Histoire
Le 700e anniversaire de la bataille des Éperons d'or: pourquoi la fête de la Communauté flamande se célèbre-t-elle le 11 juillet?
La bataille des Éperons d'or qui, le 11 juillet 1302, fut livrée sur le Groeningeveld près de Courtrai, ne fut qu'un des nombreux affrontements militaires qui émaillèrent la guerre franco-flamande (1297-1320). Le conflit avait débuté le jour où Gui de Dampierre, comte de Flandre (1278-1305), rompit ses liens vassaliques avec Philippe IV le Bel, roi de France (1285-1314). A l'origine, il ne s'agissait donc que d'une guerre féodale opposant un suzerain à son vassal. Cependant, au cours des dernières décennies du xiiie siècle, divers autres conflits déchiraient la Flandre: troubles sociaux dans les villes, tensions entre le comte et les municipalités, conflits interurbains, querelles dynastiques entre les Dampierre (Flandre) et les Avesnes (Hainaut), rivalités entre le ‘parti anglais’ et les tenants de la couronne française. Au début du xive siècle, tous ces conflits se cristallisaient autour de l'antagonisme entre les leliaards, monarchistes, et les liebaards ou klauwaards, partisans du comte de Flandre. Ni les leliaards ni les liebaards constituaient un groupe stable, homogène sur le plan social, économique, culturel, féodal ou ‘national’. Par ailleurs, on passait fréquemment d'un camp à l'autre, au gré des circonstances, en fonction de considérations matérielles ou opportunistes ou par peur de représailles. Le choix du parti était dicté par des motifs d'ordre politique, économique, matériel et social, non par une quelconque conscience identitaire ou par quelque sentiment flamand ou national que ce soit.
Bien que la bataille des Éperons d'or n'eût rien à voir avec l'émergence d'une identité nationale, l'événement finirait par s'imposer comme le symbole de l'identité flamande. Cela s'explique en premier lieu par l'issue de la bataille. Pour la première fois dans l'histoire de l'Europe occidentale, la piétaille triompha de la chevalerie. A sa grande honte, le corps d'élite français fut battu à plate couture par une armée de tisserands, drapiers et autres gens de métier. L'humiliation essuyée par les Français était des plus cruelles alors que la Flandre baignait dans l'euphorie. Provoquant un sursaut d'orgueil collectif, le conflit prit rapidement une dimension nationale. Ayant conduit au déclenchement des hostilités, les intérêts, souvent divergents, des diverses catégories sociales, furent rapidement mis au rancart au profit des antagonismes francoflamands, de plus en plus mis en évidence. Peu à peu, on ne retiendrait plus que la lutte des Flamands coalisés contre la domination française et leur détermination à libérer la patrie. C'est cette version des faits qui fut couchée sur le parchemin par les historiens et qui prit ainsi l'allure de réalité historique. Alors que les historiographes de l'époque étaient parfaitement conscients du caractère féodal de la guerre, nourrie, entre autres, par des conflits sociaux, économiques et dynastiques, un moine de l'abbaye de Clairmarais rédigea, vers 1325, la