Septentrion. Jaargang 31
(2002)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
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Guus Hiddink (o1946).
La ‘Huis van de Vlaamse Volksvertegenwoordigers’, vue sur l'‘Atrium’ © 2002 - M. van Esbroeck / SOFAM-Belgique.
La ‘Kamer 42’. On n'y entre qu'avec la clef 142 (Photo N.Punt).
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ActuellesA-t-on assisté, le 12 juin 2002 à Amsterdam, à une mascarade académique à tous égards réussie ou convient-il plutôt de parler d'une ridicule ‘usurpation de toge’? Les critiques n'ont toujours pas tranché. Ce jour-là, l'écrivain néerlandais Harry Mulisch (o1917), auteur entre autres de L'Attentat et de La Découverte du ciel, a obtenu le titre de docteur en philosophie. La soutenance de thèse a eu lieu non pas dans l'enceinte d'une université publique mais dans les locaux de l'association Felix Meritis. On y organise chaque mois le ‘café philosophique Felix et Sofie’, rebaptisé pour la circonstance ‘Université Felix et Sofie’. Intitulée De compositie van de wereld (La Composition du monde), la thèse soutenue par Mulisch se base sur l'ouvrage du même nom, difficilement classable (scientifique, philosophique?) que l'auteur publia en 1980. A sa sortie, le livre fut considéré comme une curiosité, très peu lu et rapidement tenu pour illisible. S'appuyant sur la notion musicale d'‘octavité’, l'écrivain s'est employé à percer les mystères du monde saisi dans sa totalité. Ayant eu à répondre à un tas de questions épineuses posées par un jury composé de dix professeurs d'université, Mulisch s'en est sorti en virtuose. Aussi s'est-il vu décerner la mention ‘cum laude’ devenant ainsi le détenteur d'un parchemin qui visiblement le remplissait de fierté. Le 22 août 2002, celui qui s'est autoproclamé le dieu suprême des lettres néerlandaises a de nouveau fait irruption dans les médias. Ce jour-là, le cercle étudiant amstellodamois Propria Cures a organisé une bourse d'échange de livres de Mulisch. Les possesseurs d'un ouvrage de Mulisch étaient invités à venir l'échanger contre un livre d'un autre auteur. Cette initiative a fait beaucoup d'heureux. Ceux qui n'apprécient guère l'oeuvre de Mulisch ont ainsi pu se débarrasser d'un livre qu'ils avaient probablement omis de lire. Détail piquant: tous les livres de | |
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Mulisch ayant fait l'objet d'un échange ont été offert à l'écrivain en personne. Voir pp. 71-73 et Septentrion, XXVIII, no 1, 1999, pp. 3-15. ◆ ‘Hiddink for President’: ce slogan inscrit sur une banderole géante traduisait l'admiration des supporters sud-coréens pour l'entraîneur néerlandais Guus Hiddink qui, lors du Mondial 2002, devait propulser leur équipe nationale en demi-finale. On aurait dit que la Corée et les Pays-Bas s'étaient enfin découverts. Les médias néerlandais se penchaient sur divers aspects de l'histoire et de la société coréennes et la Corée savait du coup repérer la ‘Hollande’ sur la mappemonde. Hiddink n'est pourtant pas le seul Néerlandais à avoir rendu service à la Corée. Déjà en 1627, Jan Jansz. Weltevree, officiellement au service de la Vereenigde Oost-Indische Compagnie (VOC - Compagnie hollandaise des Indes orientales) mais en réalité pirate de son état, foula le sol coréen. Il fut le premier Européen à pénétrer dans le royaume ‘fermé’. Weltevree réussit à se faire embaucher à la Cour coréenne mais interdiction lui fut faite de quitter le pays. En 1653, il fut rejoint par une trentaine de naufragés du Sperwer, navire appartenant à la VOC, lequel avait échoué sur la côte coréenne. Une bonne partie des hommes d'équipage furent transférés au sud de la Corée où, appliquant des méthodes de construction néerlandaises (telle l'élévation de hautes murailles en pierre), ils apportèrent leur aide à l'édification d'ouvrages défensifs. Treize ans après, huit hommes réussirent à s'enfuir en bateau et à atteindre Nagasaki au Japon. Parmi eux se trouvait Hendrick Hamel, marin comptable, qui, de retour au pays, publia son Journal van de Ongeluckige Voyage van 't jacht de Sperwer (Journal de l'infortuné voyage du navire de Sperwer). Ce fut le premier livre européen consacré