au départ que peu de cas de l'équipe féminine néerlandaise. Il était d'ailleurs loin d'être le seul à se conduire de la sorte. L'athlétisme féminin n'en était qu'à ses débuts et une bonne partie de la société néerlandaise estimait, à l'instar des diverses Églises, que les femmes pratiquant des disciplines telles que le sprint, le saut ou le lancer du poids ou du javelot n'étaient à vrai dire pas à leur place dans un stade. S'étant aperçu de l'immense talent de Fanny Koen, Blankers changea d'avis. En vrai professionnel, il se spécialisa dans l'entraînement des athlètes néerlandaises. En très peu de temps, il apprit le suédois afin d'être capable de lire dans le texte les ouvrages scandinaves faisant autorité en matière de physiologie. Après la guerre, il isola à intervalles réguliers son équipe féminine dans un refuge, loin des remous de la ville. Il y organisa des entraînements collectifs poussés, minutieusement préparés, une initiative inconnue alors à l'étranger.
Déjà au cours de la guerre, le tandem Blankers-Koen obtint des résultats spectaculaires: Fanny améliora les records mondiaux du 100 yards, des sauts en hauteur et en longueur. Étrange paradoxe: la sombre période de guerre donna un nouveau souffle à l'athlétisme néerlandais. Certains sports d'équipe, tels le football et le hockey, étaient à cette époque beaucoup plus fragilisés. La disparition de quelques joueurs, morts ou passés dans la clandestinité, empêchaient les équipes de participer aux compétitions. Résultat: l'attention du public se portait de plus en plus sur les sports individuels. Dans les tribunes autour des pistes d'athlétisme s'attroupait souvent une foule nombreuse. En mai 1944, Fanny Blankers-Koen
Fanny Blankers-Koen (1918-2004) à la conquête d'une nouvelle médaille d'or, Jeux olympiques de Londres, 1948, collection Frits de Ruijter.
contribua dans une large mesure à un éclatant succès ayant valeur de symbole. L'équipe néerlandaise du relais 4 × 200 mètres établit un nouveau record mondial, détrônant ainsi l'Allemagne.
La famille Blankers-Koen n'eut pas trop à souffrir des années de guerre et de la terrible famine qui marqua l'hiver 1944-1945. Elle franchit prudemment la difficile ‘haie’ de la répression qui, au lendemain des hostilités, allait frapper des figures éminentes de l'athlétisme néerlandais en raison des (prétendus) services rendus à l'occupant. Lors des premiers championnats d'Europe de l'après-guerre, organisés à Oslo en 1946, Fanny Blankers-Koen décrocha la médaille d'or du 80 mètres haies, confirmant ainsi les progrès qu'elle avait réalisés au cours de la guerre. La préparation de l'équipe des athlètes néerlandaises ne s'était pourtant pas faite sans encombre. Les dames avaient traversé l'Allemagne dévastée dans un car tout déglingué tombant fréquemment en panne. La traversée du Danemark à la Norvège ne s'était pas passée non plus sans problèmes et, pour comble de malheur, le car s'était immobilisé pour de bon au beau milieu d'un tunnel norvégien. Quelques heures à