Septentrion. Jaargang 30
(2001)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
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Iwan Gilkin (1858-1924) (AML - cliché Eug. Guérin).
Dessin de Piet van der Hem, publié en 1916 dans le ‘Nieuwe Amsterdammer’ et évoquant l'horreur de la guerre.
Jan Fabre, ‘De Vlaamse krijger van de wanhoop’ (Le guerrier flamand du désespoir) © SABAM Belgique 2001.
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ActuellesIwan Gilkin (1858-1924), poète, critique et dramaturge francophone, fut l'un des principaux artisans de la ‘Renaissance littéraire’ en Belgique vers 1880. En qualité de directeur de la revue La jeune Belgique qui donnait alors le ton, il exerça une forte influence sur le monde artistique de l'époque. Un an à peine après la parution de la biographie de Gilkin aux Éditions Racine, ce même éditeur publie une autobiographie où Gilkin évoque les vingt premières années de sa vie: Mémoires inachevés. Une enfance et une jeunesse bruxelloises 1858-1878 (2000). Cet ouvrage de plus de 400 pages a été établi, présenté et annoté par Raymond Trousson, professeur à l'Université libre de Bruxelles. Ces Mémoires inachevés renseignent le lecteur sur l'éducation d'Iwan Gilkin, son milieu, sa formation philosophique et religieuse. Ils brossent également un passionnant portrait de la société belge dans la seconde moitié du xixe siècle et décrivent à merveille la ville de Bruxelles avant les grands travaux réalisés par le roi Léopold II. Adresse: Éditions Labor, quai du Commerce 29, B-1000 Bruxelles / www.labor.be (ISBN 2 8040 1533 5).
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Les Pays-Bas sont le premier pays au monde où l'euthanasie et l'assistance au suicide ont reçu un cadre légal. En Belgique aussi, on a présenté un projet de loi dont les grandes lignes ressemblent fort à la législation néerlandaise en la matière. La France n'a pas encore pris d'initiatives légales. Et pourtant l'euthanasie y est également devenue un des points de discussion éthico-sociaux les plus débattus. En France on renvoie souvent à la législation néerlandaise. Pourtant, chose frappante, beaucoup d'adversaires ou de partisans de ce modèle ne la connaissent guère. Aussi l'initiative de l'Institut néerlandais d'organiser, en collaboration avec l'Espace éthique de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris et la Fondation Descartes, un colloque sur la problématique de l'euthanasie, est-elle des plus louables. Cette rencontre a eu lieu le 18 juin 2001 au FIAP Centre Jean Monnet de | |
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Paris. Plus de 20 spécialistes néerlandais et français (notamment médecins, soignants et professeurs d'éthique) ont pu y exposer leurs expériences et leurs points de vue. Il s'en suivit un passionnant échange d'idées qui montra que les points de vue néerlandais et français sont souvent plus proches qu'on ne l'admet généralement.
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L'Anversois Guy Vaes (o1927) est l'un des rares écrivains flamands à publier encore en français. Dans Les apparences (2001), il continue d'explorer les ressources du réalisme magique, en évitant toutefois tout recours au fantastique. Dans ce roman, les cercles décrits par un mélomane autour d'une jeune femme inconnue, destinée à n'être qu'une vision fugitive, abondent en épisodes singuliers. Dans les livres de Guy Vaes, les personnages sont condamnés à céder la place à des doubles d'eux-mêmes et sentent par intermittence les souvenirs et la personnalité d'un autre envahir leur moi qui se vide. Ce processus offre des possibilités insoupçonnées, car une liaison se fait entre la perte d'identité et l'accroissement de la perception du sensible. Les apparences a été publié aux Éditions Luce Wilquin, rue d'Atrive 48, B-4280 Avin (ISBN 2 88253 172 9). Voir Septentrion, XXI, no 4, 1992, pp. 49-52.
