Septentrion. Jaargang 16
(1987)– [tijdschrift] Septentrion– Auteursrechtelijk beschermd
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son premier long métrage, Monsieur Hawarden (1968), reçut une consécration internationale: le Prix de la Meilleure Mise en Scène et de la Meilleure Prise de Vue au Festival de Chicago de 1969. Puis vinrent Les Lèvres Rouges (1970) avec Delphine Seyrig, Malpertuis (1971), une coproduction internationale avec entre autres Jean-Pierre Cassel et Orson Welles, De komst van Joachim Stiller (La venue de Joachim Stiller - 1976) et Het Verloren Paradijs (Le Paradis Perdu - 1978). Le perfectionnisme technique, une mise en forme très stylisée et souvent maniériste, doublés d'une propension au fantastique confèrent à son oeuvre un caractère unique. Son humour obstiné qui relativise tout, son goût d'une parodie qui manipule personnages et spectateurs ne sont pas toujours appréciés en Flandre. Après Het Verloren Paradijs, un film plutôt mal accueilli par le public, Kümel avait encore bien des projets de films (en particulier De Eend (Le canard) d'après Ibsen, Eline Vere d'après Louis Couperus, mais au cours des huit années écoulées, il ne réussit à en concrétiser aucun. Cela ne l'empêcha pas de se rendre utile dans une foule d'autres domaines. C'est ainsi qu'il organisa en 1979 et en 1980 un cours de scénario avec l'aide de professeurs américains invités pour la circonstance. The Secrets of Love (1986) est manifestement une démarche préparatoire à la poursuite de sa carrière. Le succès international de son long métrage Les Lèvres Rouges, un film esthétique et érotique à vampires, avait permis à Kümel de réaliser une production coûteuse et grandiose comme Malpertuis. Son dernier film est une tentative du même genre pour reconquérir la confiance de bailleurs de fonds futurs. Cela explique aussi pourquoi The Secrets of Love sont une coproduction belgo-néerlandaise en langue anglaise: les producteurs visent le marché étranger. Le film a également été tourné sans aide gouvernementale, ce qui a au moins épargné
Harry Kümel (o1940).
au cinéaste toutes sortes de tracasseries administratives et les pertes de temps qui en découlent. Le film rassemble trois récits de la littérature érotique française qui vont du Moyen Age (The Spanking, d'après Marguerite de Navarre), au xixe (The Greenhouse, d'après Guy de Maupassant), en passant par le xviiie (The Pupil, d'après Nicolas Restif de la Bretonne). Sur le plan du contenu, le film n'est ni plus ni moins qu'un divertissement érotique qui spécule sur les goûts de voyeurs d'un public intéressé. Avec virtuosité, libertinage et désinvolture, Kümel s'amuse à y entasser tous les clichés du film érotique. Bien que le film ait été tourné en un temps record, il est très soigné sur le plan technique et d'une narration particulièrement alerte. C'est surtout dans la troisième partie - un vaudeville à la française - que Kümel étale son métier en combinant astuces de montage et prise de vue très picturale. En outre, il est manifeste que le cinéaste a pris un plaisir sucré à parodier divers styles et scènes de classiques de l'écran et même de ses propres films. C'est surtout cette particularité qui hausse Secrets of Love au-dessus des produits courants du genre auquel il appartient. Il n'en reste pas moins navrant qu'un metteur en scène aussi doué se voie contraint de faire un film de ce genre pour pouvoir, après huit ans, reprendre la production de films dignes de ce nom. Wim de Poorter (Tr. J. Fermaut) |
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