néerlandaise face à celle des autres pays de la zone euro se raffermit, entraînant une augmentation significative des exportations et, dans la foulée, une croissance accélérée de l'emploi débouchant finalement sur une pénurie de main-d'oeuvre. Conséquence: des revendications salariales plus élevées et des augmentations de salaire supérieures à celles consenties dans les pays voisins de l'Europe occidentale, le tout conduisant au renforcement de la consommation et à un taux d'inflation dépassant celui des autres pays membres de l'Union européenne.
Il n'empêche qu'aux Pays-Bas, jusqu'à il y a peu, le fameux ‘modèle des polders’ continuait d'être porté aux nues alors qu'en réalité - et voilà le paradoxe - le pays, pliant sous le poids des augmentations salariales, voyait sa compétitivité s'affaiblir face à ses concurrents étrangers. De plus, l'économie néerlandaise prenait de plus en plus les allures du capitalisme américain en raison de l'importance attachée à la valeur boursière des entreprises, à la qualité de l'actionnariat, aux rémunérations de plus en plus substantielles accordées aux managers (générant par voie de conséquence des disparités de revenus plus grandes) et au ‘dégraissage’ du secteur public.
Si, jusqu'à il y a peu, les Pays-Bas occupaient sur le plan économique une position de leader en Europe, ils risquent de se voir relégués en queue de peloton dans les années qui viennent. Au cours de l'année 2002, la croissance économique s'est presque arrêtée. D'après le Centraal Planbureau (Bureau central du Plan), beaucoup moins optimiste qu'il y a quelques mois, elle n'augmentera que de 0,75% au maximum, ce qui est sensiblement inférieur à la moyenne prévue pour 2003 (1,75%) dans l'ensemble de la zone euro. La détérioration de la compétitivité des entreprises néerlandaises se poursuivra en 2003 entraînant la perte de parts de marché au profit d'autres pays. Le chômage s'accroîtra de 100 000 unités. La croissance molle explique également qu'au faible excédent budgétaire enregistré encore en 2001 a succédé en 2002 un déficit s'élevant à 0,8% du Produit intérieur brut. On prévoit qu'en dépit de l'augmentation des impôts, le déficit budgétaire se montera à 1% du PIB en 2003. Au cours de cette même année, le pouvoir d'achat des Néerlandais régressera de 1,25% en moyenne. Il reculera de 0,25% pour les plus de 65 ans, de 1% pour les allocataires et de 2% pour les actifs.
Les dures réalités économiques ont conduit les syndicats à faire preuve de modération. Jusqu'à l'automne 2002, ces derniers n'avaient cessé de formuler des revendications salariales dépassant largement le taux d'inflation et de productivité. Fin novembre 2002, un accord social a été conclu entre patronat et syndicats stipulant que dans les conventions collectives qui restaient à signer, les augmentations de salaires n'excéderaient pas 2,5%. Étant donné qu'une partie des conventions collectives ont déjà été conclues, l'augmentation moyenne des salaires s'élèvera à 2,75%. Pour ce qui concerne le pouvoir d'achat, ces données ont déjà été intégrées dans les chiffres cités plus haut. L'impact positif de la modération salariale sur la croissance n'est attendu qu'à plus ou moins long terme. En revanche, on prévoit des retombées positives sur l'emploi (sans la modération salariale, le nombre des nouveaux chômeurs dépasserait les 100 000 mentionnés ici-dessus) ainsi que sur les exportations et les investissements. Tout comme en 2002, ces derniers régresseront en 2003. En raison de la hausse trop modeste de la production, les entreprises se voient de plus en plus confrontées au problème de la surcapacité. Par ailleurs, depuis quelques années, les marges bénéficiaires se rétrécissent et pour l'année 2003, on ne s'attend guère à une amélioration de la situation: en dépit de la modération salariale, la part des dépenses de personnels dans le total des coûts d'exploitation continuera de s'accroître légèrement en 2003. Le faible taux de rentabilité n'est pas de nature
à stimuler l'investissement et complique même son financement.
A la suite de la baisse des cours des actions enregistrée dans le monde entier, un problème