Maurice Maeterlinck (1862-1949), en 1916.
sur ceux-ci, elle s'est efforcée de nous donner une idée globale de la manière dont l'oeuvre de Maeterlinck a été accueillie aux Pays-Bas. Ce qui frappe chez Maeterlinck, c'est la brièveté de la ‘courbe réceptive’. La plupart des écrivains traversent d'abord une période assez longue marquée par un succés croissant, puis, après avoir atteint leur apogée, subissent une lente baisse de popularité. Le succès de Maeterlinck aux Pays-Bas ne dura que quelques années. Il dut sa notoriété soudaine à un Français: Octave Mirbeau. Dans
Le Figaro du 24 août 1890, celuici avait consacré à la pièce
La Princesse Maleine et au recueil de poèmes
Serres chaudes un compte rendu fort élogieux. Il faut croire qu'aux Pays-Bas aussi, l'article de Mirbeau avait convaincu la plupart des sceptiques. Toujours est-il que les pièces de théâtre de Maeterlinck (parmi lesquelles beaucoup se prêtaient à la lecture plutôt qu'à la scène), ses recueils de poèmes et ses essais y furent l'objet, durant quelques années, d'un véritable engouement. Pourtant, l'intérêt porté à l'oeuvre de Maeterlinck devait très vite s'estomper. Lorsque l'écrivain reçut, en 1911, le prix Nobel de littérature, il n'était plus qu'une gloire tombée dans l'oubli.
Élisabeth Leijnse établit d'intéressants parallélismes entre les réceptions réservées aux divers genres littéraires pratiqués par Maeterlinck, tout en signalant par ailleurs ce qui les différencie. C'est ainsi que l'oeuvre dramatique de Maeterlinck ne fut souvent jugée qu'en fonction de sa seule valeur ‘symboliste’ alors qu'il était beaucoup moins question de symbolisme dans les comptes rendus consacrés à ses recueils de poèmes. Il est également curieux de constater comment les essais de Maeterlinck, notamment ses écrits philosophiques et ses textes sur la mystique, suscitent parfois des réactions assez divergentes. Dans la dernière partie de son étude, Élisabeth Leijnse décrit l'influence exercée par Maeterlinck sur l'écrivain néerlandais Lodewijk van Deyssel (1864-1952). Ce prosateur et critique écrivit dans un premier temps des oeuvres plutôt naturalistes pour se convertir ensuite au symbolisme. Signalons que le livre d'Élisabeth Leijnse reproduit en annexe un texte inédit de Van Deyssel sur Maeterlinck.
Reconnaissons-le: Symbolisme en nieuwe mystiek in Nederland voor 1900 ne se lit pas facilement. L'accumulation des données risque, en effet, de désorienter quelque peu le lecteur et de lui faire perdre parfois le fil conducteur de l'exposé. Il n'empêche qu'il faut conseiller la lecture de cet ouvrage à tous ceux qui s'intéressent à Maeterlinck et, à travers lui, au symbolisme en général.
Hans Vanacker
(Tr. U. Dewaele)
Nord' revue de critique et de création littéraires du Nord/Pas-de-Calais, Société de littérature du Nord, 73, rue Caumartin, F-59000 Lille, no 26, décembre 1995.
élisabeth leijnse, Symbolisme en nieuwe mystiek in Nederland voor 1900. Een onderzoek naar de Nederlandse receptie van Maurice Maeterlinck (Symbolisme et mystique nouvelle aux Pays-Bas avant 1900. Recherches sur la réception de Maurice Maeterlinck aux Pays-Bas), Bibliothèque de la Faculté de philosophie et lettres de l'Université de Liège, 1995.