Septentrion. Jaargang 18

Histoire

La Révolution française vue des Pays-Bas

Il est des événements historiques dont l'anniversaire, fêté par les uns, est seulement commémoré par les autres. La Révolution française en est sans aucun doute un exemple typique. Maintenant encore des chercheurs se trouvent souvent fort mal à l'aise quand ils décrivent les événements et évolutions des années révolutionnaires.



Aussi l'élimination des préjugés toujours vivants et des idées peu nuancées sur la Révolution française, est-elle d'une absolue nécessité, non seulement chez les Français, mais aussi chez les Néerlandais.

Cette idée n'émane pas d'un historien mais de Jean Vidal, ambassadeur de France aux Pays-Bas. Monsieur Vidal lança cet appel au milieu du mois de mai de cette année, lors de l'ouverture de l'exposition Vrijheid of de dood (la liberté ou la mort), la Révolution française aux Pays-Bas (1789-1798). L'événement se déroulait à la Maison Descartes, centre culturel français d'Amsterdam (Vijzelgracht, 2A).

Le point de départ de l'exposition constituait une intéressante innovation: les initiateurs entendaient consciemment aborder la Révolution d'un point de vue néerlandais. Un des nombreux préjugés sur la Révolution française comporte en effet que les événements politiques qui affectèrent les autres pays sont souvent encore réduits à des suites logiques de la révolution parisienne. Pour les Pays-Bas on peut d'ores et déjà dire que ce n'est pas tout à fait exact. Bien avant la prise de la Bastille, on pouvait y distinguer deux groupes. D'une part les partisans d'une réforme ou ‘Patriotes’ et d'autre part, les conservateurs ou ‘Orangistes’. Au cours de la période 1780-1787, les Patriotes occupèrent une bonne part des postes gouvernementaux. Puis les Orangistes purent retrouver quelque temps le pouvoir

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qu'ils pensaient perdu. Beaucoup de patriotes s'enfuirent à Paris, où ils prendraient part à tout le processus de réformes. Grâce à l'aide militaire des Français, les Néerlandais émigrés rentrèrent en 1795 dans leur pays et y proclamèrent aussitôt la République batave. Mais on ne tarda pas à s'apercevoir que les Patriotes n'étaient rien de plus que des marionnettes impuissantes aux mains d'une France de plus en plus impérialiste.

L'exposition s'intéressait aux phases politiques qui se succédèrent aux Pays-Bas. On recourut pour ce faire à des nouvelles d'almanachs, à des passages de journaux et de revues, à des fragments de déclarations importantes, à des toiles, dessins et gravures et à un nombre impressionnant de dessins satiriques. On montra de façon convaincante comment la Révolution, du moins pendant sa phase initiale, n'était souvent pas plus qu'une inquiétante toile de fond dont on s'inspirait. Voilà une relativisation qui a son poids!

Hans Vanacker

(Tr. J. Fermaut)