à la Corée et, durant deux cents ans, une importante source d'information sur ce pays fermé. ◆ Toute région qui se respecte offre à ses députés un logement décent. Voilà ce qu'ont dû se dire les autorités flamandes lorsqu'elles ont acheté à Bruxelles, à deux pas du Parlement flamand, un imposant édifice où elles ont fait aménager non moins de 42 000 mètres carrés de bureaux. Ce qui à l'origine fut le siège de l'Office des chèques postaux belges, érigé en 1937 sur les plans de Victor Bourgeois entre la rue de la Croix et la rue de Louvain, fut transformé en quelques années en Huis van de Vlaamse Volksvertegenwoordigers (Maison des députés flamands). Lors des travaux de réhabilitation, on a pris soin de respecter l'architecture moderniste originelle de l'édifice datant des années 1930. Le nouveau complexe administratif abrite les bureaux des députés et de leurs collaborateurs ainsi que les services administratifs et logistiques mis à leur disposition. Le 9 juillet 2002, le grand public a pu découvrir le bâtiment réhabilité. Ce jour-là a eu lieu dans la ‘salle des guichets’ de l'ancien Office des chèques postaux, au même moment qu'au Parlement flamand, la manifestation littéraire Poëten in het parlement. Non moins de 1 500 personnes ont eu le privilège et le plaisir d'assister à une soirée poétique de haut niveau, organisée par Jozef Deleu. Vingt-quatre poètes ont lu quelques-uns de leurs poèmes. Parmi eux se trouvaient non seulement des Néerlandais et des Flamands mais aussi des poètes belges de langue française (William Cliff, Liliane Wouters) et allemande (Bruno Kartheuser). Sous le titre Poëten in het parlement a paru une anthologie aux Éditions Van Halewyck (ISBN 90 5617 405 3). Voir www.vlaamsparlement.be et www.vanhalewyck.be ◆ Un lit, un (petit) bureau, trois chaises disposés dans une pièce que jouxte une salle de bains: il n'en faut pas plus pour que les poètes, prosateurs et essayistes néerlandais de passage à Paris, y soient aux anges. Voilà ce qui ressort à l'évidence du petit livre Kamer 42. Verslag over een verblijf in Parijs (Chambre 42. Compte rendu d'un séjour à Paris). Pas moins de 16 auteurs décrivent dans cet ouvrage leur séjour dans Kamer 42, un espace | |
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S.C. Bosch Reitz, ‘Japanse tuin’ (Jardin japonais), gravure sur bois, 1900, collection privée.
Adriaan Morriën (1912-2002) (Photo W. Dee).
‘Madone à l'enfant’, ‘Vitae Sanctorum’, région de la Meuse, vers 1200.
restreint situé au rez-de-chaussée de l'Institut néerlandais et, depuis 1997, mis à la disposition des écrivains néerlandais. Quelques auteurs ont séjourné longtemps dans Kamer 42, d'autres n'y sont restés que durant une courte période. Quelle qu'ait été la durée de leur séjour, tous ont été comblés par cette oasis de tranquillité au coeur de la capitale française. Bien que le mobilier des plus sobres évoque chez certains l'austérité d'une cellule de moine, Kamer 42 est sans conteste un lieu délectable où le mot règne en souverain omnipotent. Kamer 42 a été coédité par l'Institut néerlandais et le Fonds voor de Letteren (Amsterdam). ◆ ‘Poète. A fondé Archipel pour se compliquer la vie’. Voilà en quels termes se présente Alain Germoz, directeur de la revue littéraire Archipel. Si la préparation du volume 19 d'Archipel (2002) ne lui a sans doute pas facilité la vie, il peut tout de même se montrer satisfait du résultat: un numéro varié rassemblant des textes en prose, des poèmes et des essais venant des horizons les plus divers. L'intérêt que porte Germoz dans presque chaque livraison d'Archipel à la littérature de langue néerlandaise l'honore. Dans le volume 19, il publie entre autres un dossier sur le poète, essayiste et artiste brugeois Renaat Ramon (o1936) qu'il présente comme ‘le maître des signes’. D'autres contributions sont consacrées aux auteurs anversois Guy Vaes (o1927) et Vincent Malacor (o1938). Tous deux appartiennent au groupe d'auteurs flamands qui ne publient qu'en français, une espèce en voie d'extinction. ◆ Le Néerlandais S.C. Bosch Reitz (1860-1938) n'est pas à proprement parler un peintre connu, même pas dans son pays d'origine. Cet artiste a pourtant produit une oeuvre intéressante et diversifiée. Une rétrospective qui s'est tenue jusqu'au 8 septembre 2002 au Singer Museum de Laren (Hollande-Septentrionale) a surtout réuni | |
