depuis leur histoire jusqu'à la voix de leurs rédacteurs en chef ou celles de leurs journalistes.
Le succès de ces émissions, ainsi que leur haute qualité, a incité les animateurs de cette série à la continuer dans un livre. Afin d'éviter toutes imprécisions ou lacunes éventuelles, ils ont fait appel à René Campé, historien et journaliste.
Le livre volumineux qui en résulte comprend vingtdeux monographies d'entreprises de presse. Chaque monographie est constituée par un triptyque: 1. un panorama de la situation économique, financière, technique, politique et rédactionnelle, 2. une histoire de chaque quotidien, 3. une histoire politique de la Belgique, de 1879 à 1968, vue à travers la presse.
Pour donner une idée de l'extrême richesse de cet ouvrage, citons les sujets traités dans le panorama économique, financier et technique du premier volet: ‘adresse, imprimerie, lieu d'édition, soustitres ou titres régionaux éventuels, société(s) éditrice(s), propriétaires réels, liens avec d'autres entreprises ou avec des mouvements politiques ou sociaux, situation financière, tirage, diffusion, éditions régionales, tendance politique, répartition géographique des lecteurs, répartition sociologique des lecteurs, noms des directeurs et rédacteurs en chef, nombre de journalistes et de correspondants, agences de presse fournissant leurs services au quotidien, accords rédactionnels, accords publicitaires, ressources publicitaires, autres publications de la même maison d'édition ou autres activités de l'entreprise (par exemple une imprimerie pratiquant le “travail à façon”, c'est-à-dire travaillant pour des clients extérieurs), organisation de la rédaction, réactions à la concurrence de la radio et de la télévision, investissements prévus’. Et les auteurs y ajoutent: ‘Mais il a pu arriver que nous découvrions nous-mêmes des données complémentaires ou contradictoires’ (par rapport à celles qu'on a obtenues dans les réponses au questionnaire). Celles-là sont reproduites en italiques.
Dans l'histoire de chaque quotidien, ni le pittoresque ni le côté piquant ne manquent. Rien d'étonnant non plus si les auteurs qualifient cette partie de leur livre d'‘aussi précise que possible’. L'ironie n'y est pour rien. Mais il y a des situations dans l'histoire de certains quotidiens qui se prêtent mal à un résumé d'un ou deux alinéas. Ainsi on se réfère maintes fois à l'ouvrage d'Els de Bens, De Belgische dagbladpers onder Duitse censuur (La presse quotidienne en Belgique sous l'occupation allemande). Là où il s'agit du journal Het Laatste Nieuws, la citation est bien plus flatteuse pour ce journal dans Radioscopie...
Cette histoire politique de la Belgique à travers la presse est un reflet fidèle de tout ce qui a contribué à des affranchissements politiques, sociaux et culturels, mais aussi de tout ce qui relève de la plus grande étroitesse d'esprit, par exemple à l'occasion de guerres scolaires, des questions de la liberté d'incinération et autres luttes menées avec âpreté et sans scrupules. Ainsi l'histoire de la Belgique, grâce à cette traversée de sa presse, est un peu réduite à la mesure de ses protagonistes. C'est une des qualités de ce livre que la rubrique ‘Vue par les autres’ contient de quoi s'amuser. Quelles phrases révélatrices sur l'avenir, la pauvreté ou la richesse intellectuells d'un quotidien, dans ces quelques avis de lecteurs à première vue banals. Quel plaisir de savourer chaque fois les ‘Quelques notations confraternelles’, provenant de l'hebdomadaire satirique Pan. C'est d'ailleurs là qu'on trouvera les meilleurs correctifs aux histoires de quotidien - une fois en passant - un peu trop flatteuses.
Malgré la barrière de la langue, les auteurs ont réussi à présenter d'une manière approfondie et objective la presse de langue néerlandaise. Il faut conclure qu'il ne s'agit pas d'un effort ‘louable’ mais d'une parfaite réussite, d'autant plus appréciable que l'information sur la culture néerlandaise n'abonde pas en milieu francophone. On ne peut donc conseiller au lecteur francophone de guide plus sûr du monde de la presse de langue néerlandaise en Belgique que cette ‘Radioscopie de la presse belge’.
Elle permet d'ailleurs de se former une idée des caractéristiques de cette presse flamande: née du combat pour l'émancipation du peuple flamand, elle en porte toujours quelques marques avec des avantages et des défauts. Elle a éliminé complètement ses concurrents directs: les quotidiens français et conservateurs édités en Flandre. Et malgré la nouvelle crise de la presse, elle semble mieux se porter que certains journaux de langue française bruxellois, toujours concurrents, dont l'exemple le plus frappant est celui de l'Echo de la Bourse avec un quart de son tirage vendu en Flandre. Le potentiel intellectuel flamand n'est donc toujours pas complètement valorisé.
Ce livre a-t-il pu combler toutes les lacunes? Evidemment pas toutes. Pour connaître la mise en page, les qualités et le ton de différents rédacteurs, l'éventail des différents sujets traités, de la vie culturelle aux faits divers, il faut lire le quotidien en question. ‘Radioscopie de la presse belge’ ne prétend pas remplacer cette lecture, mais