Septentrion. Jaargang 28
(1999)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
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Ernst van Altena (o1933).
Etty Hillesum (1914-1943).
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ActuellesLa rédaction de Septentrion a organisé les 2 et 11 mars 1999 deux soirées littéraires, respectivement au Théâtre des Capucins à Luxembourg et au prestigieux Théâtre Royal de Namur. Pour titre, elle a choisi un vers de Hugo Claus (o1924) extrait du poème ‘West-Vlaanderen’ (West-Flandre): ‘J'emprunte ton ciel dans mes mots’. L'objectif de ces manifestations était de présenter la littérature de langue néerlandaise à un public francophone. Pour ce faire, on eut recours à un programme varié, presque totalement proposé dans la langue de Voltaire. Après une courte présentation de Septentrion par le rédacteur en chef Jozef Deleu, l'actrice Rosemarie Bergmans (o1944) dit un chapitre de Villa des Roses de l'écrivain flamand Willem Elsschot (1882-1960). La prosatrice Margriet de Moor (o1941) lut deux fragments de son premier roman Eerst grijs dan wit dan blauw (Gris d'abord puis blanc puis bleu) et Dirk van Esbroeck (o1946) chanta des poèmes en néerlandais mis en musique, de Guido Gezelle (1830-1899), M. Vasalis (1909-1998), Rutger Kopland (o1934), Anton Korteweg (o1944), Luuk Gruwez (o1953), Guillaume van der Graft (o1920) et Richard Minne (1891-1965). Hugo Claus assura l'apothéose en déclamant dix poèmes empruntés à son oeuvre propre. Les deux soirées ont bénéficié d'un large intérêt. Au Théâtre des Capucins (Luxembourg), église réaménagée de l'ancien monastère des Capucins, les 260 places étaient pratiquement toutes occupées. Au Théâtre Royal de Namur, il y avait même plus de 550 auditeurs, dont le Prince Philippe et le Ministre-Président du Gouvernement flamand Luc van den Brande. Tant à Luxembourg qu'à Namur, le gros du public était constitué de francophones. On était frappé par le grand nombre de jeunes néerlandistes, un signe de plus de l'intérêt croissant pour le néerlandais en territoire francophone. | |
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Un événement littéraire comme ‘J'emprunte ton ciel dans mes mots’ arrive à rapprocher néerlandophonie et francophonie l'espace d'une soirée. La rédaction de Septentrion, qui, pour la réalisation de ce projet, a bénéficié du soutien du Gouvernement de la Flandre (Ministère de la Communauté Flamande, Administration des Relations Extérieures) et de l'Ambassade du Royaume des Pays-Bas, a voulu donner au projet un ‘caractère durable’ en publiant un livreprogramme offert à tous les présents. Cette publication rassemble tous les textes (en version originale et en traduction française) présentés au cours de la soirée et des essais sur l'oeuvre de Willem Elsschot, Margriet de Moor et Hugo Claus. Adresse: Stichting Ons Erfdeel, Murissonstraat 260, B-8930 Rekkem.
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Ernst van Altena (o1933) est l'un des traducteurs néerlandais de littérature française les plus renommés. Plusieurs traductions de sa main sont parues dans un numéro spécial hors série de la revue Europe plurilingue (mars 1998) consacré à la traduction littéraire. Cette publication comprend des traductions notamment de Charles d'Orléans, François Villon, Pierre de Ronsard, Guillaume Apollinaire, Jacques Prévert et Jacques Brel. Une interview de Van Altena précède cette courte anthologie; le traducteur y exprime son amour pour la littérature française et y évoque ses contacts avec divers grands écrivains contemporains d'expression française. Europe plurilingue, publication de l'Association pour le rayonnement des langues européennes, se présente comme le seul périodique multilingue ayant pour vocation la défense et l'illustration des langues et des cultures de l'Europe. La revue propose tout un éventail de textes: articles de fond, essais, entretiens, traductions, comptes rendus d'oeuvres critiques ou littéraires issues des langues officielles de l'Union Européenne. Adresse: 44, rue Perronet, F-92200 Neuilly. Voir Septentrion, XVII, no3, 1988, pp. 76-77.
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Le Centre International de Documentation Marguerite Yourcenar publie annuellement un bulletin sur Marguerite Yourcenar et son oeuvre. Le dernier bulletin (1998) porte sur ‘Marguerite Yourcenar et l'Amérique’. L'ouvrage, qui a bénéficié de la collaboration de plusieurs critiques américains, essaie d'apporter une réponse à trois questions: quelles attitudes Marguerite Yourcenar avait-elle à l'égard des us et coutumes américains, quelle place tient l'Amérique dans son oeuvre et quelle est la réception des livres de Marguerite Yourcenar aux États-Unis? La passionnante introduction est de la main de Michèle Goslar, qui vient de publier une biographie de Marguerite Yourcenar (voir Septentrion, XXVIII, no2, 1999, pp. 81-84). Adresse: Centre International de Documentation Marguerite Yourcenar, rue des Tanneurs 65, B-1000 Bruxelles.
