La Belgique a un nouveau gouvernement
La Belgique peut se féliciter de voir l'ensemble de ses gouvernements mis en place dans un délai plus court que prévu. Le lundi 9 mars 1992, en effet, Jean Luc Dehaene (o1940) a présenté son premier gouvernement au Parlement national. Le tristement célèbre scrutin du 24 novembre 1991 n'était plus, formellement, qu'un souvenir pénible.
Les exécutifs régionaux et communautaires avaient déjà été constitués précédemment. La réforme de l'Etat belge a notamment comme conséquence qu'après des élections législatives nationales, pas moins de quatre gouvernements doivent être formés: un gouvernement belge, un exécutif flamand groupant l'exécutif régional et l'exécutif communautaire flamands, un exécutif de la Communauté française et un exécutif de la Région wallonne. Dans la partie francophone du pays, Guy Spitaels a fait en sorte que son Parti socialiste (PS) tienne solidement la barre tant au niveau wallon que francophone. Président incontesté du PS, Spitaels aussi avait dû constater un recul du nombre de voix portées sur son parti lors du scrutin, mais l'appui de près de 40% de l'électorat francophone ne l'en rendait pas moins incontournable. Le PS opta de nouveau franchement pour une alliance avec le Parti social-chrétien (PSC) de Gérard Deprez. Il n'a accordé aucune chance aux Écolos francophones, pourtant sortis grands vainqueurs des élections, et n'a même pas invité les libéraux du Parti réformateur libéral (PRL). Spitaels surprit en outre les milieux politiques belges en renonçant à sa fonction de président quasi tout-puissant du PS pour endosser celle de ministre-président
Jean Luc Dehaene (o1940) (Photo Eric Peustjens).
de l'exécutif régional wallon, ce qui l'écarte, du moins provisoirement, d'un poste ministériel du côté de la rue de la Loi à Bruxelles.
Du côté flamand, les choses étaient plus embrouillées. La situation - trop complexe, à la belge - ne se laissant guère résumer de manière succincte, notons donc que les démocrates-chrétiens et les socialistes flamands finirent par s'entendre et ont élaboré un nouvel accord au niveau flamand, auquel se sont ralliés par la suite les nationalistes flamands de la Volksunie (VU - Union populaire). Comme leurs collègues francophones, les libéraux flamands du Partij voor vrijheid en vooruitgang (PVV - Parti de la liberté et du progrès) aussi se sont trouvés sur la touche. Le nouvel exécutif flamand n'est plus dirigé par le démocrate-chrétien Gaston Geens (o1931), père spirituel de la foire technologique biennale Flanders Technology, mais par son collègue plus jeune Luk van den Brande (o1945), un représentant déclaré de l'aile syndicale chrétienne au sein du Christelijke Volkspartij (CVP - Parti populaire chrétien), le parti démocrate-chrétien flamand.
Pendant ce temps, le roi Baudouin était toujours à la recherche d'une personne susceptible de faire en sorte qu'il puisse disposer à nouveau de ministres belges, mis-