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Au cours de la première guerre mondiale, les Pays-Bas restèrent neutres, mais le pays n'en laissa pas de subir les conséquences du premier ‘incendie mondial’. Des centaines de milliers de réfugiés (simples citoyens, déserteurs ou prisonniers de guerre en fuite) y cherchèrent un refuge sûr. Ils venaient surtout de Belgique, de France, d'Angleterre et d'Allemagne. Dans Oorlogsgasten. Vluchtelingen en krijgsgevangenen in Nederland tijdens de Eerste Wereldoorlog (Hôtes de guerre. Réfugiés et prisonniers de guerre aux Pays-Bas au cours de la première guerre mondiale), Evelyn de Roodt décrit le sort des réfugiés dans un pays neutre. Beaucoup furent parqués dans des camps loin du monde habité. Ils ne pouvaient pas s'organiser politiquement. Les mauvaises conditions de vie et la politique répressive les poussèrent parfois à des réactions violentes. Fin 1914, des déserteurs belges du camp de Zeist (province d'Utrecht) se rebellèrent contre leurs gardiens. Des déserteurs allemands de gauche dénoncèrent également ces pénibles conditions, notamment dans leur petite publication Der Kampf. Oorlogsgasten est paru à la Europese Bibliotheek (ISBN 90 2881 42 64). Voir Septentrion, XXVII, no 3, 1998, pp. 84-88.
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Le dramaturge et chorégraphe flamand Jan Fabre (o1958) monopolisait la scène au cours du dernier Festival d'Avignon. C'est ainsi qu'il pu faire jouer sa pièce Je suis sang (conte de fées médiéval) dans la prestigieuse Cour d'honneur du palais des Papes. Le thème central de cette pièce, écrite partiellement en français partiellement en latin, est le sang. Fabre rêve d'un corps qui ne serait constitué que de sang et qui symboliserait un nouveau monde. Cette thématique est aussi un clin d'oeil au palais des Papes lui-même, où, ‘au nom du catholicisme, on a répandu beaucoup de sang et où la mémoire du sang colle au mur’. La représentation de Je suis sang a été complétée par deux expositions. L'exposition Umbraculum était une installation de sculptures de coléoptères, de moines médiévaux et de scies électriques. Collection d'artistes comportait des dessins d'artistes belges provenant de la collection privée de Fabre (on y trouvait notamment des oeuvres d'Ensor, Spilliaert et Magritte). Le Cinéma Utopia projeta cinq courts métrages de Fabre. L'affiche du festival était rehaussée par une impressionnante sculpture de Fabre, De Vlaamse krijger van de wanhoop (Le guerrier flamand du désespoir, 1996). Voir Septentrion, XXI, no 4, 1992, pp. 27-32.
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Het dagboek van Anne Frank (Le journal d'Anne Frank) est probablement l'ouvrage néerlandais le mieux connu au monde. A ce jour, rares étaient ceux qui se rendaient compte qu'ils avaient en mains un manuscrit incomplet. Quand Otto, le | |
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Anne Frank (1929-1945).
Jan Hoet (o1935) (Photo D. Pauwels).
Lucky Luke, héros créé par Morris.
père d'Anne Frank, le seul de la famille à avoir survécu aux camps de concentration nazis, publia le journal en 1947, il y manquait quatre pages. Ce n'est qu'en 1998 qu'on découvrit les quatre pages perdues. Elles étaient en possession de C. Suijk, un confident d'Otto Frank. Après l'achat des pages manquantes par le ministère néerlandais de l'Éducation nationale, on put les joindre à la sixième édition du journal (assurée par Bert Bakker à Amsterdam; ISBN 90 351 2199 6). L'introduction de cette sixième édition comporte également de nouvelles données sur la vie et l'oeuvre d'Anne Frank. Il n'est pas tout à fait sûr que le journal soit maintenant complet. Anne Frank a transcrit le premier jet de ses notes journalières, mais pas intégralement. Il est donc toujours possible que des pages inconnues apparaissent encore.
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Sonsbeek qui tire son nom d'un parc homonyme de la ville d'Arnhem, a fini par compter parmi les plus importantes expositions d'art contemporain d'Europe. Du 3 juin au 23 septembre 2001 inclus a eu lieu la neuvième édition de Sonsbeek. Le directeur artistique de cette exposition était Jan Hoet (o1935), ancien directeur du Stedelijk Museum voor Actuele Kunst (SMAK - Musée municipal d'art actuel) de Gand. Dans le monde néerlandophone, Hoet s'est acquis le statut de ‘pape de l'art’, non seulement par ses initiatives originales comme Chambres d'Amis (Gand, 1986) et Over the Edges (Gand, 2000), mais aussi en tant que responsable artistique des cinquièmes Documenta de Kassel (1992). Le thème central de Sonsbeek 2001 était la relation problématique entre art et espace public: comment l'art peut-il enrichir ou mettre en question ‘l'espace’? Pour trouver une réponse à cette question, Hoet fit appel à une vingtaine d'artistes, parmi lesquels nombre de Néerlandais et de Flamands. A l'exception de Karel Appel, le groupe de participants de langue néerlandaise comptait surtout des artistes dont la notoriété internationale est relativement récente (notamment Henk Visch, Joep van Lieshout, Jan | |
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Fabre, Honoré δ'O et Wim Delvoye) ou qui viennent seulement d'apparaître sur le devant de la scène (notamment Gert Robijns et Peter de Cupere). Voir Septentrion, XXI, no 2, 1992, pp. 3-6 et XXIX, no 2, 2000, pp. 65-66.
