Septentrion. Jaargang 23
(1994)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermdActuellesFin mars 1994 paraissait aux éditions Gallimard Le maître du Bourg, le premier roman de Nicole Verschoore (o1939). L'histoire se passe entièrement à Bruxelles et décrit la lente croissance de l'amour entre Arlette et l'Italien Francesco, qui se rencontrent au cours de concerts classiques. L'ancien bourgmestre Charles Buls (1837-1914) joue lui aussi un rôle modeste en arrière-plan. Nicole Verschoore est née à Gand. Elle est docteur en philologie germanique et fut longtemps journaliste culturelle au journal flamand Het Laatste Nieuws. Pour son premier roman, elle a opté pour le français, langue dans laquelle elle a été élevée.
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Au cours du printemps 1994 s'est déroulé à Lyon le festival international du cinéma et de la vidéo Dance screen. Le film Achterland (Arrière-pays) de la chorégraphe flamande Anne Teresa de Keersmaeker (o1960) y obtint la plus haute distinction, le Dance Screen Award. Achterland décrocha aussi le prix de la meilleure mise en scène d'une chorégraphie. Le film s'appuie sur une musique d'Eugène Ysaye et de György Ligeti. Anne Teresa de Keersmaeker est une des figures de proue de la danse flamande. Avec son groupe Rosas, elle a connu nombre de succès internationaux. Depuis la saison 1991-92, Rosas joue le rôle de compagnie attitrée du Théâtre de la Monnaie à Bruxelles. Voir aussi Septentrion, XXI, no 4, 1992, pp. 27-32.
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Jean Doré a publié Jheronimus Bosch. Étude des trois grands triptyques de l'escamoteur. Cette passionnante étude commence par une intéressante description de la vie et de l'oeuvre du peintre Jérôme Bosch (vers 1450-1516). Puis vient une analyse fouillée de quatre toiles de ce grand maître, à savoir les triptyques Le jardin des délices, Le char de foin, La tentation de saint Antoine et L'escamoteur. Chaque toile est illustrée par un ou plusieurs détails en couleur. Jérôme Bosch s'appelait en réalité Hiëronimusch van Aken, mais signait Bosch du nom de sa ville natale 's-Hertogenbosch (Bois-le-Duc). Il développa un genre tout à fait à lui dont les thèmes essentiels étaient le mal et la sottise sous toutes leurs formes. On peut se procurer l'ouvrage à: L'arche d'or, 11, boulevard du Maréchal Leclerc, F-21240 Talant.
❧ Du 29 avril au 1er mai 1994, les locaux du centre européen de poésie d'Avignon ont servi de cadre à un événement littéraire consacré à la Belgique et au Luxembourg et intitulé ‘La poésie dans un jardin’. Des poètes flamands, wallons et luxembourgeois y ont déclamé deux soirées durant leurs propres oeuvres. Les participants flamands étaient Herman de Coninck (o1944), Geert van Istendael (o1947), Luuk Gruwez (o1953), Frank de Crits (o1942) et Jan H. Mysjkin (o1955). Ils ont généralement présenté leurs poèmes en version originale néerlandaise et en traduction française. En plus, le secrétaire de rédaction de Septentrion a eu le plaisir de présenter la revue. La Belgique francophone était représentée notamment par Werner Lambersy,
Jérôme Bosch, ‘Le char de foin’, vers 1493, détail.
Guy Goffette, Geneviève Bergé et André Schmitz. L'apport luxembourgeois fut le fait de Lambert Schlechter, Jean Portante, Nico Helminger et Anise Koltz. En marge de cet événement littéraire se déroulaient également un ample programme cinématographique et un concert acousmatique. ‘La poésie dans un jardin’ (4-6, rue Figuière, F-84000 Avignon) est un lieu permanent d'activités de l'association ‘Les amis de la Maison du livre et des mots’. Elle propose un fonds exceptionnel consacré à la poésie. En outre elle est un centre d'information, de documentation, de vente, de rencontres et d'expositions. ‘La poésie dans un jardin’ veut également mettre en relation les pratiques poétiques et les différentes expressions artistiques.
