal flamand et le Théâtre national à Bruxelles. Les troupes de théâtre flamandes travaillaient même davantage en France qu'en Wallonie. Sans doute la bonne volonté ne manquait-elle pas et on a parfois semblé bien proche d'un accord, mais jamais un accord formel n'avait vu le jour. Une ‘actualité’ du no3 / 2009 de Septentrion montrait combien la voie d'un accord culturel était tortueuse et semée d'embûches. Les deux parties butaient chaque fois sur la notion de territorialité, aujourd'hui entièrement admise. Chacun respecte le territoire de l'autre Communauté. Concrètement, l'accord-cadre dispose que les Communautés flamande et française de Belgique échangeront davantage d'informations sur le plan culturel. Il prévoit également qu'une commission composée de représentants des deux parties sera chargée de la mise en oeuvre de l'accord. Un autre objectif vise à ce que les deux Communautés travaillent à l'harmonisation de leurs points de vue en matière culturelle face à des interlocuteurs tels que, notamment, le gouvernement fédéral belge et l'Europe. Depuis plus de quarante ans, la présente revue fonctionne comme une main tendue de la néerlandophonie à la francophonie. Personne ne s'étonnera qu'elle applaudisse vivement à cet accord. voir Septentrion, XXXVIII, no 3, 2009, pp. 75-76 | |
Stichting SeniaQui a dit que le Néerlandais moyen est fasciné par le monde anglo-saxon et qu'il ne montre plus guère d'intérêt pour la culture de langue française? Pour les Néerlandais d'un certain âge, en tout cas, le tableau est moins tranché. C'est le sentiment qui prédomine si l'on consulte le site de Stichting Senia (fondation Senia), devenu en peu de temps un vaste réseau pour seniors. Une des activités principales de Stichting Senia (ou Senia tout court) est l'organisation de ‘groupes de lecture’. Outre des groupes de lecture d'écrits néerlandais et d'histoire, Senia propose des groupes consacrés à la littérature non néerlandophone. Les groupes de lecture de littérature française (créés en 2009 et organisés à peu près dans tout le pays) semblent susciter un grand intérêt. Les participants ont l'occasion de mettre à l'épreuve et d'actualiser leur connaissance de la littérature de langue française car, loin de se limiter aux grands classiques, le programme aborde aussi la littérature contemporaine. La langue pratiquée dans les | |
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groupes de lecture d'ouvrages français est évidemment le français et le choix d'auteurs figurant sur la liste de la saison 2012-2013 (Colette, Marguerite Duras, Nathalie Sarraute, Michel Tournier, Marie NDiaye, Hélène Grémillon et Laurent Binet) révèle un goût très sûr et de belles connaissances littéraires. Pratiquement tout le travail que nécessite Senia est assuré par des retraités et/ou des volontaires parmi lesquels de nombreux néerlandistes et historiens: ils établissent les groupes de lecture, donnent des causeries et organisent des excursions. www.senia.nl | |
Caserne DossinDepuis la fin de l'année 2012, on peut visiter à Malines le Mémorial, musée et centre de documentation sur l'Holocauste et les droits de l'homme. Le Mémorial est situé sur le site de l'ancienne caserne Dossin. C'est au départ de cette caserne que s'organisa la déportation de quelque 25 000 Juifs et tziganes durant la Seconde Guerre mondiale. Pour un grand nombre d'entre eux, le parcours aboutissait au camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau dont très peu sont revenus. L'aménagement du Mémorial a voulu être multimédia. Le visiteur est témoin d'interviews de rescapés des camps. Des audioguides et des écrans tactiles rendent vivants les nombreux documents photographiques et administratifs. On remarquera aussi le lien qui est établi avec des événements actuels ou qui remontent à un passé récent. Sont évoqués notamment les lynchages de Noirs auxDes Juifs viennent d'arriver dans la caserne Dossin, été 1942, collection Kazerne Dossin, Malines.
