Le peintre Fred Klein.
Quand on pense au caractère de la peinture hollandaise, on est peut-être tenté de l'identifier avec un sérieux solide et un profond tragique, sous l'influence d'un Rembrandt ou d'un Van Gogh; ou avec une cérébralité très poussée, sous l'influence d'un Mondriaan. C'est trop oublier l'élément ludique dans le caractère néerlandais, qui contrebalance parfaitement ce penchant vers le rationnel et l'extrême sérieux, mais n'est certes pas universellement connu. (Le lecteur plus ou moins initié se souviendra ici des bicyclettes blanches des Kabouters d'Amsterdam, ou pensera à la poésie joueuse et apparemment insouciante de Leo Vroman, Pierre Kemp ou Cees Buddingh.)
La peinture de Fred Klein est une autre manifestation de cet aspect du caractère néerlandais. Grâce à la monographie que M. Sadi de Gorter a publiée dans la nouvelle collection ‘Peintres, nos amis’, il nous est permis de nous faire une idée fondée de l'oeuvre de Klein, qui est né en 1898 à Bandoung (Java), mais a passé sa jeunesse aux Pays-Bas et le reste de sa vie en France.
Outre l'introduction poétique de M. de Gorter, la monographie contient quarante planches, dont vingt-neuf en couleurs, et chaque planche est accompagnée d'une citation; toutes ces citations, empruntées à des auteurs français, belges et néerlandais, sont autant de témoignages de l'originalité, de la féerie, du raffinement, du ‘bonheur artistique’ de Klein. ‘Nous saluons la légèreté de son violon auprès du choeur des sons profonds de l'orgue et des graves trompettes hollandaises’, écrivait le poète Jan Engelman en 1935.
Presque quarante ans plus tard, Sadi de Gorter pourra conclure son introduction par des phrases
Chevaux dans un paysage de Fred Klein (pastel, collection J.A. van Driesum).
d'une même teneur: ‘Du printemps de sa vie d'artiste à l'automne de sa carrière de peintre, Fred Klein n'aura connu en peinture que la joie voluptueuse des saisons. Sa vie tout court n'a pas été à l'image de celle de son oeuvre: elle fut rude parfois, saccagée par le destin, mais basée aussi sur l'amitié et la passion. Or, l'oeuvre de Fred Klein n'a jamais perdu le pur reflet d'humanité et de rêve qui le baigne de bout en bout’.
Jan Deloof.
Klein, par Sadi de Gorter. Collection ‘Peintres, nos amis’ aux éditions Arts Graphiques d'Aquitaine, Libourne. 1972 - 129 p.