Sciences
La médecine dans les Pays-Bas méridionaux (1475-1660)
Il y a quelque temps eut lieu au Cabinet d'estampes à Anvers une exposition intitulée ‘La médecine dans les Pays-Bas méridionaux (1475-1660)’. Le Cabinet d'estampes de la métropole scaldienne est ménagé dans le prestigieux Musée Plantin-Moretus.
La période traitée dans l'exposition fut une époque tumultueuse pleine de révolutions tant politiques que scientifiques, tant religieuses qu'artistiques. De même, la médecine, réglant définitivement son compte aux théories et aux méthodes thérapeutiques médiévales, connut alors un tournant décisif. L'humanisme montant renforça le désir d'une recherche libre et d'expériences scientifiques. D'éminents savants s'intéressèrent de plus en plus à la structure du corps humain. Ici ou là des médecins et des professeurs d'université organisèrent même des dissections publiques. Dès 1478 déjà pareilles expériences eurent lieu à l'université de Paris.
Ces ‘leçons’ dans la capitale française exercèrent une grande attraction. L'étudiant bruxellois Andreas van Wesel (1514-1564), mieux connu sous le nom d'André Vésale, y assista. Plus tard ce même Vésale se fera une grande renommée à travers toute l'Europe. Ce qui le frappa surtout, à Paris, ce furent les conceptions vieillies de Jacques Dubois. Ce professeur s'inspirait, certes, de méthodes d'enseignement fort progressistes, mais, à l'opposé, ses conceptions physiologiques accusaient une étonnante sclérose. Après son retour au pays natal, André Vésale fut nommé professeur à l'université de Louvain. Il s'y consacra surtout à la préparation de son oeuvre énorme, De humani corporis fabrica libri septem (1543). Tout au long de cette étude Vésale offrait une représentation fidèle et véridique des différents éléments composant le corps humain. De nos jours encore la Fabrica est toujours considéré comme l'une des plus importantes publications anatomiques de l'histoire.
Vésale n'était sûrement pas un savant en chambre. Après la publication de sa Fabrica il devint médecin privé de Charles-Quint. Il alla Jusqu'à accompagner l'empereur pendant ses campagnes militaires. De cette manière il se trouva un jour face à face avec Ambroise Paré (1510-1597) qui, lui, travaillait au service du roi de France. Ce fut d'ailleurs Ambroise Paré qui, dans ses nombreuses publications, enseigna les thèses anatomiques de Vésale aux chirurgiens et aux médecins.
La percée de la médecine moderne dans les Pays-Bas méridionaux n'était pas due exclusivement à Vésale. De nombreux autres chercheurs ont publié des études d'un excellent niveau scientifique. Et par la diffusion de l'art de l'imprimerie ils étaient à même d'atteindre un public relativement large. La faculté de médecine de l'université de Louvain jouissait alors d'une haute estime. Souvent les professeurs s'y attaquaient très hardiment aux dogmes médicaux périmés. Dès 1562 Douai ouvrit à son tour une section de médecine. Cette faculté ne put certes pas prétendre à la réputation de Louvain, mais son influence ne fut pas à négliger. Il est vrai que les deux universités, Louvain et Douai, eurent à affronter des problèmes de nature politique. Du fait de la révolte avortée des Pays-Bas méridionaux contre l'Espagne et des longues guerres franco-espagnoles, beaucoup de professeurs se virent dans