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Début mai 1994, on a inauguré solennellement le Nederlands Foto Instituut (Institut néerlandais de photographie), sis à Rotterdam en face du centre d'art moderne Witte de With, à une portée de flèche du Museumpark. Le Nederlands Foto Instituut se propose en premier lieu d'être un centre de rencontres pour | |
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photographes, bailleurs d'ordres et public. Bien qu'à l'aide d'expositions, d'ateliers et de conférences on veuille d'abord contribuer au développement de la photographie aux Pays-Bas, on n'en espère pas moins que l'institut connaîtra un rayonnement international. L'intérêt porte sur les formes les plus diverses de la photographie: reportages journalistiques et documentaires, photos publicitaires, reproductions de mode et photos d'art. Le même édifice abrite également le Nederlands Foto Archief (Archives néerlandaises de photographie) et le Nationaal Fotorestauratie Atelier (Atelier national de restauration de photos). Adresse: Witte de Withstraat 63, NL - 3012 BN Rotterdam.
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Les 13 et 14 mai 1994 se déroulait à l'Université de Lille III à Villeneuve d'Ascq le colloque De Nederlanden: cultuur en taalrealia (Les Pays-Bas: culture et réalités linguistiques). Cette rencontre était organisée par Gilbert van de Louw, professeur de néerlandais à l'université de Lille III et Klaus Gerth, maître de conférences à l'Université de Valenciennes et du Hainaut Cambrésis. Le thème central du colloque était la ‘transmission de culture au sein de l'acquisition d'une langue’. Des conférences et ateliers permirent d'aborder ce sujet à partir de perspectives diverses. La seconde journée vit la création de l'AFEN (Association française d'études néerlandaises). Cette association se propose de promouvoir une meilleure coordination entre les sections de néerlandais des universités françaises. Voir aussi Septentrion, XXIII, no 2, 1994, p. 60. Contact: Domaine universitaire et juridique ‘Pont de Bois’, Section d'études néerlandaises, BP 149, F-59653 Villeneuve d'Ascq.
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Début juin 1994, l'artiste néerlandais Carel Visser (o1928) s'est vu décerner le prix biennal de Sculpture J.C. van Lanschot, lequel s'agrémente de la somme de 50 000 florins (165 000 FF / un million de FB). C'est l'un des principaux prix néerlandais pour les arts plastiques. Carel Visser jouit d'une renommée internationale. Son oeuvre a déjà été exposée en bien des lieux à travers la terre entière. Dans les années 50 et 60, il fabriquait surtout des sculptures constructivistes. Puis son oeuvre évolua vers une plus grande mobilité. Visser n'emploie pas seulement des matériaux comme la pierre et le fer, mais aussi de la laine, du jute, du sable et de la tôle. Voir aussi Septentrion, XIX, no 1, 1990, pp. 44-48.
