Septentrion. Jaargang 28
(1999)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
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Willem Witsen, portrait de Willem Kloos (1859-1938), 1893 (Photo ‘Letterkundig Museum’), La Haye.
Jan Sluijters, ‘De familie van de schilder’ (La famille du peintre), 1922, détail © SABAM Belgique 1999.
Willem Vermandere, sculpture en l'honneur des ‘Fransmans’, Livry-Louvercy (Voir pp. 90-91).
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ActuellesLes échanges et interactions littéraires entre zones d'expressions linguistiques différentes ont souvent quelque chose de tout à fait fascinant. Témoin la conférence ‘Les lecteurs de Lautréamont’, donnée par Frans de Haes au Quatrième colloque international sur Lautréamont qui s'est tenu à Montréal en octobre 1998. Les textes de ce colloque ont été édités aux Éditions du Lérot (Paris) dans la série des Cahiers Lautréamont (livraisons XLVII et XLVIII). Frans de Haes, attaché aux Archives et Musée de la littérature française à Bruxelles, nous détaille la réception des Chants de Maldoror aux Pays-Bas. Le premier compte rendu non francophone tout comme la première traduction des Chants de Maldoror furent de la main d'un Néerlandais. Celui qui introduisit en 1891 Les Chants de Maldoror auprès du public néerlandais fut Willem Kloos (1859-1938), poète et animateur de la revue littéraire novatrice De Nieuwe Gids. Le caractère rebelle des Chants de Maldoror avait impressionné un Kloos pour le moins aussi belliqueux, en guerre ouverte avec la ‘littérature romantique bourgeoise’. Alors qu'on continue à ranger Willem Kloos parmi les grands de l'histoire littéraire néerlandaise, le premier traducteur des Chants de Maldoror a complètement sombré dans l'oubli. Et pourtant, le docteur Johan Stärcke (1882-1917), avait réalisé une fort honorable version néerlandaise (posthume) des ‘Chants’, dans un langage ‘un peu vieilli mais de très belle allure’. Stärcke, était surtout frappé par la dimension psychanalytique des poèmes de Lautréamont.
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Le peintre nordiste Henri le Fauconnier (1881-1946) jouit d'une large notoriété au sein de la néerlandophonie. Aux Pays-Bas, on l'a longtemps considéré comme le chef de file de toute une génération de peintres expressionnistes | |
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Rembrandt van Rijn, ‘Zelfportret met Saskia’ (Autoportrait avec Saskia), eau-forte, 1636, ‘Rijksmuseum’, Amsterdam.
Gilbert Decock devant ses oeuvres.
Emiel Veranneman, armoire, 1988.
dont faisaient partie, entre autres, Jan Sluijters (1881-1957) et Leo Gestel (1881-1941). Si l'oeuvre d'Henri le Fauconnier n'a cessé d'être estimée aux Pays-Bas, elle demeure fort méconnue en France. Début 1999, pour y remédier, on a fondé l'Association des Amis d'Henri le Fauconnier. Cette association se propose de contribuer à l'étude et à la diffusion de l'oeuvre de Fauconnier. Adresse: c/o Pierre-Marie Deparis, 1, rue de Maupassant, F-92500 Rueil-Malmaison. Voir Septentrion, XV, no2, 1986, pp. 14-19 ◆ A la mi-septembre 1999, le cinéaste Henri Storck (1907-1999) nous quittait. C'était l'un des grands noms de l'histoire du cinéma belge. Storck a été le pionnier du documentaire. Il laisse une oeuvre impressionnante de plus de 70 titres. Henri Storck naquit dans la ville balnéaire flamande d'Ostende mais fut éduqué en français. Il réalisa ses premiers films pour des producteurs français, ce qui l'amena un temps à faire de fréquents séjours à Paris. Puis il entra en contact notamment avec André Breton, Aragon, Louis Buñuel et Jean Vigo. Par la suite, il créa sa propre entreprise cinématographique. Storck effectua surtout un travail de pionnier dans le domaine du documentaire social (notamment le saisissant Misère au Borinage, consacré aux situations intolérables au Pays noir hennuyer), du film d'art (entre autres sur Rubens, Permeke et Delvaux) et du reportage sur des manifestations folkloriques. En 1987, le cinéaste flamand Robbe de Hert consacra un documentaire à l'oeuvre de Storck. Voir Septentrion, XVII, no 1, 1988, pp. 73-74. ◆ Si vous allez de Flandre belge en France par l'autoroute E17, vous remarquerez à main gauche, un peu avant la frontière, une grande sculpture, De sjouwer (Le trimardeur). C'est un hommage silencieux aux milliers de travailleurs flamands qui au xixe siècle et encore bien avant dans le xxe siècle se rendaient en France pour y | |
