Septentrion. Jaargang 33
(2004)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
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Bram Vermeulen (1946-2004).
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ActuellesEn 2002, les Éditions Citadelles & Mazenod ont publié un beau livre d'art consacré à l'art en Belgique et aux Pays-Bas de 1520 à 1914 et réalisé par une équipe internationale de spécialistes sous la direction du professeur américain Thomas DaCosta Kaufmann. Récemment, la même maison parisienne a édité un ouvrage sur Le siècle des Primitifs, couvrant la période de 1380 à 1520. Les deux volumes forment un ensemble intitulé L'Art flamand et hollandais. L'étude sur la fin du Moyen Age, qui constitue l'objet du second volume, était dirigée par Christian Heck, professeur à l'université de Lille et directeur du Centre de recherche en histoire de l'art pour l'Europe du Nord. L'art de la fin du Moyen Age témoigne de la richesse de la noblesse, mais aussi du pouvoir croissant de la bourgeoisie dans les villes au moment où celles-ci étaient en plein essor économique. L'ouvrage se compose de différents chapitres traitant successivement de l'architecture, de l'art monumental, de la peinture et de l'enluminure, des arts décoratifs et de la sculpture. Pour terminer, des bâtiments importants de quelques villes néerlandaises sont étudiés plus en détail. L'ouvrage récemment sorti de presse donne un large aperçu de la production artistique de très haut niveau qui fut celle des Plats Pays à la fin du Moyen Age. Comme le précédent, il est abondamment illustré. Ensemble, les deux volumes couvrent d'élégante manière sept siècles d'histoire de l'art des Plats Pays. Voir Septentrion, xxxii, no 1, 2003, pp. 155-157. ◆ Lorsque, en juin 2004, le coeur de Louis xvii a été inhumé dans la chapelle royale de la cathédrale de Saint-Denis, le nom d'un professeur d'université flamand a été maintes fois mentionné: Jean-Jacques Cassiman. Ce spécialiste de l'ADN, attaché à la Katholieke Universiteit Leuven, avait abouti en 2000, au terme d'une étude approfondie, à la constatation que le coeur conservé à Saint- | |
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Denis était bel et bien celui du roi Louis xvii. Ceci accréditait la thèse officielle selon laquelle ce fils du célèbre Louis xvi qui avait été démis et exécuté lors de la Révolution française, était mort jeune dans une prison parisienne. Du même coup, les récits de tous les prétendus descendants de Louis xvii étaient relégués aux oubliettes. Jean-Jacques Cassiman est aujourd'hui invité à élucider une autre question tout aussi lancinante, toujours à Paris. Il a pour mission d'établir si la dépouille mortelle qui se trouve au Dôme des Invalides est bien celle de Napoléon. Cassiman comparera l'ADN de ces restes avec l'ADN d'une série de descendants de l'empereur. De quoi faire trépigner d'impatience tous ceux qui affirment que le cadavre remis à la France par les Britanniques en 1840 n'est pas celui du vrai Napoléon. ◆ Les danses des Piegan. Danses indiennes d'Amérique du Nord: tel est le titre du premier petit livre paru dans la collection Impasses de l'Encre. Animée par le Département d'études néerlandaises de l'Université Marc Bloch à Strasbourg, cette collection est ouverte aux étudiants en néerlandais ainsi qu'à toute personne qui souhaite publier des textes courts traduits du néerlandais et consacrés au monde néerlandophone. Impasses de l'Encre entend donner confiance aux étudiants en leur offrant un support qui leur permette d'exercer leurs talents. Les danses des Piegan, un article fouillé que signe l'ethnologue néerlandais J.P.B. de Josselin de Jong, a été traduit par une petite quinzaine d'étudiants sous la direction de Thomas Beaufils, maître de conférences au Département d'études néerlandaises de l'Université Marc Bloch et membre de la rédaction de Septentrion. Thomas Beaufils a également rédigé un bref avant-propos. Josselin de Jong (1886-1964) est peu connu du grand public. Il a pourtant été l'un des pionniers du structuralisme en anthropologie, bien avant Claude Lévi-Strauss. Il a écrit Les danses des Piegan, bel article descriptif sur les danses indiennes