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Début juin 1994, l'écrivain flamand Hugo Claus (o1929) s'est vu décerner deux prix littéraires importants. La première de ces distinctions s'intitule VSB Poëzieprijs, du nom du sponsor, le Verenigde Spaarbanken Fonds (Fonds des banques d'épargne réunies). Doté de 50 000 florins (165 000 FF / un million de FB), c'est le plus grand prix de poésie de toute la néerlandophonie. Il est accordé à un recueil de poèmes publié dans l'année précédant son attribution. Claus le recevait pour De Sporen, recueil paru en 1993. Le jury louait cette publication de poèmes ‘tantôt critiques et tantôt accessibles, tantôt tragiques et tantôt burlesques, mais toujours virtuoses, même dans leur façon de relativiser et de saper cette virtuosité’. Aux pages 24 et 36-39 de ce numéro on trouvera, en néerlandais et en traduction française, des poèmes empruntés aux recueils De Oostakkerse gedichten (1955) et De Sporen. Hugo Claus reçut également le Prijs voor meesterschap (prix de Maîtrise), attribué par la Maatschappij der Nederlandse Letterkunde (Société des lettres néerlandaises). Cette distinction qui consiste en une médaille d' or n'est décernée que tous les quinze ans à un littérateur de langue néerlandaise. Selon la commission qui a proposé Claus, l'oeuvre de l'écrivain flamand ne connaît | |
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pas ‘sa pareille dans la littérature néerlandaise en ce qui concerne l'ampleur et la variété’. Les deux prix conféraient un lustre supplémentaire à ‘l'année-Claus 1994’. Le soixante-cinquième anniversaire de Claus fut en effet célébré en Flandre et aux Pays-Bas par une foule de publications de circonstance, d'expositions, de représentations théâtrales et d'événements littéraires. C'est ainsi que l'été de la poésie qui se déroule tous les ans à Watou (Flandre-Occidentale) fut entièrement consacré à l'oeuvre de Claus. Vingt-cinq de ses poèmes y furent présentés en pendant à des sculptures d'autant d'artistes de la néerlandophonie. Le climax littéraire de l'année-Claus fut la publication de Gedichten 1948-1993 (Poèmes 1948-1993). Cette oeuvre poétique complète est parue aux éditions De Bezige Bij (Van Miereveldstraat 1, Nl-1071 DW Amsterdam) et est qualifiée de ‘monument de la poésie néerlandaise d'après-guerre’. Voir aussi Septentrion, XV, no 4, 1986, pp. 2-7 et XXII, no 2, 1993, pp. 3-11.
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Du 14 au 18 juin 1994 s'est déroulé à Marseille le festival international du film documentaire intitulé ‘Vue sur les docs’. Le thème central en était l'oeuvre du documentariste néerlandais Johan van der Keuken (o1938). On y a projeté pas moins de 26 films de Van der Keuken, dont les documentaires récents Sarajevo Film Festival Film (1993) et On Animal Locomotion (1994). Avec notamment Bert Haanstra (o1916) et Joris Ivens (1898-1989), Johan van der Keuken appartient au groupe de talentueux documentaristes néerlandais dont la célébrité a franchi les frontières des Pays-Bas. Son oeuvre témoigne d'un profond engagement et d'une exceptionnelle passion. Van der Keuken se livre volontiers à des expérimentations chronologiques. Il est en même temps un photographe émérite. Voir Septentrion, XX, no 2, 1991, pp. 2-5.
❧ Du 17 au 25 juin 1994 s'est tenu à Amsterdam le 25e festival Poetry International. Pour cette année jubilaire, on avait composé un programme fourni. Le festival s'ouvrit sur une grande soirée poétique néerlando-flamande. Autres temps forts, le traditionnel ‘Bal du festival’ et le ‘Grand gala de la poésie’. A côté des traditionnelles soirées de déclamation au centre culturel De Doelen, qui est en quelque sorte le port d'attache de Poetry International, on organisa aussi, dans d'autres salles, diverses séries de conférences sur des thèmes spécifiques.
Martin Mooij (o1930) (Photo Frits Jansen).
