Septentrion. Jaargang 17
(1988)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermdCees Nooteboom: Mokusei! une histoire d'amourCees Nooteboom, né à La Haye en 1933, débute en 1955 comme poète et prosateur: le roman Philip en de anderen (Philippe et les autres) relate un voyage réel qui est en même temps un voyage intérieur, dans une tonalité romantique, sur fond de souvenir. Globe-trotter à partir de 1957, il confère au récit de voyage ses lettres de noblesse dans la littérature néerlandaise. Négligeant coteries et rédactions, il poursuit une oeuvre poétique, et déploie une activité de traducteur de poésie et de théâtre et de parolier. Sa poésie se cristallise autour de la mort et de l'obsession du temps - précarité, fugacité -, de l'espace et du mouvement - chaos, éparpillement du moi -, thèmes en conflit avec l'amour de la vie. Devant l'inefficacité du ‘langage hermétique’, le poète s'efface, observateur à peine présent, se fond dans le monde, et son regard épouse le présent intemporel, s'unit au néant. En 1963, De ridder is gestorvenGa naar eind(1) met en scène un moiécrivain, écrivant sur un ami écrivain décédé, qui à son tour écrivait un livre sur un auteur mort. Jeu de miroirs, cet antiroman explore la tension entre réalité et imagination, entre vivre et écrire, pour conclure à l'impuissance créatrice. Fin 1980, RituelenGa naar eind(2) retrace la recherche du temps perdu d'Inni Wintrop, confronté à un intellectuel misanthrope et à son fils adepte du zen, qui tous deux se suicident. Sur la toile de fond des années 1953-1978, ce roman complexe et profond, traitant de la conscience, du souvenir et du temps, de l'esthétique et de l'écriture, tisse un ensemble de moments ritualisés qu'il s'agit de dépasser pour parvenir à un sentiment d'unité et de fraternité. Il se clôt sur une acceptation de la vie, dans la solidarité avec la culture occidentale, fût-ce dans un monde difficilement acceptable en soi. Avec ce livre-ci, Nooteboom est enfin pris au sérieux et s'impose à un public plus vaste, qui découvre aussi l'oeuvre antérieure. La nouvelle Een lied van schijn en wezen (Un chant d'apparence
Cees Nooteboom (o1933).
et d'être, 1981) met à nouveau en scène deux écrivains aux prises avec le problème de l'écriture face à la réalité. C'est encore le souvenir qui sous-tend la nouvelle Mokusei!Ga naar eind(3), où Arnold Pessers, photographe néerlandais, à la recherche d'un Japon mythique, où il doit faire des photos publicitaires, s'éprend du modèle Satoko. Des flash-back reconstituent par bribes de cinq ans une passion chargée de menaces et de peur, confrontation avec l'autre, avec l'énigme de toute une civilisation, incarnée par ‘Masque de neige’ et ‘Mokusei’ (un parfum), laquelle finalement refuse d'épouser Pessers. Un ami, diplomate belge, corrige l'image idéalisée que le photographe s'est forgée du pays et lui inculque les notions de ‘pathétique des choses’ et de ‘noblesse de l'échec’. Pessers, dans son chagrin, ne sera plus jamais l'Occidental innocent. Un véritable petit chef-d'oeuvre! Willy Devos |
|