Septentrion. Jaargang 40
(2011)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
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ActuellesMais si, mais si, on rencontre encore aux Pays-Bas d'authentiques francophiles. Hannie Vermeer-Pardoen (o 1930) en est un bel exemple. Au cours de la dernière décennie, elle s'est plongée presque exclusivement dans l'oeuvre de Voltaire dont elle a traduit quelque 4 000 pages en néerlandais. Il y a peu, les éditions Van Gennep à Amsterdam ont publié sa huitième et dernière traduction de Voltaire, la correspondance avec la Grande Catherine, tsarine de Russie. Dans cet échange épistolaire, la guerre russo-turque joue un rôle prépondérant. Voltaire soutint ouvertement la tsarine dans son combat contre l'Empire ottoman car il voyait dans cette guerre une lutte entre les Lumières et l'obscurantisme. On pourrait penser qu'après avoir traduit 4 000 pages, la traductrice aurait pu se reposer sur ses lauriers, mais Hannie Vermeer-Pardoen ne se lasse jamais de traduire. Pour l'heure, elle s'attelle à une bagatelle de quelque huit cents pages, la traduction du Voyage en Orient de Gérard de Nerval. Nerval fut d'ailleurs le premier auteur français auquel elle s'attaqua, mais c'est seulement par la suite qu'elle se fit un nom en traduisant Rabelais. Lorsqu'un Flamand parle de la frontière linguistique, il y a fort à parier qu'il songe à la ligne qui traverse la Belgique d'ouest en est et matérialise la frontière (parfois capricieuse) entre la région de langue néerlandaise et la région de langue française. On sait toutefois que la Belgique comporte une autre frontière linguistique, plus courte il est vrai, orientée du nord au sud et qui matérialise la frontière entre la région linguistique française et les Cantons de l'Est, en majorité germanophones. À propos de ces Cantons de l'Est le journaliste flamand Guido Fonteyn (o 1946) a écrit un ouvrage passionnant intitulé Grensgebied. Van Voeren tot Sankt Vith (Région frontalière. Des Fourons à Saint-Vith). Ce livre peut se lire comme un simple guide de voyage mais il n'est pas que cela: Fonteyn explique l'histoire de ces régions et s'étend sur leur développement socio-économique, leur politique et leur langue. Il est vrai qu'elles sont presque toujours très proches de l'étranger, quoique de manière différente (Allemagne, Pays-Bas, grand-duché de Luxembourg). Les régions de langue néerlandaise considèrent Guido Fonteyn comme un grand connaisseur de la Wallonie. Il a publié plusieurs ouvrages sur la Belgique francophone (consacrés notamment à la migration de travailleurs et de mineurs flamands en Wallonie et aux paysans flamands en Wallonie). Par ailleurs, divers articles écrits par Fonteyn ont paru dans Septentrion. paru chez Epo vzw, Berchem (www.epo.be) Pourquoi les écrivains flamands et les écrivains francophones de Belgique ne se connaissent-ils pas bien? Qu'ont-ils en commun et que signifie pour eux la nationalité belge? Comment voient-ils les tensions communautaires belges? Les associations littéraires Het Beschrijf et Entrez Lire ont posé ces questions et d'autres encore à deux écrivains belges francophones et à deux auteurs flamands au cours d'un débat qui s'est déroulé à la Maison internationale des littératures Passa Porta à Bruxelles. | |
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Les écrivains de langue française Serge Delaive et Caroline Lamarche et les écrivains d'expression néerlandaise Stefan Hertmans et Anne Provoost ont commenté leurs lectures croisées et échangé leurs vues sur ce qui les sépare et ce qui les unit. Le débat était animé par Piet Joostens. Cette soirée constituait la présentation belge du numéro spécial Bruxelles / Moscou de la revue meet, éditée par l'association éponyme MEET - Maison des écrivains étrangers et des traducteurs de la ville française de Saint-Nazaire. Le dossier sur la ‘littérature belge’ réunit onze auteurs. Le lecteur y découvre des textes en prose et des poèmes, inédits en français à ce jour, de Serge Delaive, Stefan Hertmans, Corinne Hoex, Caroline Lamarche, Grégoire Polet, Anne Provoost, Bart Meuleman, Bernard Quiriny, Peter Terrin et Peter Verhelst. Ce florilège, dont Piet Joostens signe l'introduction, se referme sur Apollinaire revisited, un des derniers poèmes de Hugo Claus (1929-2008) traduit pour la circonstance par Marnix Vincent. www.meet.asso.frAutobiographie d'un siècle, tel est le titre du nouveau livre de l'écrivaine flamande francophone Nicole Verschoore (o 1939). L'ouvrage se présente comme un roman, mais, en réalité, Autobiographie d'un siècle rassemble un choix varié de textes en prose: exposés critiques, anecdotes qui font écho en quelque sorte à des rencontres fortuites ou non, fragments de ce qui aurait pu donner un roman épistolaire, extraits autobiographiques ou d'autofiction, exposés érudits sur la politique internationale. Malmedy (Cantons de l'Est), photo P.-A. Massotte.
