seul Nederlandse Omroep (Institut de radiodiffusion néerlandais). Au lendemain de la libération, en 1945 - le renouveau et la restauration étant à l'ordre du jour -, à l'institut, c'est la restauration qui l'emporta sur le renouveau. Le Nationale Omroep (Institut national de radiodiffusion), prôné par des Néerlandais rentrant d'Angleterre ne vit pas le jour. Les associations d'avant-guerre refirent surface, fût-ce au sein d'une organisation de coordination technique, qui deviendrait plus tard la Nederlandse Omroep Stichting (Fondation de radiodiffusion néerlandaise).
Les associations de radiodiffusion reflétaient un substrat culturel spécifique, le fameux ‘compartimentage idéologique’, caractéristique de la société néerlandaise des années vingt, mais peu à peu démantelé au cours de l'aprèsguerre.
Dans les turbulentes années soixante, la Vrije Radio Omroep Nederland (VRON - Association de radiodiffusion libre des Pays-Bas) - par la suite rebaptisée Veronica d'après la populaire brebis galeuse d'un poème pour enfants - commença à émettre depuis un bateau ancré au large du littoral néerlandais. Cette association émanait notamment des disquaires. - Bien que totalement illégale, elle payait des droits d'auteur et des impôts sur le revenu! La VRON put tout de suite se targuer d'un immense succès, surtout parmi les jeunes - c'était la période des Beatles! -, en raison de son illégalité quelque peu mystérieuse, mais surtout grâce à une programmation calquée sur le modèle américain, les collaborateurs ayant bénéficié d'une formation aux Etats-Unis.
Lorsque l'émetteur illégal fut contraint de mettre fin à ses activités à la suite de la Convention de Strasbourg - contre les émetteurs pirates -, signée par les Pays-Bas en 1974, la VRON demanda à être agréée en tant qu'association de radiodiffusion et de télévision.
Désormais légale et baptisée Veronica, elle relevait de la loi sur la radiodiffusion en vigueur à l'époque, laquelle confiait la réalisation de programmes à des associations comptant des affiliés, et cetera. Pour lui faire place, les associations catholique, protestantes, socialiste et autres durent renoncer à une partie de leur temps d'antenne.
La législation néerlandaise en matière de radiodiffusion stipule notamment que les associations qui comptent 450.000 membres à jour de cotisation - montant: 10 florins - ont droit à près d'un quart du temps d'antenne pour la radio - mesure étendue depuis à la télévision. Veronica avait su conserver suffisamment de sympathisants de la période illégale pour être agréée. Ses programmes, apparemment, plaisent beaucoup au public, au point qu'elle a pu enregistrer son millionième adhérent le 31 août 1988. Les associations de radiodiffusion et de télévision traditionnelles comptent en moyenne 300.000 à 500.000 membres et doivent maintenant se battre pour ne pas les perdre.
Pourquoi l'inscription du millionième membre constitue-t-il un événement dans la société néerlandaise? Bien que des satellites, commerciaux ou non, occupent déjà l'éther néerlandais, les meneurs de jeu politiques - à savoir les démocrates-chrétiens et les socialistes, soit environ 100 sur 150 membres de la Deuxième Chambre - entendent préserver le principe fondamental du système néerlandais, c'est-à-dire l'octroi de temps d'antenne sur la base de critères philosophiques et idéologiques.
La concurrence de Veronica, parmi d'autres, et ses programmes axés essentiellement sur le divertissement contraignent pour ainsi dire les autres composantes du paysage audiovisuel à diffuser des programmes populaires si elles veulent conserver le nombre d'affiliés requis par la loi. - Pour Veronica, selon une déclaration de son directeur Robert Out, même l'information doit être amusante.
Veronica caresse l'idée de se scinder en deux associations de 500.000 membres! Elle acquerrait ainsi le droit de doubler d'un seul coup son temps d'antenne, obligeant par là les associations traditionnelles à réduire le leur davantage encore, à moins que le temps d'antenne soit globalement augmenté. - C'est notamment en raison du succès de Veronica que les Pays-Bas bénéficient depuis peu d'une troisième chaîne de télévision.
Cette perspective nouvelle a conduit à modifier la loi sur la radiodiffusion et la télévision: toute (nouvelle) association qui veut se voir octroyer du temps d'antenne doit être ‘représentative d'un courant spirituel ou social dans la société néerlandaise’. Veronica affirme maintenant que son apport essentiel est déterminé par la contre-culture de la jeunesse de 13 à 22 ans et ensuite par les jeunes adultes de 22 à 35 ans!
La question se pose de savoir si le ministre de la Culture, qui répartit les 900.000.000 de florins de cotisations entre les associations, est disposé à accepter cette contre-culture comme un ‘courant’. Il est de fait que l'agressivité du recrutement d'adhérents jeunes ainsi que la fébrilité de la programmation reflètent une certaine mode. Veronica, plutôt que de donner le ton, a toujours suivi les tendances du moment: l'ère du moi, le soft-sex et la lutte contre les tabous.
Quoi qu'il en soit, l'inscription du millionième adhérent d'une association de radiodiffusion et de télévision qui s'est constituée par voie démocratique pour protester contre le système démocratique existant dans ce domaine menace de vider de sa substance, de l'intérieur, le système néerlandais, qui est unique - ‘Je veux m'attaquer aux racines du mal de notre système’, dit Rob Out -, un peu dépassé dans son paternalisme, il est vrai, et menacé en même temps de l'extérieur par des satellites commerciaux. Dans certains milieux libéraux (minoraires) no-