lettres de Stendhal que
Madame Elaine Williamson, attachée au
British Institute de Paris a réunies dans un ouvrage. Le résultat est une édition exemplaire publiée par l'
Institute of Romance Studies de l'
University of London dont la couverture est rehaussée d'une reproduction du Palais du Dam. L'introduction circonstanciée est suivie sur 300 pages des lettres de Stendhal ainsi que de rapports et d'annotations diverses. L'ensemble est par ailleurs étoffé avec des appendices sur les Budgets de l'administration de la couronne en Hollande pour 1810 et 1811, quelques mémoires et décrets, un appareil critique détaillé, deux index et une bibliographie.
Comme le fait remarquer Madame Williamson, cette édition revêt une importance tant historique et biographique que littéraire.
Les documents en question procurent tout d'abord un certain éclairage sur un épisode relativement mal connu de l'histoire de la Hollande. Pour les trois quarts, la correspondance se compose de lettres adressées à deux fonctionnaires, le baron Six van Oterleek, intendant de la Couronne à Amsterdam, et le comte Daru, le puissant cousin de Stendhal en même temps que son chef à Paris. Ces lettres traitent des sujets les plus divers: le paiement d'une pension au poète Bilderdijk (le professeur de néerlandais du roi Louis Napoléon), des questions soulevées par des fermages sur domaines de la couronne, la remise en état de la digue de Pleij et mille autres questions de détail. Mais les sujets d'importance ne sont pas non plus en reste, tels les finances de la couronne (domaine épineux puisque Napoléon avait interdit l'envoi d'argent aux Pays-Bas); un problème soulevé par les créanciers au sujet de l'hypothèque du prince d'Orange-Nassau sur ses domaines de Niervaart et Zevenbergen (une réclamation pour un montant de près de deux millions de florins qui fut repoussée par Napoléon par voie de décret); sans oublier la complexe réorganisation fiscale des domaines de la couronne en Frise orientale, rattachée aux Pays-Bas depuis 1807.
Tous ces éléments jettent un jour nouveau sur la vie de Stendhal pour ce qui touche à la période en question. L'image dominante - qu'il a lui-même contribuée à faire naître - est celle d'un Henri Beyle, dandy courant les salons et poursuivant ses maîtresses en Italie. En réalité, l'emploi qu'il occupait - et qui à ses dires ne lui prenait pas plus de dix heures par semaine - n'était en rien une sinécure. Alors à l'apogée de