Nicole Verschoore a écrit par ailleurs une oeuvre pleine de charme. La Passion et les Hommes sort du lot. C'est un cycle de trois romans: Les Parchemins de la tour (2004), Le Mont Blandin (2005) et La Charrette de Lapsceure (2007). Pour La Passion et les Hommes, l'auteure s'est vu décerner en 2008 le prix Michot de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. À travers chacune des trois parties de la trilogie, on perçoit une grande connaissance de l'histoire récente de la Flandre et la grande empathie qu'éprouve l'auteure pour cette histoire. paru chez Le Cri à Bruxelles (www.lecri.be) Pour les fidèles lecteurs de Septentrion, Frits Lugt (1884-1970), le fervent collectionneur d'objets d'art néerlandais, n'est probablement pas un inconnu. Lugt était un autodidacte, à la fois comme collectionneur et comme spécialiste en gravures et dessins néerlandais. Compilateur infatigable, il a rassemblé une foule de documents éclairants relatifs à l'art de la gravure et du dessin en Europe du Nord ainsi que des pièces de référence comme des timbres-poste provenant de collections privées et des catalogues de maisons de vente. Lugt fait autorité en matière de dessins de Rembrandt. Après avoir cherché longtemps un lieu pour abriter son impressionnante collection, Lugt a fini par trouver l'endroit adéquat au 7 rue de Lille, à Paris. C'est là que fut fondé en 1957, sous l'impulsion de Lugt, l'Institut Néerlandais, demeure qui a aujourd'hui pignon sur rue parmi les | |
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Frits Lugt (1884-1970) et son épouse To en 1967, Fondation Custodia, Paris.
centres culturels étrangers établis dans la capitale française. La collection Lugt (à la même adresse) est gérée par la Fondation Custodia, qui organise régulièrement des expositions. Fin 2010 est parue une nouvelle biographie de Lugt. L'auteur en est Freek Heijbroek, ancien conservateur du Rijksmuseum d'Amsterdam. Il a intitulé son livre Frits Lugt 1884-1970. Leven voor de kunst (Frits Lugt 1884-1970. Une vie consacrée à l'art). L'ouvrage est publié par les éditions Thoth à Bussum (Pays-Bas) et par la Fondation Custodia à Paris. ISBN 978 90 6868 551 0 Le Flamand Reinhoud d'Haese (1928-2007), mieux connu sous le nom de Reinhoud, était à la fois sculpteur, dessinateur et graphiste. Les éditions Gallimard ont publié récemment le tome IV (‘Sculptures 1988-1992’) du catalogue raisonné de Reinhoud. Le même éditeur avait déjà publié trois tomes qui présentaient chacun les sculptures d'une période déterminée de sa carrière; deux autres tomes sont en préparation. En 1950, le jeune Reinhoud fait la connaissance d'Alechinsky et rencontre les autres membres de Cobra avec lesquels il exposera dès l'année suivante. Il créera ensuite pendant près d'un demi-siècle une foule d'êtres fabuleux humoristiques et mystérieux, issus des mondes mythiques de Cobra. L'artiste employait principalement le cuivre ductile, jaune et rouge, ainsi que le plomb et l'étain. Ces matériauxReinhoud, Parachute, collection privée.