d'Amérique du Nord, en 1912, à l'âge de vingt-six ans. Voir Septentrion, xxxi, no 4, 2002, pp. 3-6. Adresse: thomas_beaufils@yahoo.fr / Département d'études néerlandaises, Université Marc Bloch, 22, avenue Descartes, F-67084 Strasbourg Cedex. ◆ ‘Je ne serai mort que lorsque vous m'aurez oublié’, disait-il, et on pourrait le citer à l'infini. Début septembre 2004, le chansonnier néerlandais Bram Vermeulen s'est éteint à l'âge de 57 ans. Bram Vermeulen semblait d'abord destiné à une carrière de sportif. A seize ans, il était distributeur de l'équipe nationale néerlandaise de volley-ball. Mais les variétés ont bientôt pris le pas sur le sport. En 1968, Vermeulen créait avec Freek de Jonge la compagnie de cabaret Neerlands Hoop (Espoir de la Néerlande). Neerlands Hoop allait défrayer la chronique avec ses textes politiquement engagés, décochant des flèches acérées. Ainsi, en 1978, Vermeulen et De Jonge ont fait campagne contre la participation des Pays-Bas à la phase finale du championnat du monde de football dans l'Argentine du dictateur Videla. Ce Bloed aan de paal (Du sang sur les montants du but) allait être le dernier grand projet de Neerlands Hoop. En 1979, Vermeulen et De Jonge se séparaient. La créativité de Vermeulen allait trouver à s'exprimer dans les disciplines artistiques et les genres les plus divers. Au théâtre, il a été metteur en scène et acteur et s'est familiarisé avec la construction de décors. Il a réalisé des documentaires et des programmes artistiques pour la télévision néerlandaise. Parolier de chansons, auteur de divers textes en prose, il s'est aussi adonné aux arts plastiques. Mais on retiendra avant tout de Bram Vermeulen le chansonnier dont le mot faisait mouche et vous remuait immanquablement. Des CD comme Rode wijn (Vin rouge), Dans met mij (Dansez avec moi) ou le très autobiographique Vriend en vijand (Ami et ennemi) laissent peu d'auditeurs insensibles. En 1999, Vermeulen a réalisé à la demande du musée In Flanders Fields d'Ypres un programme sur la première guerre mondiale. Ces éléments réunis | |
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Edgar de Bruyne (1898-1959).
Place de la Concorde, 1963 (Photo S. Presser - ‘Maria Austria Instituut’).
J.C. Schotel, ‘Vissersdorp in de duinen’ (Village de pêcheurs dans les dunes), détail.
ont débouché sur un poignant CD qui a pour titre Oorlog aan den oorlog (Guerre à la guerre). Un autre chanteur a disparu au début de l'automne 2004: l'Amstellodamois André Hazes, connu pour ses chansons mélos. Il avait 53 ans. Ainsi qu'il l'avait lui-même souhaité, la cérémonie funèbre s'est déroulée à l'Arena, ce stade d'Amsterdam habituellement réservé au football. Pas moins de 40 000 fans sont venus rendre à Hazes un dernier hommage, et ils ont en même temps démontré que les Néerlandais extériorisent bien plus leurs émotions qu'on ne le dit généralement. ◆ Qui était Edgar de Bruyne (1898-1959)? Les hommes politiques qui ont une bonne mémoire se souviennent qu'il a été un démocrate-chrétien de premier plan, sénateur (dans les années 1940 et 1950) et ministre des Colonies. Mais il était aussi un éminent philosophe, qui s'intéressait particulièrement à l'éthique et aux théories esthétiques et avait un faible pour le Moyen Age. De Bruyne, qui avait fait ses études au Hoger Instituut voor Wijsbegeerte (Institut supérieur de philosophie) à Louvain, a enseigné pendant plus de trente ans à l'université de Gand. Fin 2003, la Koninklijke Vlaamse Academie van België voor Wetenschappen en Kunsten (Académie royale flamande de Belgique des sciences et des arts) a organisé à Bruxelles un colloque sur les idées d'Edgar de Bruyne en matière d'éthique, d'esthétique et de philosophie des cultures. Les exposés présentés à cette occasion sont aujourd'hui publiés dans la série Contactforum de l'Académie. Marcel Storme, Carlos Steel et Rajesh Heynickx ont assuré la coordination rédactionnelle de cette publication, dans laquelle le lecteur trouvera, outre leurs textes, les communications de Herman Parret et de Jacques de Visscher. L'intervenant le plus remarqué lors du colloque était Umberto Eco. Il a souligné l'influence déterminante qu'avait eue sur sa pensée et son oeuvre le principal traité d'Edgar de Bruyne, Études d'esthétique médiévale (1946). Sans De Bruyne, affirmait-il, Le Nom de la rose n'aurait pu exister. La communication d'Eco a été reprise intégralement en français. | |