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En septembre 2001 est paru aux Éditions Luce Wilquin le recueil Les lièvres s'attroupent (titre original: Hazen troepen samen) de Jozef Deleu (o1937). Ce recueil contient 26 poèmes traduits du néerlandais par Marnix Vincent. La courte introduction a été rédigée par Marnix Vincent et Hugo Brems. Adresse: rue d'Atrive 48, B-4280 Avin (ISBN 2 88253 179 6). Sept poèmes de Les lièvres s'attroupent ont été repris dans La rose des vents, rubrique de la revue littéraire Marginales consacrée aux écrivains non francophones. Cette livraison de Marginales, revue également éditée aux Éditions Luce Wilquin, est un numéro à thème sur la vie et l'oeuvre de Freud, tout particulièrement sur sa Psychopathologie des Alltagslebens (Psychopathologie de la vie quotidienne, 1901).
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Le 19 juin 2001, l'homme d'affaires, collectionneur d'oeuvres d'art et surtout bibliophile Joost Ritman (o1941) a défrayé la chronique internationale. En effet, la maison de vente aux enchères Sotheby a vendu ce jour-là 36 ouvrages d'art rares provenant de sa bibliothèque, très renommée aux Pays-Bas. Le fleuron en était un livre d'heures du xvie siècle ayant appartenu au cardinal Albert de Brandebourg, un des opposants les plus farouches à Martin Luther. Avec le produit de cette vente (quelque 23 millions de florins, soit 75 millions de francs français ou 460 millions de francs belges) Joost Ritman veut continuer à étoffer sa Bibliotheca philosophica Hermetica (BPH). Avec ses 20 000 titres, la BPH est la plus grande bibliothèque thématique du monde en matière de philosophie hermétique, de gnose, de mystique, d'alchimie et de rosicrucisme. Cette mine d'informations n'est pas seulement utilisée par des chercheurs mais aussi par des écrivains. C'est ainsi qu'Umberto Eco fréquenta quelque temps la BPH pour y trouver l'inspiration de son célèbre Le nom de la rose. La BPH se double d'un institut de recherche:le Ritman Instituut, qui s'occupe surtout de l'étude du christianisme hermétique. Adresse: Bloemgracht 31-35, NL-1016 KC Amsterdam.
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La large érudition de l'écrivain français Jacques Darras (o1939) apparaît à nouveau dans deux publications récentes: le poème Moi, j'aime la Belgique, qualifié par l'auteur de PPM (Poème Parlé Marché), et l'essai Qui parle l'européen? Dans ces deux publications, Darras tente de découvrir la signification profonde de la mosaïque linguistique européenne. Ce n'est pas seulement en Belgique, avec sa situation linguistique complexe aux yeux des étrangers, mais aussi en Suisse et au Luxembourg, qu'il trouve un terrain d'essai idéal où éprouver ses idées à la pierre de touche de la réalité quotidienne. Moi, j'aime la Belgique et Qui parle l'européen?, écrits ‘en miroir’, semblent ainsi prolonger une histoire mythique du fleuve (de la Maye, petite rivière de Picardie, jusqu'à la Meuse), de l'estuaire, de la transgression frontalière dans une oeuvre située au coeur de l'Europe, plus précisément l'Europe de la Bourgogne et de Van Eyck. Jacques Darras est professeur de littérature anglaise et doyen de la Faculté des lettres de l'Université de Picardie (Amiens). Il a également publié quelques essais et traduit plusieurs poèmes de langue anglaise (entre autres Whitman et Pound). Moi, j'aime la Belgique a été publié aux Éditions Gallimard (Paris), Qui parle l'européen? aux Éditions Le Cri (Bruxelles).
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Depuis le 17 juillet 2001, le célèbre héros Lucky Luke est orphelin de son père spirituel Maurice de Bevere (1923-2001), plus connu sous son nom de plume Morris. Cet auteur de bandes dessinées a produit, dans la série des Lucky Luke, quelque quatre-vingts titres, vendus à plus de 300 millions d'exemplaires dans le monde. Aux côtés de Lucky | |
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Jacques Rogge (o1942) athlète, Jeux olympiques de Mexique, 1968.