lui permettaient de donner une forme libre à ses créations. À partir de 1964, à quelques périodes près, Reinhoud séjournera en France, plus particulièrement à Paris. www.gallimard.fr Début janvier 2011, les éditions de la Différence ont publié La Langue de ma mère, traduction française du roman Sprakeloos de l'écrivain flamand Tom Lanoye (o 1958). Le récit de l'attaque d'apoplexie suivie d'aphasie de sa mère, puis de son décès, a été salué par le quotidien néerlandais NRC Handelsblad comme ‘le plus beau roman autobiographique de l'année écoulée’. Bouchère dans une ville de province, cette maman a été actrice sa vie durant dans une compagnie d'amateurs. La langue était son instrument. Elle la maniait en virtuose au théâtre comme dans la vie quotidienne où sa volubilité et son sens de la répartie, associés à un caractère bien trempé et autoritaire, faisaient d'elle un personnage haut en couleur et parfois redoutable. La version française est due à Alain van Crugten qui a déjà traduit plusieurs pièces de théâtre de Tom Lanoye. Le grand public connaît Van Crugten pour Le Chagrin des Belges, sa traduction magistrale de l'oeuvre maîtresse de Hugo Claus Het verdriet van België. La Langue de ma mère a été présenté dans le cadre d'un programme bilingue au centre culturel Flagey, à Bruxelles. Cette présentation était | |
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Theo van Doesburg, Composition X, 1918, Centre Georges Pompidou, Paris, photo Ph. Migeat.
organisée par la maison flamando-néerlandaise de Buren (Les Voisins) en collaboration avec les associations littéraires Het Beschrijf / Entrez Lire. www.ladifférence.fr Jusqu'au 21 mars 2011 le Centre Georges Pompidou de Paris propose une exposition consacrée aux parcours croisés du mouvement De Stijl et de Piet Mondrian (1872-1944), sa figure de proue. Cette rétrospective est la toute première, en France, à éclairer un moment clé de l'histoire de l'art du XXe siècle. De Stijl synthétise, dès la fin des années 1910 et au cours des années 1920, une vision esthétique et sociale, un art total qui fonde la compréhension des sources de l'art moderne. À Paris, entre 1912 et 1938, Mondrian instaure un vocabulaire et une ‘nouvelle plastique abstraite’, entreprise radicale qui va révolutionner la peinture et l'art, avec à ses côtés Theo van Doesburg et Gerrit Rietveld, les autres fondateurs de ce mouvement transdisciplinaire qui touche à la peinture, la sculpture, l'urbanisme, l'architecture, la conception du mobilier et au graphisme. En 1918, le premier manifeste de De Stijl invite à un nouvel équilibre entre l'individuel et l'universel et exhorte l'art à se libérer des contraintes du culte de l'individualisme. De Stijl, vision utopique et engagement dans la production du réel du monde industriel, prend ses sources à la fois dans la philosophie de Spinoza et dans le mouvement théosophique, alors largement répandu aux Pays-Bas. Kees van Dongen, Le Doigt sur la joue, 1910, Museum Boijmans van Beuningen, Rotterdam. © SABAM Belgique 2011.
www.centrepompidou.fr ‘Fauve, anarchiste et mondain’: ainsi s'appelle l'exposition que le musée d'Art moderne de la ville de Paris consacrera au fauviste néerlandais Kees van Dongen (1877-1968) du 25 mars au 17 juillet 2011. Quelque vingt ans après la grande rétrospective organisée au Petit Palais, cette exposition restitue les multiples facettes du personnage: peintre prompt à la caricature et à la dénonciation sociale, artiste d'avant-garde et figure du fauvisme, devenu un des grands noms de la scène parisienne des années folles. ‘Fauve, anarchiste et mondain’ reprend et complète l'exposition qui a eu lieu au musée Boijmans van Beuningen de Rotterdam jusqu'au 23 janvier 2011. Par la couleur, Van Dongen reste l'artificier du fauvisme. Il la régénère lors de ses voyages au Maroc, en Espagne et en Égypte au début des années 1910 où il réinvente l'Orient. Mais Paris reste le sujet principal de sa peinture: Montmartre, qui le séduit par la verve populaire et la vie de bohème, Montparnasse, dont il est l'un des principaux animateurs mettant en scène une nouvelle femme à connotation plus érotique et, enfin, le Paris des années folles où il se consacre exclusivement à la nouvelle élite parisienne (hommes et femmes de lettres, stars du cinéma et de la scène). www.mam.paris.fr |
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