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Les journaux et les lettres d'Etty Hillesum (1914-1943) sont parmi les documents les plus émouvants sur la vie de communauté juive aux Pays-Bas avant et pendant la solution finale. Les deux ouvrages ont été traduits par Philippe Noble et sont parus aux Éditions du Seuil, respectivement en 1982 et 1985. Etty Hillesum était issue d'une famille de juifs néerlandais non pratiquants. A l'été 1942, elle déménagea de sa propre initiative pour le camp de Westerbork (province de Drenthe). Elle ne savait pas que ce camp avait reçu un autre ‘statut’: ce centre pour apatrides préparant leur émigration en Palestine s'était transformé en port de transit avant les camps d'extermination de Pologne. Elle mourut à Auschwitz le 7 septembre 1943. Peu avant l'occupation allemande des Pays-Bas, Etty Hillesum était entrée en contact avec le psychiatre juif réfugié Julius Spier. Celui-ci l'avait amenée peu à peu à s'ouvrir à la transcendance et à l'expérience de la prière qu'il pratiquait lui-même chaque matin. Il lui fit notamment découvrir la Bible. Cette expérience avait été si intense qu'Etty | |
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Le jeune Michel Seuphor (1901-1999) © SABAM Belgique 1999.
Michel Seuphor, ‘L'intarissable trait’, 1998. Ce dessin est paru dans ‘Archipel’, volume no 12, 1998, p. 75 © SABAM Belgique 1999.
Maurice Carême (1899-1978) (Photo Jeannine Burny).
s'était mise à rédiger un journal spirituel où elle rendait compte, au coeur de l'angoisse et de l'horreur, de ce qui se passait en elle. Ce témoignage intensément émotionnel d'un cheminement intérieur a été étudié par le théologien Paul Lebeau, actuellement directeur du Foyer catholique européen à Bruxelles. Paul Lebeau s'est proposé de mettre en lumière, en regroupant certains textes, les moments décisifs de la vie spirituelle d'Etty Hillesum. Il a publié les résultats de son analyse sous le titre Etty Hillesum. Un itinéraire spirituel, Amsterdam 1941-Auschwitz 1943, aux Éditions Racine (1998). Adresse: Éditions Racine, rue de l'Aurore 44, B-1000 Bruxelles. Voir Septentrion, XVIII, no1, 1989, pp. 70-71.
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La revue Archipel, en sa qualité de ‘Cahier international de littérature’, accorde un intérêt tout particulier à la transition littéraire entre une région culturelle et une autre. Le rédacteur en chef Alain Germoz arrive toujours à nous offrir un choix varié d'essais, de proses et de poèmes de domaines linguistiques divers. Dans presque chaque numéro, la littérature et la culture néerlandaises occupent une place prépondérante. Le volume 12 (fin 1998) comporte notamment des dessins de Michel Seuphor (voir ci-après). On y présente également au public francophone le poète Alain Delmotte (o1957), originaire de Courtrai, comme une personnalité qui ouvre des voies, abat les murs et franchit les frontières. Il figure dans le numéro avec une série de poèmes, tant en néerlandais qu'en traduction française, dédiés à l'écrivain et traducteur brugeois Bart Vonck (o1957) dont on publie également un poème dans les deux langues. Adresse: Jan van Rijswijcklaan 7/2, B-2018 Antwerpen.
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Le 11 février 1999, Michel Seuphor décédait à l'âge de 97 ans. Cet avant-gardiste était surtout connu comme théoricien, mais il était aussi un artiste en un écrivain talentueux. | |
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Seuphor (pseudonyme de Fernand-Louis Berckelaers) naquit à Anvers où il fonda en 1921 la revue artistique Het overzicht. Avec des collaborateurs comme Léger, Marinetti, Gris et Tzara, cette publication voulait introduire en Flandre l'avant-garde parisienne et berlinoise. Quatre ans plus tard, Seuphor se fixa en France où il commença par faire partie du cercle d'artistes évoluant autour du Café de Dôme à Paris. Avec la légendaire revue Cercle et Carré, il lança en 1930 l'offensive contre le surréalisme figuratif. En 1949, Seuphor publia L'art abstrait, ses origines, ses premiers maîtres, ouvrage qui sera encore approfondi et élargi pour aboutir à La peinture abstraite, sa genèse, son expansion (1962). Cette dernière publication sera traduite dans plusieurs langues et considérée comme l'ouvrage de base par excellence sur l'art abstrait. La période après la seconde guerre mondiale peut être considérée comme celle du déploiement complet ainsi que de la consécration de ses facultés créatrices. Jusqu'à sa mort, Seuphor resta un infatigable apôtre du modernisme. Voir Septentrion, XX, no1, 1991, pp. 51-55.