Poetry International fut créé en 1970 sous la forme d'un petit festival par le Rotterdamse Kunstkring (Cercle artistique rotterdamois). Le mot d'ordre étant de ‘prêter l'oreille à la voix humaine’, Rotterdam devait apparaître comme le port franc de la poésie du monde entier. Sous la direction inspirée de Martin Mooij (o1930), directeur général de la Stichting Poetry International, l'initiative rotterdamoise ne tarda pas à devenir le plus grand festival annuel de poésie du monde. Au cours des vingt-cinq années | |
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écoulées, il accueillit plus de 1 000 poètes originaires de tous les coins de la planète. Poetry International n'est pas une rencontre ‘politique’, mais l'association s'est toujours souciée du sort de poètes qui se trouvaient dans une situation très difficile du fait de leurs idées et ne pouvaient participer au festival. C'est pour leur venir en aide qu'on fonda en 1979 le Poetry International Award. Ce prix de 10 000 florins (30 000 FF / 190 000 FB) se double d'une invitation à participer au festival dès que le poète lauréat en aura la possibilité. En 1992, on a également créé le Ludo Pieters Gastschrijver Fonds (Fonds Ludo Pieters pour un écrivain-hôte). Des auteurs qui éprouvent des difficultés à publier dans leur propre pays, peuvent, grâce à ce fonds, résider dans une université néerlandaise durant une année académique. La Stichting Poetry International ne s'en tient pas à la seule organisation d'un festival annuel. Elle essaie aussi de rassembler une bibliothèque et des archives de la poésie internationale, elle décerne des prix de poésie néerlandophone et s'emploie à familiariser les enfants avec le genre. Même dans leur vie de tous les jours, les Rotterdamois éprouvent l'impact de Poetry International. Des milliers d'usagers du tram peuvent lire, au-dessus d'un grand portrait de l'écrivain néerlandais Multatuli (1820-1887), le vers suivant ‘Van de maan af gezien zijn we allen even groot’ (Vus de la lune, nous avons tous la même taille). Même les voitures et bateaux des services de nettoyage s'ornent de citations poétiques. Depuis 1991, on organise également à Rotterdam le festival international annuel Story International, qui se présente comme le ‘pendant en prose’ de Poetry International. Si ce festival connaît le même essor que son modèle, Rotterdam deviendra l'une des principales localités littéraires du monde. Adresse: Stichting Poetry International, Kruisstraat 2, NL-3012 CT Rotterdam. Tél. 31 10 413 43 30 / Fax 31 10 433 42 11. ❧
Le 28 juin 1994 paraissait le premier numéro de La Flandre, publication du Gouvernement de la Flandre. Cette revue est totalement rédigée en français et paraît quatre fois l'an. Elle se propose de présenter la Flandre aux autorités et administrations francophones de Belgique, aux ambassades, consulats et journalistes de langue française. La Flandre présente un contenu très diversifié. L'intérêt porte sur l'art, l'histoire, l'économie, la politique, les sciences, les évolutions de société et le sport. Le premier numéro comprend notamment des articles sur la restauration de la Onze-Lieve-Vrouwkathedraal (Cathédrale Notre-Dame) d'Anvers, les biotechnologies, la ville de Courtrai, le Musée Memling de Bruges et le festival rock de Torhout/Werchter. La Flandre compte 38 pages et la revue est richement illustrée d'une foule de photos en couleur. | |
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Adresse: Ministerie van de Vlaamse Gemeenschap, Departement coordinatie / Administratie Externe Betrekkingen, Boudewijnlaan 30, B-1210 Brussel.
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Le 26 juin 1994 décédait à l'âge de 93 ans le romancier et journaliste néerlandais A. den Doolaard (pseudonyme de Cornelis Spoelstra). Après avoir mené dans sa jeunesse une vie bien réglée de comptable, Den Doolaard vagabonda à travers la terre entière. Il consigna ses nombreuses expériences dans une foule de récits romantiques. Ce furent notamment ses ‘Balkanromans’ (Romans des Balkans) qui furent très populaires dans toute la néerlandophonie. De herberg met het hoefijzer (L'auberge au fer à cheval), paru en 1933, constitue une bonne illustration du genre. Il y décrit la vendetta albanaise. L'année suivante parut Orient-express, roman qui se passe en Macédonie et auquel les évolutions politiques récentes donnent un très net regain d'actualité. Dans la seconde moitié des années 30, Den Doolaard se révéla un antifasciste convaincu. Het hakenkruis over Europa (La croix gammée sur l'Europe) rassemble une série d'articles contre le fascisme. Pendant la guerre, il résida quelque temps en France. En 1946, il apporta son aide à l'opération de sauvetage dans l'île zélandaise de Walcheren submergée par les flots. Cette période lui inspira l'émouvant roman Het verjaagde water (L'eau chassée). Après la guerre, l'oeuvre de Den Doolaard prit de plus en plus des traits éthico-idéalistes. Il existe une traduction française d'A. den Doolaard, Le vainqueur du Mont-Blanc (titre original: De grote verwildering), Gérard et Cie, Verviers, 1958. Den Doolaard écrivit ce roman après avoir, en dépit de grandes privations, atteint lui-même le sommet du Mont-Blanc.
Hans Vanacker |
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