la population européenne.
Le Musée des huguenots à ‘Franshoek’.
Au
xixe siècle, l'Angleterre, ayant pris la colonie du Cap aux Néerlandais, développa une politique active d'immigration, accentuée encore par la découverte des premières mines de diamants et d'or, respectivement en 1867 et en 1885.
Entre l'autorité britannique du Cap et les descendants néerlandais (les ‘Boers’ ou les ‘Afrikaners’), la mésentente fut immédiate. Il s'agissait surtout de conceptions divergentes sur la vie et les activités économiques, les Anglais prônant une approche libérale des échanges, ce qui heurtait les populations rurales. Cette situation allait être à l'origine des deux ‘guerres des Boers’, celle de 1881, puis celle de 1899-1902. Les deux républiques fondées par les Boers, l'État libre d'Orange et le Transvaal, finiraient par perdre leur indépendance. Au cours du xxe siècle, la vie en Afrique du Sud fut dominée par la discrimination raciale. Les colons européens avaient apporté dans leurs bagages leurs préjugés et leurs complexes de supériorité. Les populations locales furent mises à l'écart par une législation de plus en plus vexatoire qui prit une tournure systématique à partir de 1948. Ainsi naquit l'‘apartheid’.
Quelle est la physionomie actuelle de l'Afrique du Sud libérée du joug de l'apartheid? Le climat de conciliation qui semble régner dans de larges couches de la population constitue de toute façon un facteur encourageant. Selon Georges Lory, la nouvelle Constitution de 1996 n'a pas d'équivalent sur terre en matière de tolérance et de protection des minorités. La politique linguistique en fournit une belle illustration: avec onze langues officielles, l'Afrique du Sud révèle non seulement sa pluralité linguistique, mais aussi sa diversité ethnique, culturelle et religieuse. Une de ces langues est l'afrikaans, dérivé du néerlandais. Bien que l'afrikaans - beaucoup plus que l'anglais - fût considéré comme la langue de l'oppresseur, aucun de ses droits fondamentaux ne semble actuellement menacé. Aux yeux de Lory, la vie culturelle en Afrique du Sud apparaît florissante. La levée, en 1992, du boycott culturel a donné de nouvelles impulsions aux arts et à la musique. Dans le passé, quelques poètes et romanciers (entre autres, Breyten Breytenbach, André P. Brink et Nadine Gordimer) avaient déjà acquis une notoriété internationale. Il n'empêche que l'euphorie qui régnait encore il y a quelques années semble à présent s'être évaporée. Il est indéniable que, grâce à ses terres fertiles et aux richesses extraordinaires de son sous-sol, le pays demeure toujours une importante puissance économique mais l'ampleur des problèmes sociaux donne le vertige. Une bonne partie de la population noire continue à vivre dans la pauvreté. Un seul chiffre en dit long: le taux de la mortalité infantile s'élève à...53%. Pour comble de malheur, l'Afrique du
Sud est rongée par la criminalité sous toutes ses formes, ce qui lui vaut la triste réputation d'être le pays le plus violent de la planète. Beaucoup de partisans de l'ANC, convaincus d'abord que la suppression de l'apartheid conduirait rapidement à l'amélioration de la situation sociale, manifestent à présent leur déception et tournent le dos aux responsables politiques. Décidément, l'Afrique du Sud demeure un pays entre l'enfer et le paradis.
Hans Vanacker
(Tr. U. Dewaele)
georgeslory, L'Afrique du Sud, Éditions Karthala, Paris, 1998, 213 p.