150 ans de Limbourg belge et néerlandais
Les provinces belge et néerlandaise du Limbourg ont commémoré en avril 1989 leurs 150 ans d'existence - séparée - dans la forme qui est la leur aujourd'hui. Un siècle et demi, et cela tandis que l'Etat néerlandais date de 1813, et l'Etat belge, de 1831.
Si l'on considère la petite carte géographique au dos de la couverture de Septentrion, on voit que la partie sud du Limbourg néerlandais fait figure d'‘appendice’ aux régions du Nord, de presqu'île enserrée entre la Belgique et l'Allemagne. Du point de vue historique, le territoire des ‘deux’ Limbourg constituait un véritable manteau d'Arlequin constitué de toutes sortes de Seigneuries, en partie indépendantes, en partie soumises à des Princes étrangers. La politique centralisatrice des autorités révolutionnaires françaises rassembla toutes ces Seigneuries, lorsque les Pays-Bas du Sud se trouvèrent annexés à la France en 1793. Pour donner à la France napoléonienne vaincue un puissant voisin, la Belgique actuelle (excepté Eupen/Malmédy) fut adjointe au royaume néerlandais de Guillaume Ier, Belgique et Pays-Bas formant un tout.
Le 25 août 1830 éclata à Bruxelles la révolte qui, en 1839, aboutit à la séparation définitive de la Belgique et des Pays-Bas. La déclaration d'indépendance de 1830 équivalait à une violation des décisions du Congrès de Vienne, ce qui donnait à la révolte de Bruxelles une dimension politique internationale et compliquait singulièrement l'acte de séparation.
Les représentants provinciaux du Limbourg optèrent, en 1830, pour le rattachement à la Belgique ‘indépendante’, de même que les troupes qui s'y trouvaient stationnées, célébrant: ‘La Victoire remportée sur vos insolents et lâches oppresseurs’. Le Limbourg tout entier, mais sans Maastricht, la capitale, puisqu'elle était occupée par une garnison ‘hollandaise’, forte de 5000 hommes, chargés d'étouffer dans l'oeuf toute sympathie pour la Belgique.
Pendant neuf ans, Leopold Ier et Guillaume Ier se querellèrent à propos du partage des biens, en particulier en ce qui concernait le Luxembourg et le Limbourg. Finalement, les deux monarques s'inclinèrent devant les décisions internationales de Londres en 1839, à savoir que les deux territoires seraient divisés. La partie néerlandaise du Limbourg non divisé adhéra, en outre, à l'alliance allemande. Les habitants incorporés, dans l'intervalle, aux Pays-Bas (de ‘Limbourgeois’ on ne pouvait pas encore parler) ont combattu jusqu'à la première guerre mondiale de 1914-1918 leur séparation d'avec la provincesoeur, restée belge. Plus d'une fois, le Gouverneur dut mettre en garde Guillaume Ier contre des mouvements séparatistes. Quand en 1848, à Francfort, un ‘parlement’ se réunit, le Limbourg néerlandais entreprit encore, en tant que membre de la ligue allemande, des efforts pour trouver une solution de rattachement à la Belgique. Des limbourgeois de premier plan tels que le Comte de Marchant et d'Ansembourg plaidèrent à Paris. auprès de Leopold Ier, en faveur d'un ‘Anschluss’. Inversement, il faut souligner que La Haye n'éprouvait aucun intérêt pour le territoire ‘annexé’.
Les principales raisons de l'opposition à la ‘Hollande’ tenaient, entre autres, à l'absence de liberté de l'enseignement (catholique) (du point de vue ecclésiastique, le Limbourg néerlandais demeurait du ressort de l'évêché de Liège); à l'absence de cette liberté politique et de presse dont on faisait l'expérience dans la Belgique libérale; aux impôts supplémentaires levés pour aider à payer la ‘guerre’ du roi Guillaume contre la Belgique, et enfin, à l'introduction de la langue néerlandaise dans la bureaucratie. Jusqu'alors, le français était la langue parlée dans les familles bourgeoises. Contrairement au reste des Pays-Bas, le Limbourg avait été livré pendant près de 20 ans à la politique de francisation.
L'une des principales raisons qui poussaient Guillaume Ier à réunir l'ensemble du Limbourg au Nord était son désir de garder, à l'intérieur de son royaume, le canal - financé par lui-même - qui reliait Liège au Nord (le Zuid-Willemsvaart). Aujourd'hui ce canal est situé pour une bonne part en territoire belge.
Le Limbourg belge s'est rapidement intégré à la Belgique en pleine industrialisation. En 1839, il possédait déjà une ligne de chemin de fer (Landen - Saint-Trond), en 1856, une liaison était établie avec Maastricht, et cela tandis que Maastricht venait à peine d'être reliée, en 1870 au Nord. En outre, la séparation allait également entraîner la création de distilleries de genièvre, Schiedam se trouvant ‘à l'extérieur’. C'est la première guerre mondiale de 1914-1918 qui intégrera