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des tableaux, des dessins, des gravures sur bois et des panneaux d'étude de cet artiste aux multiples facettes. Bosch Reitz naquit dans une grande famille amstellodamoise. Ayant reçu une formation qui aurait dû lui assurer un emploi lucratif dans les affaires, il opta pour la précarité d'une carrière d'artiste. Il se rendit à Paris et à Munich mais il fut davantage attiré par les villages d'artistes tels que Pont-Aven, Saint-Ives et Laren. En 1900, Bosch Reitz partit au Japon où il s'initia aux arts de la porcelaine et de l'estampe. Dans la suite, les connaissances acquises au Pays du soleil levant allaient lui être des plus profitables puisqu'il fut nommé conservateur chargé des arts asiatiques au Metropolitan Museum of Art de New York. La passion de Bosch Reitz pour l'art japonais se révèle surtout dans ses gravures sur bois. On est frappé par la multiplicité des genres pratiqués par cet artiste. Il réalisa entre autres des pièces de salon, des peintures florales de style Art nouveau, des représentations nostalgiques de parcs italiens et des tableaux champêtres mettant en scène dans un style direct et décoratif la population rurale. A l'occasion de cette rétrospective a paru un ouvrage sur la vie et l'oeuvre de Bosch Reitz, basé pour l'essentiel sur son journal. Adresse: Singer Museum, Oude Drift 1, NL-1251 BS Laren / www.singerlaren.nl ◆ ‘Mon passe-temps favori: vivre’. C'était l'une des devises du poète, prosateur et essayiste néerlandais Adriaan Morriën (1912-2002). Rarement réédités et très peu traduits, ses livres étaient pourtant appréciés par un groupe de fidèles lecteurs. Après sa mort, certains n'ont pas hésité à considérer Morriën comme l'un des auteurs néerlandais les plus méconnus du xxe siècle. Son oeuvre témoigne d'une grande capacité à pénétrer la psyché humaine. Elle est souvent autobiographique et teintée d'une certaine ironie. Jusqu'à un âge avancé, il a clamé son grand amour de la femme. L'oeuvre critique de Morriën résistera peut-être le mieux à l'usure du temps. En 1999, tous ses essais et critiques ont été réunis et publiés en deux tomes (totalisant 1 300 pages) sous le titre Brood op de plank (Du pain sur la planche). Dans ses essais et écrits critiques, Morriën se révélait souvent un analyste talentueux, capable d'évoquer en quelques mots judicieusement choisis une image tout à fait pertinente. Il pouvait en plus s'appuyer sur une érudition à vous couper le souffle. Il lui arrivait de découvrir des âmes soeurs dans l'histoire littéraire. Parmi ses auteurs favoris figurait entre autres Guillaume Apollinaire. ◆ ‘L'exposition phare de 2002’ ou encore ‘Sans doute la plus grande exposition jamais consacrée à l'art de la miniature’. Ce ne sont là que quelques titres dithyrambiques parmi d'autres saluant dans la presse flamande l'inauguration de Meesterlijke Middeleeuwen (Les Maîtres de l'enluminure médiévale), une exposition prestigieuse consacrée par le Musée municipal de Louvain à l'art de la miniature dans les Pays-Bas du Sud ‘de Charlemagne à Charles le Téméraire 800-1475’. Meesterlijke Middeleeuwen (qui se tient jusqu'au 8 décembre 2002) montre la beauté époustouflante des manuscrits réalisés dans les centres spirituels et artistiques des Pays-Bas du Sud. Plus de cent pièces maîtresses provenant de bibliothèques nord-américaines et européennes se trouvent réunies pour la première fois à Louvain. L'exposition nous montre comment l'art de la miniature s'est développé au cours des siècles. Né à l'époque romane, il se profile d'abord comme un art très éloigné des réalités terrestres. La production des manuscrits atteint son apogée au cours de la période bourguignonne. Après la mort de Charles le Téméraire, le livre imprimé allait petit à petit se substituer au manuscrit. Adresse: Stedelijk Museum Vander Kelen-Mertens, Vanderkelenstraat 30, B-3000 Leuven / mm.leuven.be Voir Septentrion, XXX, no1, 2001, pp. 158-160. Hans Vanacker |
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