et s'éclatait dans des virées en voiture volée. Mais, paradoxalement, son corps déficient allait l'aider à faire très rapidement carrière et à se hisser au top niveau. De Graaff fit sa première apparition à la télévision néerlandaise dans un spot publicitaire pour les biscuits Verkade. La sympathique frimousse (cheveux teints en jaune, petites lunettes rondes) de l'adulte au corps d'enfant eut tôt fait de conquérir les coeurs. Du coup, De Graaff se vit offrir la chance de prouver ses talents télévisuels. Veronica, à l'époque une chaîne de télévision publique, le chargea de réaliser le programme pour enfants BOOS (Barts Omroep Organisatie Stichting). Le petit bonhomme à la langue bien pendue, ne mâchant pas ses mots, fut d'emblée adopté par la jeunesse néerlandaise. De Graaff se délectait de son succès. Il lui était enfin possible d'entrer dans une discothèque sans devoir exhiber une pièce d'identité, de se déplacer en vélomoteur sans être interpellé par la police. Perçu jusque-là comme un ennemi, son petit corps fragile devint un ami.
Lorsque
Veronica se vit attribuer le statut de chaîne commerciale, De Graaff n'eut plus le loisir d'expérimenter autant que par le passé. Il quitta la station et fonda avec quelques complices le BNN (
Bart's News Network - Réseau d'information Bart), une chaîne publique destinée plus spécialement aux jeunes. La campagne lancée par De Graaff en vue de recruter les 60 000 adhérents exigés par le cahier des charges semblait, au premier abord, une aimable plaisanterie. Il n'empêche qu'en un rien de temps, il recueillit les 60 000 signatures requises. Dorénavant, un soir par semaine, la chaîne nationale
Nederland 2 allait confier l'antenne à BNN. Il s'agissait tout simplement d'attirer un public jeune en lui proposant des sketches, pleins de suspense, inspirés de la vie de tous les jours. Président et visage de BNN, De Graaff peaufina son image de joyeux trublion, de bon petit diable un tantinet brutal. Surfant sur la vague de la télé réalité, BNN se hasarda à réaliser coup sur coup des émissions, les unes tout aussi surprenantes que les autres, avec dans le rôle principal l'inamovible De
Bart de Graaff (1967-2002).
Graaff. Un jour, soucieux de créer à tout prix de la ‘télévision réelle’, il n'hésita pas à peloter effrontément les seins gonflés d'une célébrité médiatique. Plus tard, s'étant risqué à jeter une pierre dans la vitrine d'une station à essence à Utrecht, il fut arrêté sur-le-champ. Les relations que De Graaff entretenait avec les autres stations de télévision étaient loin d'être optimales mais il s'en moquait éperdument: après s'être vu signifier l'interdiction de filmer dans les locaux d'une chaîne concurrente, il s'y fit introduire en catimini, couché dans un cercueil. La médiocrité de la télé réalité produite par BNN et l'effet de choc prévisible de la plupart des émissions faisaient grincer quelques dents mais, dans l'ensemble, la chaîne continuait à enthousiasmer les jeunes. Lors de la soirée hebdomadaire réservée à BNN, l'âge moyen des spectateurs de
Nederland 2 était de neuf ans inférieur à celui du public habituel de la chaîne. Bien qu'elle donnât longtemps l'impression d'être une chaîne d'une affligeante banalité, BNN séduisait visiblement le