Opland (1928-2001) (Photo B. Bronshoff).
Kader Abdolah (o1954) (Photo H. Pierick).
Luke, les protagonistes en étaient Jolly Jumper, le cheval doué de parole, Rataplan, le chien le plus stupide du monde de la BD et, bien sûr, les quatre Daltons. Morris est né à Courtrai mais a appris les finesses du métier à Bruxelles dans les studios de dessins animés de la Compagnie belge d'actualités (CBA). C'est en 1946 qu'apparaît dans le Robbedoes Almanak, la première représentation de Lucky Luke. En 1948, Morris partit pour quelques années à New York, où il étudia l'oeuvre des dessinateurs américains et se plongea dans l'atmosphère des westerns. Sa carrière prit une nouvelle inflexion quand il rencontra dans la Big Apple le scénariste d'Astérix, René Goscinny, lequel deviendrait plus tard son scénariste officiel. Sous l'impulsion de Goscinny, les aventures de Lucky Luke devinrent moins aventureuses mais beaucoup plus humoristiques. Lucky Luke se mua pour ainsi dire en caricature de lui-même. Morris tira souvent son inspiration de personnages et d'acteurs de western. C'est surtout Gary Cooper qui lui aurait inspiré Lucky Luke, mais le héros de Morris présentait aussi quelques tics de John Wayne et de William Hurt. La fascination pour le western éclate aussi dans l'imitation par Morris de techniques cinématographiques et de mouvements de caméras typiques du genre. En 2002, on ouvrira à Palmela (près de Lisbonne), sur un domaine de près de 80 hectares, le premier parc de loisirs exclusivement consacré à Lucky Luke et à ses amis. Voir Septentrion, XXII, no 2, 1993, p. 68.
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Sous l'impulsion du rédacteur en chef Alain Germoz, chaque numéro d'Archipel. Cahier international de littérature continue à proposer un large spectre de poésie, de prose et d'essais. Le volume 17 (printemps 2001) comporte notamment quatre poèmes de Frans de Haes (o1948) repris sous le titre Tableaux. Frans de Haes est attaché aux Archives et Musée de la littérature à Bruxelles. Bilingue, il a notamment publié en français quelques recueils | |
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de poésie. Traducteur et critique, c'est un collaborateur apprécié de Septentrion. Chez Gallimard, De Haes a également publié en 1992 une traduction de poésie hébraïque. Adresse: Jan van Rijswijcklaan 7 / 2, B-2018 Antwerpen.
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Au cours de l'été 2001, le chirurgien gantois Jacques Rogge (o1942) a été élu président du Comité olympique international. Il assurera pendant au moins huit ans la direction de cet organisme. Jacques Rogge a pris quatre fois part aux régates des Jeux olympiques. A compter des années 1980, il s'est forgé une solide réputation de dirigeant sportif: en qualité de chef de délégation de l'équipe belge à différents Jeux olympiques, en qualité de président du Comité belge interfédéral et olympique, et en tant que membre éminent du Comité olympique international (depuis 1991). Au cours des Jeux olympiques fort réussis de Sydney, il remplit les fonctions de directeur de la Commission de coordination. Rogge est connu pour être un diplomate intègre, ce qui lui a valu le surnom de ‘Monsieur Propre’. Un de ses grands soucis, c'est de dégraisser les Jeux, qui sont devenus trop grands et trop chers. Il veut continuer à s'investir dans la lutte contre la corruption, le dopage et l'excès de commercialisation du sport, et veut s'employer à la reconversion sociale de l'athlète de haut niveau. Rogge souligne aussi que le fossé entre les ‘bonzes’ du Comité olympique international et les athlètes est devenu beaucoup trop grand.
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Le ‘démon de la politique néerlandaise’ n'est plus. A la mi-juillet 2001, Opland, pseudonyme de Rob Wout (1928-2001), a en effet rendu l'âme. Des décennies durant, il avait assailli les autorités néerlandaises de dessins politiques cruels, tant dans l'hebdomadaire De groene Amsterdammer que dans le quotidien de Volkskrant. Opland était connu pour son sens extrême de la justice. Mais même dans la dénonciation des faits et évolutions les plus révoltants, il gardait une forme d'humour. Bien qu'il ne fût pas tendre pour le monde politique néerlandais, Op land réservait ses flèches les plus empoisonnées à des éminences étrangères. Charles de Gaulle, Richard Nixon et Margareth Thatcher faisaient partie des victimes qu'il se plaisait le plus à étriller.