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effectuer des travaux pénibles dans l'agriculture, les briqueteries, les sucreries et les usines de chicorée. Depuis le 19 septembre 1999, le petit village de Livry-Louvercy (près de Reims) possède lui aussi une sculpture en l'honneur de ceux qu'on appelait en Flandre les ‘Fransmans’ (Français), et qui, des générations durant, furent le symbole d'une Flandre paupérisée, incapable d'employer ses propres travailleurs. L'artiste Willem Vermandere a sculpté un homme de peine cassé par le travail, un trimardeur aux mains rudes et puissantes. A l'inauguration du monument assistaient entre autres plus de 200 habitants de Koekelare, village de Flandre-Occidentale connu pour ses ‘Fransmans’. Beaucoup avaient encore travaillé à Livry-Louvercy, surtout à la récolte de betteraves. ◆ Plusieurs musées français disposent d'une vaste collection de tableaux des Écoles ‘nordiques’, c'est-à-dire flamande et néerlandaise. Jusqu'au 17 octobre 1999, le Musée de Picardie (Amiens) exposait son fonds ‘nordique’, riche de quelque 400 tableaux. Cette collection, issue principalement des legs des frères Lavalard et du chanoine Dumont, révèle la grande diversité, entre la fin du Moyen Age et l'orée du xviiie siècle, dans la peinture des Plats Pays. Le noyau essentiel, consacré au xviie siècle, permet d'aborder les grands thèmes traités par des artistes comme Adriaan Brouwer (vers 1605-1638), Aart de Gelder (1645-1727), David Teniers (1610-1690), Anton van Dyck (1599-1641), Jan J. van Goyen (1596-1656) et Adriaan van Ostade (1610-1685). On peut se procurer le catalogue au Musée de Picardie, 48, rue de la République, F-80000 Amiens. ◆ Pour la première fois, un grand musée des Beaux-Arts organise une exposition consacrée intégralement aux autoportraits de Rembrandt (1606-1669). En effet, jusqu'au 9 janvier 2000, le Mauritshuis de La Haye présente ‘Rembrandt par lui-même’. L'exposition comprend 28 tableaux, 31 eaux-fortes et 7 dessins, représentant plus de 80 pour cent des autoportraits de Rembrandt reconnus jusqu'ici. Auparavant, on pouvait également admirer cette exposition à la National Gallery de Londres. La série de portraits que Rembrandt a peints, gravés ou dessinés de lui-même offre l'occasion au visiteur de considérer de plus près deux aspects fascinants de l'oeuvre du grand maître: d'une part l'évolution de son style pictural et d'autre part le vieillissement de son visage pendant plus de quarante années. Le catalogue de l'exposition, publié notamment en version française, illustre et décrit en détail tous les autoportraits de Rembrandt. Adresse: Mauritshuis, Korte Vijverberg 8, NL-2513 AB Den Haag. Voir Septentrion, XXI, no 1, 1992, pp.3-6. ◆ En 1989, l'artiste flamand Gilbert Decock travailla trois mois à Paris. Il trouva la confrontation avec la capitale française très enrichissante et décida d'y résider à intervalles réguliers. Du 12 octobre 1999 au 15 février 2000, la Galerie d'art de l'Hôtel Astra expose l'oeuvre de Gilbert Decock. Selon la courte description qu'en donne le critique d'art Jaak Fontier dans l'invitation au vernissage, sa production des années 90 se caractérise par la suggestion de la profondeur, des découpes diagonales, l'utilisation des qualités progressives et régressives de la couleur, la vivacité des couleurs aux accents rouges, jaunes ou mauves, la souplesse et la diversité de la composition. Adresse: Galerie d'art de l'Hôtel Astra, 29, rue Caumartin, F-75009 Paris. ◆ L'Association Campredon Art et Culture à l'Isle-sur-la-Sorgue (Vaucluse) s'intéresse déjà depuis bien des années à l'oeuvre d'artistes flamands. Du 6 novembre 1999 au 6 février 2000, elle organise l'exposition ‘Regard: Permeke, Veranneman et les grands maîtres’. On y expose une série de dessins de Constant | |
