d'expression néerlandaise. Dans les contes et les récits retravaillés par Hofman, c'est le thème de l'enfant trahi par les adultes qui revient, de manière particulièrement poignante, dans l'ouvrage maintes fois couronné Zwart als inkt is het verhaal van Sneeuwwitje en de zeven dwergen (Noir comme de l'encre, l'histoire de Blanche-Neige et des sept nains). Pas une seule trace de sensiblerie dans le regard désabusé porté sur l'inconduite humaine - exception faite toutefois pour une seule petite fille gentille et compatissante -; le ton est trop impassible, l'humour bien trop vital.
Un autre aspect, dans l'ensemble de l'oeuvre de Hofman, témoigne de son remarquable amour de la vie: sa fascination - écrite et graphique - pour les animaux, les choses mais aussi les phénomènes et les êtres de toute nature.
Tout ce que la mer rejette au rivage, que ce soit le bernard-l'hermite, la méduse, l'algue, l'ampoule électrique ou le bout de planche sur lequel on distingue encore quelques lettres mystérieuses et blanchies éveille sa curiosité. Car lui connaît le microcosme des vers, des sauterelles et des cloportes. Car chez lui, les morceaux de fils de fer qui traînent partout dans les villes portuaires prennent vie, au même titre que la vieille ferraille en tout genre, roues dentées, chaînes, ou encore rivets. Hofman est le maître de cet univers qui lui est propre et que hantent de fantastiques créatures telles que les tables qui se baladent, les boîtes qui cavalent, les vélos qui volent, les cafetières qui bavardent sans oublier les monstres marins.
L'auteur n'a jamais fait mystère de ses sympathies littéraires - le plus souvent anglosaxonnes - pour Edward Lear, Lewis Carroll et James Joyce. Aussi reste-t-on étonné d'apprendre qu'il a été le traducteur du poète et scénariste Jacques Prévert. Courant 2000 est paru
Voor jou mijn lief (Pour toi mon amour) et dernièrement
Wij schilderen een vogel (Nous peignons un oiseau). Prévert - pourtant si peu hermétique - n'était, depuis des années, pratiquement plus jamais évoqué dans la critique poétique moderne.
Pourtant, dans l'immédiat après-guerre, ses ouvrages,
Paroles (1946) ou encore
Spectacle (1949) étaient de véritables livres-cultes. Ses poèmes
Les feuilles mortes, Barbara, La pêche à la baleine ou encore
Les enfants qui s'aiment devinrent particulièrement populaires grâce aux musiques de Joseph Kosma qui les transformèrent en célébrissimes chansons. Aux Pays-Bas où le français a fini par devenir une matière facultative et bientôt une langue quasiment exotique, elles ne passent plus jamais sur les ondes. La musique pop bat son plein et les grands de la chanson tels que Trenet, Brassens et Ferré sont tombés en disgrâce.
Pourtant, les traductions qu'il continue d'illustrer - toujours fidèle à ses habitudesprouvent que cette poésie est encore bien vivante. Dans ses choix, il rend justice au Prévert observateur grimaçant de l'activité humaine et apôtre lyrique de l'amour. Voor jou mijn lief et Wij schilderen een vogel ont l'air d'ouvrages pour les enfants; leur contenu très accessible ne tient pas compte des différences d'âge. Et c'est là du Hofman tout craché puisqu'il ne fait pas de différence stricte entre la littérature pour les enfants et pour les âmes plus élevées.
Il partage avec Prévert l'horreur de la violence, des principes vides de sens, de la pieuse tartuferie mais aussi l'enthousiasme pour le merveilleux, le surréalisme, la musique de la langue et les