période qui intriguent toujours l'observateur et l'historien, entre autres celui des raisons pour lesquelles le Mouvement flamand manqué son rendez-vous avec le mouvement ouvrier et vice versa. Et il explique l'apport d'idées nouvelles (par Lodewijk de Raet) ainsi que l'effritement du loyalisme belge à la fin de cette période.
C'est ce qui se manifeste, dans l'activisme et le mouvement frontiste, pendant la première guerre mondiale, par lesquels l'auteur entame la seconde partie, Perspectives nouvelles, De 1914 aux environs de 1950. Il décrit le rapport des forces entre les différents partis, - parmi lesquels le parti exclusivement flamand, le parti frontiste, - la genèse des lois linguistiques ainsi que les nouveaux objectifs, tels que l'autonomie culturelle.
On remarquera que ce n'est pas la fin de la deuxième guerre mondiale qui marque une nouvelle étape. C'est l'occasion pour l'auteur de traiter, brièvement et dans un seul chapitre, de la manière dont le mouvement VNV, héritier du parti frontiste, a été entraîné dans une direction totalitaire et, durant la guerre, dans une collaboration politique et administrative, collaboration suivie d'une répression inhumaine et antiflamande hors de toute mesure. Pourtant, le phénomène de la collaboration s'était également manifesté parmi les Bruxellois francophones et en Wallonie. C'est l'occasion aussi de décrire la première amorce de l'essor économique flamand en même temps que ses faiblesses et ses limites.
Le troisième chapitre, Valorisation en profondeur, Les 25 dernières années, débute par le problème bruxellois et les lois linguistiques du gouvernement Lefèvre-Spaak (1961-1965), passe par l'essor économique de la Flandre et les relations Flandre-Wallonie, pour en arriver à la révision de la constitution et au problème bruxellois tel qu'il se pose actuellement.
Voilà la deuxième fois que le Conseil Culturel Flamand édite une brochure sur le mouvement flamand, et destinée au public francophone. Le Mouvement flamand (1965), de Maurits van Haegendoren était davantage axé sur les problèmes actuels. Dans la brochure de Maurits de Vroede, oeuvre avant tout d'un historien, le projet de l'auteur est surtout d'expliquer ce qui s'est passé. Cette brochure-ci égale les qualités de celle d'il y a dix ans.
L'historien M. de Vroede, tout en constatant que le mouvement flamand n'est pas encore devenu superflu, ne s'est pas risqué, dans sa conclusion, à des esquisses concrètes d'objectifs plus lointains du mouvement. On peut le déplorer, mais on ne peut nier le droit de l'historien de refuser le rôle d'idéologue ou d'homme politique. On pourrait citer quelques petits points faibles. Quelle équivoque, par exemple, pour le lecteur français, dans la phrase ‘...mais au 1er septembre 1971, les francophones obtiendraient la liberté linguistique complète qu'ils réclamaient en matière d'enseignement’ (p. 93; il s'agit des francophones de l'agglomération bruxelloise). Il aurait fallu ajouter ‘...pour ces Flamands contraints ou disposés à la francisation de leur famille’.
Tout cela n'amoindrit point la grande valeur documentaire de ce petit livre qui excelle par l'objectivité et la clarté de l'exposé.
Erik Vandewalle
Maurits de Vroede, Le Mouvement Flamand en Belgique, 101 pages, 1975, éditeur: Kultuurraad voor Vlaanderen (Conseil Culturel Flamand), J. van Rijswijcklaan 28, B-2000 Antwerpen, ccp 000-0141929-18, prix: 130 FB.