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Permeke (1886-1952), figure de proue de l'expressionnisme flamand. Ces dessins proviennent de la collection d'Emiel Veranneman (o1924), neveu de Permeke. On peut également voir bon nombre d'oeuvres de Veranneman lui-même: il fait en effet partie des concepteurs flamands de meubles les plus en vue. La passion de Veranneman est l'architecture d'intérieur. Il a toujours pensé que le meuble d'art pouvait être un meuble d'auteur, à condition qu'il intègre, dans la philosophie du projet, la cohérence d'une motivation esthétique. Toute sa vie, Veranneman a tenté de franchir le cercle enchanté de l'esthétisme réducteur et il l'a fait avec succès, alliant à un sens très vif du matériau l'exigence perfectionniste du produit fini. En 1974 s'ouvrait au public la Fondation Veranneman, sise à Kruishoutem (près d'Audenarde). Cette fondation s'est muée, au cours des années, en un éventail splendide de l'art contemporain. Adresse: Hôtel Donadei de Campredon - Centre Xavier Battini, rue du Docteur Tallet, F-84800 L'Isle-sur-la-Sorgue. Voir Septentrion, XXIV, no 1, 1995, pp. 43-47. ◆ La revue littéraire Archipel, déjà souvent mentionnée dans la rubrique ‘actuelles’, continue à s'intéresser à la littérature sous ses formes les plus diverses. Pour le volume 13 également, Alain Germoz, directeur de cette publication, a choisi de mettre à contribution, entre autres, des écrivains néerlandophones. Jan d'Haese (o1922), éminent connaisseur de l'expressionnisme flamand en peinture, publie le poème Het blauwe paard met de witte staart (Le cheval bleu à la queue blanche), en néerlandais mais aussi dans une traduction française due à Jan d'Haese lui-même. Le Brugeois Bart Vonck (o1957), poète et traducteur, a écrit, directement en français, une suite poétique intitulée Sa voix, reprise dans Archipel. Sigrid Verbert (o1977), Flamande écrivant en français, a donné à la revue la nouvelle Quelque chose dans la nuit qu'on n'avait pas vu. Adresse: Jan van Rijswijcklaan 7 / 2, B-2018 Antwerpen ◆ Le dramaturge Michel de Ghelderode (1898-1962) appartient au groupe d'écrivains flamands qui ont écrit toute leur oeuvre en français. Ces dernières années, Ghelderode bénéficie d'un intérêt soutenu. On joue ses pièces à travers la terre entière, et l'édition de sa Correspondance, due au spécialiste flamand de De Ghelderode Roland Beyen, renouvelle le regard que l'on portait sur sa vie et sur son oeuvre. Le 14 octobre 1999, le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles présentait la première de Michel de Ghelderode. L'archange, film écrit et réalisé par Patrick Zeyen pour la série ‘Un siècle d'écrivains’. Ce film se compose d'une succession de photos, d'images animées, d'interviews et de fragments du théâtre de De Ghelderode. Il suit de façon chronologique la vie mouvementée de l'auteur, qui alterna des périodes de grands succès avec de longues années de solitude. Patrick Zeyen situe De Ghelderode dans une tradition de surréalisme flamand typique, pétrie d'aspiration au mystérieux et au surnaturel. Cette tradition compte comme autres figures de proue Jérôme Bosch (vers 1450-1516) et James Ensor (1860-1949). Patrick Zeyen marque un intérêt particulier aux années 20 où De Ghelderode écrivit diverses pièces de théâtre pour une troupe à succès, le Vlaamsch Volkstoneel. Bien que De Ghelderode les écrivît en français, elles furent d'abord jouées en traduction néerlandaise. La télévision publique belge d'expression française a diffusé Michel de Ghelderode. L'archange le 6 novembre 1999. Au premier trimestre de l'an 2000, le film sera également programmé sur France 3. Voir Septentrion XXII, no1, 1993, pp. 84-85, XXIV, no2, 1995, pp. 85-88 et XXVIII, no 3, 1999, pp. 76-80.
Hans Vanacker |
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