et est titulaire du cours d'orchestre ainsi que du cours de direction du conservatoire d'Anvers.
L'oeuvre musicale de Daan Sternefeld n'est pas très étendue. Son activité très intense comme professeur et chef d'orchestre lui laissait trop peu de temps pour composer. En outre, il était luimême très critique, presque sceptique à l'égard de ses propres créations: ‘Je ne me prends pas très au sérieux comme compositeur; surtout pas quand je me compare aux grands maîtres de renommée mondiale. Je préfère interpréter et recréer leur oeuvre. Courir après les grands maîtres comme compositeur m'intéresse moins.’ Ses rares compositions témoignent pourtant d'un solide métier, d'une inspiration vivante et d'une pratique colorée de l'orchestration. Il est frappant de voir qu'il s'inspire à plusieurs reprises du Volkslied du Moyen Age néerlandais et que l'idée de la mort est présente dans nombre de ses oeuvres.
Après avoir suivi les cours de Paul Gilson, Daan Sternefeld écrit l'opéra Mater Dolorosa (1934). Bien que cette oeuvre subisse incontestablement l'influence de R. Wagner et R. Strauss, plusieurs moments de cette partition dramatique prouvent une grande maîtrise de l'orchestration.
Une pratique permanente et très intense d'un grand nombre de partitions de musique moderne fait progressivement évoluer le style de Daan Sternefeld vers une tonalité à la modernité discrète, sans la moindre touche expérimentale. Dans le Divertimento pour instruments à vent (1980) où des morceaux en solo d'une grande virtuosité alternent avec des fragments de tutti pétillants, le compositeur jongle ici et là avec de pures combinaisons de sons; dans le Quintette à vent (1986), il recherche une pureté toute contemporaine et une beauté classique des formes. Son goût pour les sonorités suggestives, le coloris surprenant et l'évocation plastique de l'atmosphère s'exprime à plein dans des compositions telles que le ballet Pierlala (1938), la suite joyeuse Salve Antverpiae (1976), le ballet-oratorium Heer Halewyn (1978) et la symphonie Brueghel (1983).
Avec sa Symphonie en Ut (1943), Daan Sternefeld nous a offert une des contributions les plus importantes du xxe siècle à la symphonie en Flandre. Composé en pleine Seconde Guerre mondiale à une époque où le compositeur vivait dans la clandestinité, ce journal de guerre en trois parties se fait l'écho dramatique des sentiments les plus profonds de son créateur: la peur, la tristesse et l'appel à la libération.
Daan Sternefeld était un grand artiste en même temps qu'un homme modeste. Son oeuvre nous donne la preuve tangible de son multiple talent, de sa recherche de la beauté et de la sincérité, de son goût pour l'humour spirituel et l'expression profonde des sentiments.
Hugo Heughebaert
(Tr. M.-N. Fontenat)