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Le centenaire de la naissance du poète belge d'expression française Maurice Carême (1899-1978) tombe en 1999. Durant toute l'année, cet anniversaire est commémoré notamment par des journées d'hommage, des expositions, des conférences et des concerts. Maurice Carême ne fut pas seulement l'un des plus éminents poètes francophones de sa génération, il s'est également illustré comme traducteur de poésie de langue néerlandaise. Dans ses traductions, il réussissait à concilier à merveille le génie du français avec les images et les thèmes de la poésie néerlandophone de Belgique. A deux reprises, il a réuni en un volume précieux le résultat de ses efforts de traducteur. En 1967 paraissait son Anthologie de la poésie néerlandaise - Belgique - 1830-1966. Son second recueil, Étoiles de la poésie de Flandre (1974), présentait l'oeuvre de quatre étoiles poétiques flamandes, à savoir Guido Gezelle (1830-1899), Karel van de Woestijne (1878-1929), Paul van Ostaijen (1896-1928) et Jan van Nijlen (1884-1965). Voir Septentrion, VII, no2, 1978, pp. 85-86. Adresse: Fondation Maurice Carême, avenue Melba 14, B-1070 Bruxelles.
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Comment se présentera l'Europe au xxie siècle? Monstre administratif ou ferment de civilisation? Continent impuissant à faire respecter les droits de l'homme ou facteur de paix et de développement? Voie de déclin ou source de renaissance? En tout cas, l'avenir de l'Europe sera également déterminé par la manière dont les divers pays et peuples vivront leur propre identité. Dans Les racines de l'identité européenne, ouvrage dirigé par le professeur à la Sorbonne Gérard-François Dumont, pas moins de 23 auteurs de 15 nationalités différentes examinent les identités nationales de plusieurs pays européens et mettent en lumière les liens entretenus avec l'identité européenne. L'ouvrage consacre d'amples articles à ‘La Belgique et l'Europe: un demos sans ethnos’ et à ‘L'identité des Pays-Bas’. Nous devons les considérations sur la Belgique à Émanuele Castano et Nathalie Tousignant, toutes deux professeurs à l'Université catholique de Louvain-la Neuve. Il est frappant que ces auteurs ne fassent aucune référence à des publications en langue néerlandaise. Les nombreuses notes mentionnent surtout des ouvrages et des articles de langue française. Aussi eston fondé à se demander si l'image qu'ils esquissent n'est pas partiale. Toutefois, les considérations sur l'identité néerlandaise ne laissent pas d'être éclairantes. Nous les devons à Nicolas Lens, proviseur de la section néerlandophone du Lycée international de Saint-Germain-en Laye. Adresse: Economica, 49, rue Héricart, F-75015 Paris.
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La revue Marginales, fondée par Albert Ayguesparse, fut longtemps une des publicationsphares de la littérature belge d'expression française. Sa disparition en 1991 fut unanimement regrettée. L'écrivain, traducteur et critique Jacques de Decker | |
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La ‘Chapelle St-John’ à Gand: réconvertie en magasin d'antiquités.
(o1945) a repris le flambeau. Dans son avant-propos du nouveau numéro de Marginales (été 1998), il note qu'il devenait urgent qu'une revue dote les auteurs belges d'une tribune, pas seulement pour y donner la primeur de leurs travaux en cours, mais également pour faire entendre leur voix dans le concert social. Marginales, éditée par les Éditions Luce Wilquin, offre à ses lecteurs l'occasion de découvrir des inédits d'écrivains confirmés ou de débutants complets. Par ailleurs, la porte de la revue est toujours ouverte aux étrangers de passage. Sa rubrique ‘La rose des vents’ présente chaque fois, en traduction française, un extrait de l'oeuvre d'un écrivain flamand. Dans les quatre premiers numéros ont paru successivement un fragment en prose de Kristien Hemmerechts (o1955), neuf poèmes de Bernard Dewulf (o1960), une nouvelle de Jos de Wit (o1954) et six poèmes de Joris Iven (o1954). Kristien Hemmerechts est l'une des figures de proue de la prose flamande contemporaine. Elle est également célèbre par les chroniques qu'elle rédige pour diverses publications. Le poète Bernard Dewulf a d'emblée fait grande impression par sa première oeuvre Waar de egel gaat (Où trottine le hérisson, 1995). Récemment, il a repris la direction du mensuel Nieuw Wereld Tijdschrift. Jos de Wit écrit essentiellement des nouvelles. Son premier recueil, Grensbewoners (Frontaliers, 1998), a été très favorablement accueilli par la critique. Joris Iven enfin pratique la poésie, l'essai, la dramaturgie et la traduction. Adresse: Éditions Luce Wilquin, rue d'Atrive 48, B-4280 Avin. Voir Septentrion, XXI, no4, 1992, pp. 39-44 et XXVI, no2, 1997, pp. 79-81.