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Émile Verhaeren (1855-1916) a incité toute une génération d'écrivains européens à quitter définitivement la littérature postsymboliste pour se diriger vers le modernisme et l'avantgarde. Dès le début des années 1890, il affirmait que l'avènement d'une littérature nouvelle était inéluctable, sous la poussée de deux phénomènes: le cosmopolitisme et l'européanisme. La clairvoyance de Verhaeren éclate dans le numéro à thème de la Revue belge de philologie et d'histoire (volume 77). Cette livraison, qui porte le millésime 1999 mais est parue en 2001, a été rassemblée et introduite par David Gullentops. Huit articles évoquent l'influence de Verhaeren sur la littérature européenne. On y traite notamment de l'impact de Verhaeren sur les littératures française, italienne et russe. Intéressants aussi, les articles de Vic Nachtergaele sur la réception en Flandre même de l'oeuvre de Verhaeren, et de Paul Hadermann sur l'influence de Verhaeren sur le poète impressionniste anversois Paul van Ostaijen (1896-1928). Adresse: rue de l'Étoile polaire 37, B-1082 Bruxelles. Voir Septentrion, XXVI, no 1, 1997, pp. 53-60.
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Au fil des siècles, la Meuse a inspiré une foule de peintres. En témoignait l'exposition ‘La Meuse de Turner à Delvaux’, organisée du 8 septembre au 28 octobre 2001 à la Maison de la Culture de Namur. Des artistes comme Paul Mathieu, Hugo Courbet, Félicien Rops et bien d'autres ont admirablement su évoquer la Meuse. Ils ont représenté le fleuve sous ses aspects les plus divers, | |
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alternant la douceur des vallées et la rudesse des Ardennes. On peut se procurer le catalogue de cette exposition, rassemblant quelque quatre-vingts oeuvres, à la Maison de la Culture, avenue F. Golenvaux 14, B-5000 Namur.
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Sise à Saint-Jans-Cappel, la Villa Mont-Noir, Centre départemental de résidence d'écrivains européens aux destinées duquel préside Guy Fontaine, reste un intéressant carrefour de rencontres pour écrivains et amateurs de littérature. Le 29 juillet 2001 s'y est tenu un festival international de littérature auquel, outre les écrivains d'expression française Jacques Darras et Sophie Képès et l'écrivain italien Ippolita Avalli, participèrent également les hommes de lettres néerlandophones Jozef Deleu (o1937), Luuk Gruwez (o1953), Anton Korteweg (o1944), Geert van Istendael (o1947) et Ad Zuiderent (o1944) ainsi que le prosateur d'origine iranienne mais publiant en néerlandais Kader Abdolah (o1954). Tous y présentèrent leur oeuvre, tant en néerlandais qu'en traduction française. Ce festival, qui ne rassembla pas moins de 500 auditeurs, était organisé par le Conseil général du Département du Nord, la Province de Flandre-Occidentale et les Poëziezomers Watou (Étés poétiques de Watou), une initiative du poète flamand Gwij Mandelinck (o1937). Sophie Képès rendit à la Flandre l'hommage suivant: ‘Flandre’
Ici, j'ai connu trois merveilles:
le temps,
le calme,
l'isolement.
Au-delà de l'herbe où fleurit le lapin,
s'étend la plaine blonde et verte.
Deux frais bacheliers montent la côte à bicyclette,
trois montgolfières s'envolent en rugissant,
on sonne du cor dans le bois tout proche.
Le cimetière des Anglais fait le gros dos,
bucoliques, les brebis miment ‘l'Angélus’ de Millet.
Ici, j'ai lu à en perdre l'esprit,
Bussy - Handke - Hesse - Lawrence - Yourcenar,
j'ai dévoré des pages par milliers,
je suis retournée sur mes traces.
Ici, l'on a pris soin de moi
comme jamais depuis l'enfance,
l'on m'a raconté des histoires.
J'ai vu les orgues du bal d'Herzeele et le beffroi d'Ieper,
j'ai ouï le parler d'outre-frontière,
j'ai bu la bière des Trois Monts.
Ici, j'ai longtemps bavardé avec Messire Claude,
et l'on trouvait toujours quelque chose à se dire.
Le vent a soufflé, la pluie est tombée, le soleil a brillé,
le Mont-Noir m'a bercée,
si bien qu'ici,
j' n'ai pu faire autrement qu'écrire.
Hans Vanacker |
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