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Adresse: Paleis der Academiën, Hertogstraat 1, B-1000 Brussel. ◆ Durant les premières décennies qui ont suivi la seconde guerre mondiale, Paris était unanimement reconnue comme la capitale culturelle mondiale. Comme bien d'autres, les artistes et écrivains néerlandais et flamands ont succombé aux charmes de la Ville lumière. L'exposition Parijs was mieters! (Paris était super!), qui se tient au Musée de la ville de Schiedam (Hollande-Méridionale), permet de se rendre compte que les plus grands photographes néerlandais de la période 1945-1965 ont, eux aussi, travaillé dans la capitale française. Les photos présentées à l'exposition sont notamment signées Emmy Andriesse, Ed van der Elsken, Sem Presser, Ad Windig, Fred Brommet, Kees Scherer, Cor Dekkinga et Cas Oorthuys. Quelques-uns d'entre eux ont réalisé des portraits de jeunes peintres comme Karel Appel et Corneille, que ces photos ont d'ailleurs contribué à faire connaître. Mais le principal mérite de Parijs was mieters! est d'offrir une vision unique du Paris de l'après-guerre. Ces artisans néerlandais de la pellicule mariaient apparemment les contraires avec une étonnante facilité. Quartier miséreux ou tour Eiffel, clochard en guenilles ou mannequin le plus somptueusement vêtu: dans chaque cliché, c'est le pouls de la métropole que l'on sent battre. L'exposition est ouverte jusqu'au 12 décembre 2004 à la Korenbeurs de Schiedam, qui héberge temporairement le Musée de la ville (www.stedelijkmuseum.schiedam.nl). Voir le numéro à thème Vaut le voyage de Septentrion (xxxii, no 1, 2003). ◆ Gérer cent mille dessins et quarante mille oeuvres graphiques: telle sera la mission du Néerlandais Carel van Tuyll van Serooskerken (o1950), qui deviendra le premier janvier 2005 le nouveau conservateur en chef du Cabinet des estampes du Musée du Louvre. Une grande première dans l'histoire du Louvre, car jamais encore un étranger n'avait accédé à ce poste. Carel van Tuyll van Serooskerken a étudié l'histoire de l'art à l'université de Leyde. Après avoir travaillé durant quelque temps en qualité de collaborateur scientifique à l'Institut néerlandais d'histoire de l'art de Florence, il est rentré aux Pays-Bas. Il a été attaché pendant vingt ans au Teylers Museum de Haarlem, d'abord en tant que conservateur, puis comme conservateur en chef et responsable de la gestion des collections. Van Tuyll van Serooskerken s'est notamment spécialisé dans les dessins et tableaux italiens des xve, xvie et xviie siècles. ◆ Landschap van verlangen (Paysage-passion) est le titre de l'exposition qui se tient jusqu'au 16 janvier 2005 au Teylers Museum de Haarlem. Elle est consacrée aux décennies précédant et suivant immédiatement 1800, une des périodes les plus passionnantes de l'art paysagiste néerlandais. Plus de quatre-vingts dessins et tableaux d'une grande richesse picturale appartenant au musée ont ainsi été accrochés côte à côte aux cimaises pour quelque temps. Parmi les artistes exposés figurent notamment Wybrand Hendriks (1744-1831), Johannes Christiaan Schotel (1787-1838), Andreas Schelfhout (1787-1870) et Barend Cornelis Koekkoek (1803-1862). Aux Pays-Bas, dans la seconde moitié du xviiie siècle, l'amateur d'art était surtout attiré par les paysages imaginaires et idylliques faisant la part belle aux temples classiques et aux coteaux recouverts d'une végétation luxuriante. Vers 1800, ces paysages ont été jugés trop factices. On leur a préféré la campagne néerlandaise, identifiable et pleine de fraîcheur. La région de Haarlem est alors devenue un des lieux privilégiés du genre, mais de nombreux artistes ont aussi planté leur chevalet en Drenthe et en Gueldre pour immortaliser ‘les derniers coins de nature vierge’. Située à deux pas d'Amsterdam, Haarlem vaut le détour. Voir Septentrion, xxix, no 1, 2000, pp. 3-11 et les pp. 14-20 du présent numéro. www.teylersmuseum.nl Hans Vanacker |
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