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Depuis le second trimestre de l'année 1999, la revue précédemment intégralement bilingue Art & Antiquités du Nord - Kunst & Antiek in Vlaanderen paraît séparément en version française et néerlandaise. Toutefois un grand nombre d'articles figurent encore dans les deux langues dans les deux éditions. | |
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Tant l'édition française que l'édition néerlandaise du numéro 10 (mars-mai 1999) consacrent notamment des articles à l'exposition ‘Les années cubistes’ au Musée d'art moderne de Villeneuve d'Ascq, au Quesnoy, capitale historique de l'Avesnois et à un ‘parcours des antiquaires’ de Gand. On y fait également place à des interviews. Ces revues jumelles sont un moyen de rester au fait de l'actualité artistique en Flandre belge et dans le Nord de la France. On peut toutefois regretter le grand nombre de fautes typographiques dans les textes de langue néerlandaise. Arts & Antiquités du Nord et Kunst & Antiek in Vlaanderen sont une initiative de Philippe Wattinne, directeur de publication. Les revues sont éditées par E. Éditions, BP 561, F-59060 Roubaix cedex 01.
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Le Centre National du Livre (CNL) français, organisait dans la première moitié de mai 1999 la trentième édition des ‘Belles Étrangères’, tournée littéraire où les écrivains d'un pays déterminé peuvent présenter leur oeuvre. Cette fois, c'était le tour de la Belgique. Le CNL, organisme officiel dépendant du ministère de la Culture, se propose d'attirer l'attention du public français sur la littérature étrangère. Cette édition invitait 17 écrivains belges: 8 néerlandophones, 8 francophones et un germanophone. Les écrivains flamands étaient Eric de Kuyper, Jozef Deleu, Kristien Hemmerechts, Stefan Hertmans, Tom Lanoye, Geert van Istendael, Monika van Paemel et Miriam Van hee. Du côté francophone offrirent leur collaboration Philippe Blasband, William Cliff, François Emmanuel, Jacqueline Harpman, Nicole Malinconi, Pierre Mertens, Lucien Noullez et Liliane Wouters. Bruno Kartheuser représentait la Belgique germanophone. Après la soirée d'ouverture à l'Odéon (Paris) le 3 mai 1998, les 17 écrivains furent répartis en groupes qui suivirent leur trajet propre, assurant débats et présentations dans diverses villes. ARTE diffusa un film qui présentait tous les écrivains. On publia également une anthologie. Par ailleurs, la revue Le Lecteur consacra un numéro spécial à la littérature de Belgique. Le prochain numéro de Septentrion accordera plus d'attention à ces Belles Étrangères.
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Le 9 mai 1999, la Villa Mont-Noir (Centre Départemental de Résidence d'Écrivains Européens) hébergeait ‘Par monts et par mots’, le premier festival des écrivains européens. En collaboration avec la Province de Flandre-Occidentale, le Conseil Général du Nord avait choisi la journée de l'Europe pour fêter les mots et les livres. Parmi les centaines de présents, des chanteurs et des acteurs assuraient l'animation dans le parc où Marguerite Yourcenar avait joué enfant. Cinquante écrivains venus des quatre coins d'Europe se livraient et se racontaient. Hugo Claus (o1929) et Jozef Deleu (o1937) jetèrent un regard sur la Flandre et déclamèrent des fragments de leur oeuvre. La romancière et comédienne ‘nordiste’ Annie Sanerot-Degroote déclama des textes d'auteurs qui avaient résidé à la maison des écrivains et avaient confié au papier leurs impressions sur le Mont Noir et la Flandre. Il y eut une foire aux livres et des débats consacrés notamment aux droits de l'homme, en présence de l'écrivain algérien engagé Anouar Benmalek, bientôt accueilli en résidence à la Villa. Dans cette oasis reculée, la littérature garde ‘les yeux ouverts’. C'est exactement ce que Yourcenar aurait voulu. Voir Septentrion, XXVI, no 4, 1997, pp. 87-88. Hans Vanacker |
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