ciale s'enflammerait en ces lieux!
Y tenaient par exemple la baguette le charmeur André Spoor, le protégé de Mengelberg Evert Cornelis (bien moins charmant), ainsi qu'Evert Cornelis, pionnier de l'avant-garde, originaire d'Utrecht.
Bien des changements positifs sont survenus depuis cette époque d'avant la première guerre mondiale, mais hélas, les concerts au jardin ont disparu...
C'est ainsi qu'on vient de procéder à une importante rénovation et d'achever une extension d'ailleurs contestée. On avait d'abord songé à résoudre les problèmes d'espace en ménageant un sous-sol sous la grande salle. Mais si l'on avait coulé sous les solives du plancher une épaisse couche de béton, quels en auraient été les effets sur l'acoustique? Pas question de toucher à la célèbre acoustique de la salle, aussi préféra-t-on une extension latérale.
C'est la rénovation qui marque le plus nettement le centenaire.
La célèbre salle a donné quelque 14.000 concerts depuis 1888. Mais ce qui brouillait surtout les cartes c'est qu'on avait affaire à deux entreprises: le Concertgebouw et l'orchestre du Concertgebouw. L'édifice, nous l'avons déjà dit, fut inauguré le 11 avril 1888, mais la première prestation de l'orchestre doit être située le 3 novembre 1888, ouverture de la première saison orchestrale. Le 3 novembre de l'année suivante, c'est Karl Richter, le célèbre maestro de l'Opera impérial de Vienne qui dirigeait l'orchestre et son enthousiasme fut tel qu'il offrit une partie de son cachet aux musiciens, somme qui permit de jeter les bases d'une première sécurité sociale pour les membres de l'orchestre!
En avril 1913, on donna quelques concerts de fête. Le 27 résonna des échos de la Huitième Symphonie de Mahler. Au cours des concerts du centenaire, qui eurent lieu les 11, 13, 15 et 17 avril, la Huitième Symphonie a été à nouveau exécutée, cette fois
Le Concertgebouw à Amsterdam (photo Maurice Boyer).
sous la direction de Bernard Haitink; le premier concert a fait l'objet d'une diffusion en direct à la radio et à la télévision (N.O.S.).
Le cinquantenaire bénéficia lui aussi de la Huitième de Mahler, cette symphonie se révélant, avec la Neuvième de Beethoven, la composition la plus adaptée à la célébration d'un jubilé.
La Neuvième de Beethoven rehaussait le tout premier programme du 11 avril 1888, aux côtés de Händel, Haydn et Wagner. Mais c'est un fait: le nom de Mahler s'impose toujours aux gens du Concertgebouworkest. C'est également le cas de Willem Mengelberg, qui succéda en 1895 à Willem Kes. En sept ans, Kes avait réussi à former un bon orchestre et fut l'objet de lucratives avances de la part de Glasgow. Le manque d'argent interdisait d'engager de grands noms! On doit à maître Van Riemsdijk, qui suggéra de prendre conseil du professeur Wüllner, directeur du Conservatoire de Cologne, le recrutement du juvénile Mengelberg: un jeune homme de 24 ans. Pour plus de sécurité, on ne lui offrait qu'un contrat d'un an: ce fut une éclatante liaison de quinze ans. Dès la saison 1903-1904, Mengelberg commença à exécuter plus ou moins systématiquement de la musique de Mahler, tout comme il se dépensait pour Bruckner. Mengelberg introduisit une stricte discipline, il lui arrivait de mettre trois heures à voir une seule page, et, quand cela lui chantait, il passait également une demi-heure à accorder parfaitement les instruments.
Tout comme son successeur Bernard Haiting, Eduard van Beinum, qui prit la suite de Mengelberg, cumulait sa direction amstellodamoise avec celle d'un orchestre londonien. Van Beinum était plus sobre, obtenait beaucoup d'un simple geste de la main et plaidait avec succès pour ‘la liberté dans la sujétion’.
Son successeur Haiting sut suppléer Carlo Maria Giulini en 1956, pour finir par être nommé en 1961 - Van Beinum étant mort à la tâche en 1959 au cours d'une répétition -, avec Eugen Jochem, premier chef d'orchestre.
La tradition Mahler-Bruckner s'avéra plus forte encore entre ses mains expertes qui surent lui insuffler une nouvelle impulsion. Mais son successeur, Riccardo Chailly, promet également de lui garantir un impressionnant avenir!
Naturellement, pas de centenaire sans ambiance festive. On ne peut toutefois oublier que la politique de l'orchestre vis-à-vis de la musique moderne a été des