Septentrion. Jaargang 17
(1988)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermdLeo, Mark, Wilfried et les autresAvec ses deux livres écrits d'une plume alerte: De keien van de Wetstraat (Les ‘piliers’ de la rue de la Loi, 1986) et Geen winnaars in de Wetstraat (Pas de vainqueurs rue de la Loi, 1986), le journaliste Hugo de Ridder a fait sensation du côté de la rue de la Loi - le Matignon ou le 10 Downing Street belge - et en Flandre. Sans aspirer à passer pour un Gunther Walraff flamand, il cherche à démêler, par la voie d'analyses approfondies, des dossiers qui ont dominé la vie politique belge des dernières années. Il fait preuve d'une parfaite connaissance des dossiers, tout en témoignant d'une attention particulière pour les aspects humains chez les hommes politiques, pour le fait que Leo (Tindemans), Mark (Eyskens), Wilfried (Martens) et les autres sont avant tout des humains, avec leurs chagrins personnels ou leurs joies familiales. Serait-ce cette touche humaine qui explique le succès rencontré par ces deux livres? De Ridder n'esquisse pas le récit de deux ou trois décennies de la vie politique belge. Il évoque | |
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une série d'épisodes liés à des problèmes variés tels que l'imbroglio du dossier RTT sous le gouvernement Leburton, le pacte d'Egmont d'il y a dix ans et le rôle précis qu'y ont joué certains politiques, le dossier des missiles nucléaires et les répercussions qu'eut cette décision au niveau de la direction du CVP, (Christelijke Volkspartij - Parti populaire chrétien), le dossier sidérurgique, et d'autres encore... Le tout étant distillé à partir de plus de quatrevingt-dix heures d'entretien avec tous les protagonistes de la scène politique belge, consignées dans quelque deux mille pages de notes, que sont venues compléter encore des notes personnelles des hommes politiques ayant vécu les événements. Il convient de souligner à la fois la sympathie avec laquelle sont évoqués les hommespoliticiens et l'objectivité et le regard presque froid avec lesquels les faits sont décrits. Les livres de De Ridder n'ont pas également réjoui tout le monde du côté de la rue de la Loi. Mais en même temps, les acteurs intéressés étaient très curieux de savoir si un rôle leur y était réservé. L'un des protagonistes écrivit au feutre rouge sur les épreuves: ‘Walraff, rue de la Loi’, ce qui ne se voulait sûrement pas un compliment. La maison d'édition Duculot, qui a collaboré à plusieurs reprises déjà avec des maisons d'éditions flamandes, a eu l'excellente idée de publier un condensé des deux livres sous le titre peut-être moins frappant de Leo, Mark, Wilfried et les autres,Ga naar eind(1), ces trois prénoms renvoyant évidemment aux trois derniers premiers ministres belges, du reste tous trois démocrates-chrétiens. La version française n'est pas à proprement parler un résumé, mais un choix parmi les différents épisodes les plus révélateurs: notamment Hugo Schiltz, du parti nationaliste flamand Volksunie, et le rôle important qu'il joua dans le pacte d'Egmont, l'échec de la énième tentative d'aboutir à un nouveau modèle communautaire pour la Belgique, l'itinéraire parcouru par Wilfried Martens pour aboutir au 16, rue de la Loi, le gouvernement intérimaire Eyskens, et surtout le dossier des missiles nucléaires, qui a pesé de tout son poids sur la politique belge entre 1979 et 1985. Le lecteur ne doit pas s'attendre à des révélations sensationnelles ni à des scandales. Il appréciera plutôt une analyse très détaillée, raffinée même, du système politique belge, où l'on compte en effet bon nombre de cracks, mais rarement de véritables vainqueurs. Hugo de Ridder nous a fourni ainsi un échantillon de journalisme trop rarement pratiqué en Belgique, d'une forme inusitée de littérature politique, où il nous apprend à mieux connaître la politique belge, où il lui rend sa densité humaine.
Marc Platel
(Tr. W. Devos) |
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