ment. Le dernier voyage du Nyborg a quelque chose de l'atmosphère sombre et mystérieuse des romans maritimes d'un Conrad, dans lesquels le navire lui-même semble accéder à une existence autonome en laquelle est scellé le sort des marins qui l'habitent. Dans Such is life in China, c'est à la masse humaine du continent jaune de jouer le rôle du destin qui écrasera les vermisseaux occidentaux venus se risquer, pour la fortune ou l'évangélisation, dans cet énorme grouillement.
Ces trois récits sont adroitement intercalés entre les deux nouvelles principales, d'un abord plus austère. Larrios et La fin du chant s'écartent en effet du réalisme, même transposé ou caricaturé, pour aborder aux rivages de la métaphysique. L'auteur s'y dépeint à la recherche de la femme idéale un instant entrevue, de l'amour qui viendrait à bout de ses contradictions propres, de soi-même enfin libéré de ses obsessions. Si les trois récits précédents ressortissent en quelque mesure à la littérature de distraction, ces deux-là parlent à chacun de nous du sens de l'univers et de l'existence, et suffisent à expliquer le succès jamais démenti de ce recueil fréquemment réédité.
Louis Fessard, Paris
Slauerhoff Jan: Ecume et cendre. Traduit du néerlandais par S. Roosenburg. Editions universitaires (Pays-Bas / Flandre), Paris, 1976.