États-Unis ainsi que les génocides au Rwanda et au Cambodge. Un espace a été prévu pour accueillir des expositions temporaires. Celles-ci seront tantôt historiques, tantôt en prise avec l'actualité mais toujours marquées par la volonté d'établir un rapport avec le reste du musée. En 1995, l'ancienne caserne Dossin avait été transformée en un musée qui nécessita bientôt des travaux d'agrandissement et de rénovation. Dès lors, on lança la construction d'un nouveau musée en face des anciens bâtiments de la caserne d'après les plans de l'architecte Bob Van Reeth. Septentrion s'est souvent penché sur l'histoire de la communauté juive des Plats Pays. Un des articles les plus récents était le compte rendu paru dans le no 4/ 2005 de Rafle dans les Marolles. Quatre enfants juifs sauvés de la Shoah. Dans cet ouvrage, Joost Loncin décrit les atrocités subies pendant la Seconde Guerre mondiale par de nombreux habitants juifs du quartier populaire des Marolles à Bruxelles. La chaleur humaine n'est cependant pas absente de ce récit. Car Rafles dans les Marolles met aussi en évidence le rôle des personnes qui, au péril de leur vie, ont abrité des Juifs et leurs enfants. Elles méritent, elles aussi, qu'on ne les oublie pas. www.kazernedossin.com | |
Élie RichardRelation de voyages faits en France, en Flandre, en Hollande et en Allemagne. Par Élie Richard. Avocat au Parlement. Tel est le titre du manuscrit qu'écrivit Élie Richard, fils de huguenots, pour | |
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P. Ricault, Portrait d'Élie Richard, gravure.
relater le grand voyage qu'il fit en 1707 aux Pays-Bas. Il commença la rédaction de ce manuscrit après son retour dans sa ville natale, La Rochelle, et continua d'y travailler jusqu'à sa mort en 1720. Quelque trois cents ans plus tard, le manuscrit est enfin devenu un livre - un livre traduit. Les éditions Vantilt à Nimègue en ont mis sur le marché une version néerlandaise intitulée Door ballingen onthaald (Accueilli par des exilés). Le décès de son père, médecin en vue de La Rochelle, laissa Élie Richard désemparé. Quand sa tante lui proposa de l'accompagner dans un voyage pourtant dangereux aux Pays-Bas, il accepta aussitôt. Ils gagnèrent Amsterdam en passant par Bruxelles et Anvers, des territoires ennemis à l'époque. Élie Richard s'intéressa surtout à la vie intellectuelle dominée à l'époque par des réfugiés français (éditeurs, journalistes, pasteurs, professeurs). Ils faisaient régner à Amsterdam un climat que Richard connaissait très bien. Mais à trente-cinq ans, ce célibataire s'intéressait aussi à d' ‘autres affaires’. À Anvers, il tomba follement amoureux d'un modèle de peintre, puis il joua les jolis coeurs à qui mieux mieux aux thermes d'Aix-la-Chapelle où il se rendit à partir d'Amsterdam. Door ballingen onthaald est une belle édition enrichie de photographies en couleur ou en noir et blanc et d'une carte qui suit l'itinéraire emprunté par Richard. Le texte d'introduction et les nombreuses notes sont écrits par Kees Meerhoff, ancien professeur de littérature et de civilisation à l'Universiteit van Amsterdam. La traduction en néerlandais a été réalisée par Robert den Does. ISBN 978 94 6004 111 2 Roger Raveel (1921-2013), photo D. De Witte.
