s'avéra inexécutable. De Bondt obtint son diplôme, mais s'attira les critiques du jury à cause de la rigueur des programmes. Van Vlijmen déclara: ‘Prenez garde, plus tard, vous verrez que c'est lui le plus intuitif de nous tous!’
Karkas fut exécuté pour la première fois dans le cadre du dernier Holland Festival (Festival des Pays-Bas), qui consacrait à la figure de De Bondt un portrait en trois parties. Quatre-vingt-six étudiants des conservatoires de La Haye, d'Amsterdam et de Rotterdam s'acquittèrent de cette mission, assistés d'une vidéo sur laquelle explosait au ralenti un piano à queue projeté en l'air par des obus de mortier, les restes de la carcasse étant étalés sur de grandes tables installées au milieu des musiciens.
Mais De Bondt allait tourner le dos à un tel degré d'abstraction. Son oeuvre la plus récente est le triptyque
Bloed (Sang, 1998-2002), qui intègre des oeuvres médiévales, de la Renaissance et du baroque naissant - principalement des madrigaux. Les trois pièces ont pour thème les conséquences dévastatrices des guerres sur la descendance de ceux qui les ont vécues.
Bloed I expose le point de vue du père, lequel père joue du couteau dans
Bloed II, le récit fait par le fils, ainsi que dans la vidéo de
Bloed III. Le point de départ de ce rituel en trois parties doit être cherché dans les expériences traumatisantes vécues par le père de De Bondt dans un camp de concentration et qu'il a transmises à son fils. Cette musique s'inspire beaucoup de Bach et de Stravinski, musiciens qui
Cornelis de Bondt (o1953) (Photo R. Jonkers).
font figure d'exemple pour De Bondt: rigoureux et clairs sans renier l'émotion, à la fois cérébraux et intuitifs, fugues rigoureuses et néanmoins émouvantes. N'était-ce pas Stravinski qui disait qu'il ne pouvait se sentir libre qu'à l'intérieur de formes strictes?
La manière dont De Bondt intègre le passé dans son oeuvre est remarquable. Dans Het Gebroken Oor I (L'oreille brisée I, 1983-1984), composé pour l'Ensemble Schönberg, il s'inspire évidemment de Schönberg; dans De Deuren Gesloten (Les Portes closes, 1984-1985), de Beethoven et Purcell; dans Grand Hotel (1985-1988) - qui fit sensation au Holland Festival -, de la dernière sonate pour piano en do, op. 111, de Beethoven; dans De Tragische Handeling (L'acte