Grande exposition rétrospective consacrée à l'oeuvre de Constant Permeke au nouveau musée à Ostende.
L'édifice, qui est l'oeuvre de Gaston Eysselinck, date des années 1949-1953. Des architectes renommés de l'école d'Amsterdam dont W.M. Dudok et G. Rietveld, ainsi que Le Corbusier et Henry Van de Velde, ont influencé les conceptions du constructeur et orienté son style vers l'agencement fonctionnel de l'espace disponible. Maintenant que tout ce qui rappelait encore les rayons du grand magasin a été évacué, on est frappé par l'excellente adéquation des salles à leur nouvelle affectation. On n'a apporté qu'une seule retouche fondamentale, capitale il est vrai, à la conception originelle: on a muré la paroi de verre ménagée sur la face-ouest des divers étages en vue de dispenser à chaque salle la lumière du jour, ce qui a considérablement accru les besoins en éclairage artificiel. Mais le résultat final confirme la thèse connue selon laquelle une architecture bien conçue garde ses qualités quoi qu'on en fasse.
Bien que chacun ait déjà pu, aux Halles d'Ypres, se former une idée convenable de la collection, c'est seulement maintenant que ses caractéristiques spécifiques ressortent pleinement. Dans une première phase qui court jusqu'aux environs de 1965, la politique d'acquisition de la Province de Flandre occidentale a été dominée par les noms des grands classiques nationaux de la première moitié du xxe siècle. C'etait surtout l'expressionnisme flamand qui se trouvait convenablement représenté, mais des surréalistes de premier plan comme Magritte et Delvaux brillaient par leur absence. (Il faut dire qu'ils avaient fini par devenir hors de prix). L'achat, en 1963, d'une bonne partie de la succession de Gustave van Geluwe, collectionneur bruxellois originaire de Flandre occidentale, n'est pas étranger à cet état de fait. Par la suite, on a très clairement déplacé l'accent, d'une part sur le comblement de la lacune grâce aux premiers abstraits belges, d'autre part sur la peinture et la sculpture modernes. On s'est échiné à continuer à suivre pied à pied l'évolution des divers courants dans notre pays, et à actualiser le mieux possible la fort complexe anthologie qui les reflète, par l'achat d'oeuvres représentatives et durables. Cela pose du reste une fois de plus la question de savoir dans quelle mesure un musée, au sens classique du terme, doit sacrifier à chaque nouvelle expérience plastique.
Lors de son ouverture, le P.M.M.K. (Provinciaal Museum voor Moderne Kunst - Musée Provincial d'Art Moderne) présenta conjointement un aperçu de son fonds et une grande exposition rétrospective consacrée à la vie et à l'oeuvre de Constant Permeke (1886-1952), mettant à profit pour cette dernière sa propre collection, entre autres celle du musée commémoratif de Jabbeke près de Bruges, et de nombreux prêts consentis dans le pays même ou à l'étranger.
S'y ajoutaient quelques expositions mineures consacrées à l'architecte Gaston Eysselinck, à des bronzes et céramiques de Patrick van Hoeydonck (1959-1984), un artiste mort jeune sur lequel son père avait fait paraître une étude biographique, et aux oeuvres graphiques données par des artistes belges et mises en vente dans une pochette à part.
Gaby Gyselen
(Tr. J. Fermaut)