Sciences
Gerard Mercator et la cartographie en Flandre
Les Pays-Bas ont joué un rôle prépondérant dans l'évolution de la cartographie. Au xvie siècle s'y concentrait le commerce de l'Europe. De bons cartographes tels qu'Abraham Ortelius (1527-1598), Gemma Frisius (1508-1555), Gerard Mercator (1512-1594), Petrus Plancius (1552-1622), Jodocus Hondius (1563-1612) et d'autres encore y étaient actifs pendant cette période. Il est évident que ce n'est pas le seul commerce qui stimula la demande de cartes; on étudiait également la cartographie et on en perfectionnait la technique dans des centres intellectuels tels que Louvain et Malines.
Gerard Mercator est indubitablement l'un des principaux cartographes de cette génération. En 1994, nous commémorons le 400e anniversaire de son décès. Gerard de Kremer naquit à Rupelmonde, petite ville où le Rupel se jette dans l'Escaut, dans une famille originaire du pays rhénan. Son nom signifie marchand, commerçant. Lorsqu'il s'inscrivit à l'université de Louvain, en 1530, Gerard, s'adaptant à la coutume des milieux intellectuels de l'époque latinisa son nom en Gerardus Mercator. Il termina ses études à la faculté des Arts en 1532 et y obtint un grade dans la discipline de la philosophie. Puis, il s'installa pendant deux ans à Anvers, qui était alors le centre économique et culturel des Pays-Bas. Les raisons pour lesquelles Mercator quitta Louvain ne sont pas très claires, mais il est probable que la rigide fidélité lovanienne à la doctrine aristotélicienne séculaire ne lui donnait pas satisfaction. La conception dominante du monde était déterminée par cette doctrine, qui fut actualisée notamment par l'astronome grec Claude Ptolémée au iie siècle. De nouvelles découvertes, des recherches scientifiques, des publications récentes, la recherche de nouvelles routes commerciales, etc., contribuèrent à modifier cette image traditionnelle du monde. Mercator retourna finalement à Louvain pour y étudier les mathématiques mais n'y fréquenta pas l'université. Il cherchait à acquérir des connaissances plutôt pratiques que théoriques.
Sous la direction du Frison Gemma Frisius, Louvain était devenu un centre important de cartographie scientifique. Frisius mit Mercator également en contact avec l'orfèvre louvaniste Gaspard van der Heyden, qui avait gravé et construit dès 1531 un globe terrestre pour Frisius. Van der Heyden le familiarisa avec les aptitudes artisanales et artistiques indispensables. Mercator réalisa plusieurs globes en coopération avec Frisius et Van der Heyden.
La première carte que Mercator fit pour son propre compte fut une carte de la Palestine, la Terre sainte. Elle s'avérait particulièrement intéressante pour l'étude de la Bible mais vaudrait à Mercator, suspecté d'hérésie, quelques mois de prison en 1544. En cette période trouble, la seule possession d'une bible constituait déjà une raison valable d'être dénoncé comme hérétique. Cet emprisonnement fut probablement pour beaucoup dans le fait que Mercator quitta la Flandre en 1552 pour s'établir à Duisburg, où la liberté des cultes était bien plus grande.
Si Mercator reçut sa formation scientifique en Flandre, c'est à Duisburg qu'il réalisa la partie la plus importante de son oeuvre. Sa carte principale était une mappemonde de 1569, qui était très fiable grâce à la projection qu'il avait conçue. C'est surtout cette ‘projection de Mercator’ qui