Hugo de Ridder (o1932).
non plus. Les actes politiques qui ont suivi et la réforme de l'État dont Martens souligne à l'envi l'importance peuvent ainsi être confrontés aux paroles de jadis. Il est manifeste que l'homme Martens a, de temps à autre, dû faire des détours et des concessions pour devenir le politique Martens. Faire de la politique n'est pas toujours suivre imperturbablement une ligne droite. Il ne suffit généralement pas de se limiter à émettre des déclarations profondément réfléchies sur la dette publique ou sur les relations entre le Nord riche et les pays pauvres du Sud. La politique est avant tout affaire d'êtres humains qui veulent consciemment participer au pouvoir pour dans la mesure du possible, réaliser quelque chose. Manier le pouvoir requiert surtout énormément d'adresse pour éviter des écueils dangereux, élaborer des accords plus ou moins honorables, survivre en politique, occupation qui n'est pas toujours une activité des plus sublimes.
Seul l'auteur du livre peut répondre à la question de savoir si la démystification qui est le fil rouge de son travail patient et laborieux est délibérée. Il est de fait que tant au nord qu'au sud de la frontière linguistique, le lecteur trouve dans ce livre la confirmation de sa conviction que la politique n'est rien d'autre qu'une affaire d'homme. A la fin des 230 pages, même l'‘empereur’ Wilfried Martens se trouve pour ainsi dire déshabillé. Pareille démystification, qui peut sans douté être salutaire, n'est cependant
Wilfried Martens (o1936).
pas dépourvue de risques. La démocratie, en effet, est et demeure le plus faible de tous les systèmes politiques possibles.
Marc Platel
(Tr. W. Devos)
hugo de ridder, Le cas Martens, Éditions Duculot, Gembloux, 1991, 230 p..