Le ‘Rik Wouters’ de Roger Avermaete
Rik Wouters (1882-1916), fils d'un sculpteur sur bois malinois, manifesta, de 1907 jusqu'à la veille de sa mort tragique, un fauvisme exubérant. Il est l'auteur d'une oeuvre lyrique attachante qui gravite autour de sa femme Nel. Parmi ses oeuvres les plus célèbres on peut citer: L'aprèsmidi à Boitsfort, Les rideaux rouges, Hommage à Cézanne, Portrait de Rik au bandeau noir, La repasseuse et Nu au fauteuil d'osier. En sculpture, sont populaires surtout La vierge folle et Soucis domestiques.
Nous devons beaucoup d'informations sur cet artiste et son oeuvre à la biographie que Nel Wouters a publiée en 1944, ainsi qu'à l'abondante correspondance qu'il nous a laissée. Aussi ces sources constituent-elles l'épine
Rik Wouters, ‘Soucis domestiques’.
dorsale de l'ouvrage que Roger Avermaete a consacré en 1962 au peintre-sculpteur et qu'on vient de rééditer en 1986. Avermaete (
oAnvers, 1893) a lui-même joué un rôle de premier plan dans la vie artistique au lendemain de la première guerre mondiale en particulier en fondant le groupe
Lumière. Il est également membre de l'Institut de France. La première percée de Wouters date de 1907, mais il est manifeste que l'événement déterminant pour sa courte carrière fut l'amitié nouée en 1909 avec Simon Levy, l'homme qui le mettrait en contact avec l'oeuvre de Paul Cézanne. Le peintre commença par être déçu par les oeuvres de Cézanne qu'on lui présenta chez Ambroise Vollard, mais quand il put, le lendemain, visiter la collection Pellerin, il en fut profondément impressionné. Une lettre d'août 1912 proclame son enthousiasme pour Vincent van Gogh mais Wouters déplorait que celui-ci se livrât trop vite. En ce qui concerne la palette et la construction du tableau, il est probable qu'il a davantage trouvé son bien chez Cézanne. Au coeur de l'été 1914, les Allemands sont brutalement venus troubler la grande fête du soleil qui battait son plein, plus encore dans l'oeuvre du peintre que dans celle du sculpteur. Rik fut mobilisé, participa à la campagne, échappa à la captivité mais fut interné à Zeist dans un camp hollandais. Opéré trois fois en quatorze mois, il mourut dans la nuit du 11 juillet 1916.
Avermaete a parfaitement tissé ces événements dans la genèse de l'oeuvre. Sa biographie analytique occupe un peu moins des deux tiers de l'ouvrage. Viennent ensuite des études plus courtes sur Rik Wouters aquafortiste, sur ses contacts avec Philippe Wolfers qui l'aida tout un temps, sur le contrat commercial passé avec Giroux, etc. Le catalogue de l'oeuvre, qui couvre quelque 80 pages, est vraiment précieux. Quant au grand nombre de reproductions en noir et blanc et en couleurs, elles ajoutent encore à l'attrait de l'ouvrage.
Gaby Gyselen
(Tr. J. Fermaut)