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Roger RaveelFin janvier 2013 nous a quittés l'artiste flamand Roger Raveel. Il avait 91 ans. Il était considéré comme l'un des plus grands peintres belges de la seconde moitié du xxe siècle. Roger Raveel ne voulait être classé dans aucun courant artistique déterminé. Il a choisi de réunir dans son oeuvre un ensemble de styles. Durant sa carrière, il a évolué de l'abstraction vers un style davantage figuratif. Raveel s'est fait connaître du grand public en 1966, lorsque, avec Raoul De Keyser, Etienne Elias et le Néerlandais Reinier Lucassen, il a participé à la réalisation des fresques des plafonds du château de Beervelde (près de Gand). La griffe personnelle de Raveel était le carré blanc, régulièrement présent dans sa peinture. Ces surfaces blanches ont souvent été interprétées comme l'expression du vide ou de l'absence. Le propos de l'artiste était de rendre le spirituel de l'humain, dont la vibration en termes de temps et d'espace se résout dans le néant du vide blanc. Souvent, aussi, il avait recours à des miroirs, de sorte que l'environnement devenait partie intégrante du tableau. Dans sa localité de Machelen-sur-Lys (non loin de la ville de Deinze, en Flandre-Orientale) a été édifié, d'après un projet de l'architecte Stéphane Beel, un musée consacré à l'oeuvre de Roger Raveel. voir Septentrion, XXI, no 3, 1992, pp. 21-25 et XXIX, no 1, 2000, pp. 65-66 | |
Collection VerbaetSi l'on demandait aux amateurs d'art moderne de Belgique de dresser une liste reprenant cinq de | |
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leurs musées préférés, il y a gros à parier qu'on y retrouverait le musée des Beaux-Arts d'Ixelles. La collection permanente de ce musée de l'agglomération bruxelloise est vouée essentiellement à l'art belge des xixe et xxe siècles. Par ailleurs, le musée accueille régulièrement de prestigieuses collections privées. Jusqu'à la mi-janvier 2013, on a pu y voir l'exposition temporaire Art belge. Un siècle moderne, sélection exclusive et inédite d'oeuvres prestigieuses de l'art belge au xxe siècle issue de la collection Caroline & Maurice Verbaet. Peintures, sculptures et oeuvres graphiques ont proposé une découverte à travers le regard expert et affûté de ces collectionneurs. La collection Verbaet n'est pas assujettie aux modes et aux fluctuations du marché de l'art. Elle ne doit sa force et son crédit qu'à la recherche passionnée et empirique de Caroline et Maurice Verbaet. Un catalogue très attrayant est paru à l'occasion de cette exposition. Il reflète une passion personnelle, mais il offre aussi un panorama intéressant d'une période de l'histoire de l'art belge. Les textes en sont signés Michel Draguet, directeur des musées des Beaux-Arts de Belgique. L'ouvrage comporte en outre une interview de Maurice Verbaet. MICHEL DRAGUET, Art belge. Un siècle moderne. Collection Caroline et Maurice Verbaet, éditions Racine, Bruxelles, 2012 (ISBN 978 2 873868 1 47) | |
A.F.Th. van der HeijdenAu mois de mai 2013, l'écrivain néerlandais A.F.Th. van der Heijden (o 1951) recevra le prixWillem Paerels, Nu au divan, vers 1917, collection Caroline & Maurice Verbaet.
P.C. Hooft 2013. Doté d'un montant de 60000 euros, ce prix est l'une des plus prestigieuses distinctions littéraires des Pays-Bas. Van der Heijden se voit décerner le prix P.C. Hooft pour l'ensemble de son oeuvre. Les ouvrages de Van der Heijden, qui se répartissent en plusieurs grands cycles, sont partiellement autobiographiques. Ceci explique qu'ils soient liés entre eux, d'une manière ou d'une autre. Le jury s'est montré particulièrement élogieux pour le style de Van der Heijden: ‘d'une éloquence débridée, il ne connaît que peu de contraintes et, à l'occasion, explose presque hors de l'ossature de son propre texte. Prônant le flamboyant jusque dans le luxe du superflu, il a élevé à de remarquables sommets l'art de la description dans les lettres néerlandaises’. Et ceci encore: ‘l'ampleur du regard qu'il porte sur son sujet, généralement l'être humain, et les circonvolutions qu'il semble parfois imprimer à sa plume inondent ses écrits de stupéfiantes images kaléidoscopiques’. À la lecture de ces éloges dithyrambiques du jury, on comprend mal qu'aucun roman de Van der Heijden n'ait été traduit en français à ce jour. En tout cas, on ne pourra rien reprocher à Septentrion. Au fil des années, la présente revue a consacré plusieurs articles à Van der Heijden et le no4 / 2008 a fait mieux encore en publiant en traduction française quelques pages de son roman Het schervengericht (L'Ostracisme). voir Septentrion, XXXVII, no 4, 2008, pp. 53-58 |
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